Relations entre les Nations d’Afrique noire et d’Asie.

Contrairement aux idées répandues par beaucoup d’intellectuels occidentaux ( Hegel, Renan… ), l’Afrique Noire n’a pas attendu l’arrivée des Européens pour échanger avec le Monde.

Un regard dans notre passé nous en dit long sur les relations avec l’Asie, ( Chine, Inde… ).

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Durant l’antiquité, en Egypte ancienne Négro-Africaine, Kemet, les relations avec le monde Hindou Dravidien sont continus :

( Visages negroïdes, Angkor Vat. )

la cannelle étant utilisée pour l’embaumement des morts, était achetée en Inde (1).

Willeke Wendrich, assistant professeur à U.C.L.A. ( University of California, Los Angeles ) confirme que les échanges entre l’Inde et l’Afrique ont été prolifique jusqu’à l’époque où Kemet fut sous domination romaine. (2).[page]

Nous voyons bien que les relations ( commerce, métissage de population… ) Hindou-Africaines ne datent pas de l’arrivée des Hindous aux Antilles vers 1850 !!!

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Au pays des Baswahili ( Peuple Bantu du Sud Ethiopien à l’Est Africain jusqu’à la Tanzanie actuelle y compris les archipels de Pemba, Zanzibar… ) , dès 3ème siècle avant JC jusque vers 15ème siècle, les relations avec l’Empire Chinois sont attestés différemment (3) :

( Peinture de Yan Liben, 600-673 )

• la littérature chinoise mentionne des relations commerciales avec l’Afrique Noire à l’époque de la dynastie des Han ( entre 220 avant J.C. et 206 avant J.C. )

• le don d’un rhinocéros à l’empereur chinois Empereur P’ing ( 6ème siècle de notre ère ) par un ambassadeur Swahili.

• vers 1225, des documents chinois atteste de la rencontre de l’envoyé de l’empereur, Chu-fan-chi ave Baswahilis.

• En 1414, don d’une girafe à l’Empereur Chinois qu’un artiste chinois a peint sur toile. (4).

Par ailleurs, dans les Carnets de Bord du Navigateur portugais Vasco de Gama, vers le 15ème siècle, il est noté que l’expédition vers l’Inde du Sud fut conduite par un capitaine Baswahili ; la destination était le port d’une ville chère à de nombreux Antillais : Kalikata dite Calcutta. (3).[page]

( Ruines de la forteresse de Mwene Mutapa, Zimbabwe. )

Plus au Sud, dans les ruines de la Forteresse de pierre de l’empire de Mwene Mutapa ( au Zimbabwe actuel ) entre le 13ème et 15ème siècle de notre ère, de la faïence chinoise et des tissus perses et hindous ont été retrouvés.

( Grand roi du Mwene Mutapa )[page] Les premiers Européens du 18ème siècle ont à tout prix, essayer de nier la création de cet état africain aux Nègres Bantous, ils voulurent l’attribuer encore à un « Blanc Mythique » bien que la réalité scientifique dise autrement ! (5), (6), et (7).

Enfin vers 1000 de notre ère, le royaume Sud-Africain de Mapungubwe, grand producteur d’or ( le rhinocéros en or en est l’emblème ) des vestiges asiatiques ( porcelaine… )

ainsi que des reliquats hindous, perses et des pièces datant de l’Egypte Gréco-Romaine ont été retrouvés par des chercheurs de l’Université de Pretoria. (8)

Grâce à ces relations Négro-Africaines et Asiatiques, vers le 15ème siècle, une carte de l’Afrique fut élaboré par l’amiral chinois Chang Ho, carte nommée  » Da Ming Hun Yi  » signifiant carte amalgamée de l’empire Ming très précieusement conservée par le Japon à Ryukoku University, Kyoto (9).

Un exemplaire a été récemment remis au Président Sud-Africain Thabo Mbeki. ( Lire son discours très édifiant au cours de sa visite au Japon ) (10).[page]

Sur cette carte, on voit bien le Nil, le lac Tanganyika, le fleuve Zambèze…

preuve que ces échanges afro-asiatiques ont été profonds.

En guise de conclusion, nous devons concevoir comme le dit Aboubakry Moussa Lam (11), pour quelles raisons « les forces productives ( nègres ) ne connaissent l’émergence d’organisations socio-politiques significatives qu’avec l’effondrement de la civilisation pharaonique. »

Les vagues de migrations des populations égypto-nubiennes à travers l’Afrique en sont en grande partie responsable.

Notons aussi que les échanges afro-asiatiques n’ont pas eu d’échos sanglant comme les rencontres afro-européenne… Ceci soulève une question : A qui fera-t-on croire que des Nègres des sociétés africaines aussi organisées et aient pu vendre les leurs simplement pour de la pacotille ?

A la lumière de ces faits, nous ne pouvons que constater la véracité des propos de Cheikh Anta Diop à la conférence de Niamey ( Niger ) en 1984 (12) :

« Formez-vous, armez-vous de sciences jusqu’aux dents (…) et arrachez votre patrimoine culturel. Ou alors traînez-moi dans la boue, si quand vous arrivez à cette connaissance directe vous découvrez que mes arguments sont inconsistants… ».

Si nous, Kamites ( Africains ), ne nous reconnaissons pas en tant qu’Homme, issu de l’Afrique berceau de l’humanité et de la civilisation, qui nous reconnaîtra ?

Si nous nous cantonnons à la colonisation et l’esclavage comme base historique, comment ne pas avoir un fonctionnement autre que celui
d’esclave ?[page]

( Caractère négroïde des habitants de la Chine. )

Chaque peuple élabore sa vision du monde en fonction de ses repères ; il est impératif que les Africains du continent et de la diaspora aient leur propre vision kémétique du monde, ce paradigme afrocentrique impératif à notre renaissance comme le démontre Ama Mazama (13).

Sources :

(1) Histoire générale de l’Afrique de l’Unesco, Volume 1, L’Afrique Ancienne.
(2) https://www.quora.com/Did-Ancient-Egypt-trade-with-Ancient-India-via-the-Red-Sea-route
(3) Basil Davidson « African civilization revisited » ; 1991, African World Press Edition page 128-141 – page 154 – 155.
(4) Joseph Ki-Zerbo « Histoire de l’Afrique Noire », Hatier 1978. page 191.
(5) « Pour la Science » janvier 1998
(6) Voir l’article Racisme archéologique de Jean-Philippe Omotunde.
(7) Cheik Anta Diop « Nations Nègres et cultures » présence africaine 1956, chapitre 3
(8) Voir les sites web de l’Université de Pretoria ( Afrique du Sud ) consacré à Mapungubwe.
(9) Site de la télévision anglaise BBC http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/2446907.stm
(10) http://www.unu.edu/africa/mbeki/oct2001.html visitée le 29/04/03
(11) Aboubakry Moussa Lam « De l’origine égyptienne des Peules », éditions Présence Africaine/Khepera 1997 page 131.[page]

(12) Cheikh Anta Diop, Conférence de Niamey au Niger en 1984, disponible en format audio sur www.ankhonline.com
(13) Ama Mazama « l’impératif afrocentrique » éditions Menaibuc 2003.

Mounza Shabaka