Rwanda, la complicité de la France.

Un ancien sous-officier de l’armée française affirme dans un entretien à France-culture que des militaires français ont formé en 1992 les miliciens rwandais  » Interahamwe  » qui ont joué un rôle-clef dans le génocide de 1994 où ont péri 800.000 personnes. Thierry Prungnaud, 49 ans, actuellement à la retraite, déclare dans ce entretien diffusé vendredi avoir vu les militaires français former des
 » Interahamwe  » près de la frontière tanzanienne, dans un endroit interdit aux touristes.  » J’ai vu des militaires français former des civils miliciens rwandais en 1992 au tir. (…) Il y avait une trentaine de miliciens formés au tir dans le parc de l’Akagera, un endroit interdit, piégé, interdit aux touristes et aux militaires ( rwandais ) « , a-t-il dit sur France culture.

 » Je suis formel , catégorique, je les ai vus. C’étaient des civils car les militaires sont tous en treillis. Moi je l’affirme, ce sont des militaires français qui ont formé des miliciens rwandais. Je pense que cela s’est prolongé jusqu’en 1994 « , a-t-il ajouté. Il pense que les militaires français en question appartenaient au 1er R.P.I.M.A., l’infanterie de marine.

Ce témoignage contredit la version officielle des autorités françaises, qui ont toujours reconnu avoir soutenu le régime en place avant le génocide et ses forces armées officielles mais a nié tout rôle dans la formation des milices.

Le témoin était adjudant-chef au G.I.G.N., l’unité d’élite de la gendarmerie et il dit avoir participé à l’assaut contre un commando islamiste qui avait détourné un Airbus d’Air France à Marseille en décembre 1994. Au Rwanda en 1992 puis en 1994, le témoin dit avoir été formateur de la garde présidentielle rwandaise.
Son témoignage intervient deux mois après le dépôt d’une plainte à Paris par six survivants du génocide pour  » complicité de génocide et complicité de crimes contre l’humanité « .

Les plaignants, cinq hommes et une femme, accusent des soldats français engagés dans l’opération Turquoise, menée entre juin et août 1994 au Rwanda sous mandat de l’Onu, d’avoir aidé les responsables du génocide à débusquer leurs victimes et d’avoir commis eux-mêmes des crimes.

Huit cent mille Tutsis et Hutus modérés ont été massacrés d’avril à juin 1994 au Rwanda par les milices et les militaires d’un régime que soutenait Paris.

Depuis 1994, la France a été mise en cause pour son soutien au régime responsable du génocide par des ONG. Une mission d’information du Parlement français a conclu en 1998 que la France avait bien sous-estimé la nature criminelle du régime rwandais mais n’avait eu aucun rôle dans le génocide, alors qu’un rapport de l’ONU de novembre 1998 indiquait, chiffres et documents à l’appui, que « les livraisons d’armes par intermédiaires français se sont poursuivies au moins jusqu’au 3 mai 1994, soit quasiment un mois après le début du génocide ».

Faut-il vous rappeler que pour le génocide rwandais, le gouvernement de tueurs a été constitué dans les locaux mêmes de l’Ambassade de France à Kigali sous la supervision de l’ambassadeur Jean-Michel Marlaud !
( source : Colette Breackman, Histoire d’un génocide, Fayard, Paris, 1994 et Boubacar Boris Diop, Négrophobie, Les arènes, 2005 ; PS : à ne pas confondre avec le livre intitulé ‘ Négrologie ‘ de Stephen Smith )

« Fin mai 1995, Human Rights Watch ( H.R.W. ) publie un rapport qui est une vraie bombe pour la crédibilité de la France… Issue de quatre mois d’enquête, le rapport de mai 1995 montre que la France a armé massivement le camp du génocide pendant et après sa perpétration, qu’elle a organisé la fuite de ses concepteurs et propagandistes, favorisé, au Zaïre et en Centrafrique, la reconstruction et l’entraînement d’une armée de 50 000 hommes projetant d’achever ‘ Le travail ‘ »
( François-Xavier Verschave, ‘ Négrophobie ‘, Les arènes, 2005 )