Le coup d’Etat malien apparaît pour le moment comme le plus stupide au plan de la facilitation d’une alternance républicaine puisqu’il suffisait, le 22 mars 2012, date du putsch à Bamako, d’attendre quatre semaines pour permettre aux peuples maliens de s’exprimer dans les urnes.
Déjà 3 morts, 40 blessés et des déplacés ! Les militaires putschistes sont donc des antidémocrates s’ils persistent à empêcher les institutions de fonctionner. Lorsqu’Alassane Ouattara, celui qui dirige actuellement la Côte d’Ivoire et la C.E.D.E.A.O. ( Communauté économique et de développement des Etats de l’Afrique de l’Ouest ) et parlant au nom des chefs d’Etat de la zone, affirme que les dirigeants n’accepteront pas la « mise en place d’un Gouvernement militaire au Mali », il est un peu en retard.
La CEDEAO ne dit pas ce qu’elle veut exactement d’ailleurs. Même au Togo, les militaires ne sont plus intéressés de rester au pouvoir. Ils s’arrangent pour trouver des civils qui se soumettent à leurs desiderata, y compris la corruption et la mauvaise gouvernance. Par ailleurs, les militaires maliens petits-gradés ( il y a huit Généraux ) ne touchent pas 40 000 FCFA par mois ( 60 Euros ) comme ceux qui composent le Comité national pour le Redressement de la Démocratie et la restauration de l’Etat
( C.N.R.D.R. ) dirigé par le Chef de la junte, le capitaine Amadou Haya Sanogo, 39 ans, avec comme bagage intellectuel un CAP de maintenance et des stages aux Etats-Unis qui lui ont permis d’apprendre l’anglais. Mais où sont ces haut-gradés ? Et Alpha Omar Konaré ? A.T.T. a d’abord commis une erreur stratégique en croyant que son système d’organisation et de maintenance du « consensus mou » comme un moyen d’éviter d’attaquer l’a conduit à faire du sur place en faisant confiance à des forces occidentales qui l’ont trahi. Sur la base des promesses de certains pays occidentaux, ATT aurait promis des armes aux militaires maliens mais n’a pas pu tenir sa promesse. Comme résultat, une humiliation régulière des petits soldats maliens !
Les 70 militaires tués lâchement au camp d’Aguelhok le 24 janvier 2012 avec les photos de leurs corps découpés et circulés sur l’Internet… ont provoqué la colère. Les « petits-militaires » sont mal-payés, ne profitent pas de l’Etat mafieux qui sévit au Nord contrairement aux « haut-gradés militaires ». Il existe une grande frustration des soldats dans le fait qu’ils étaient dirigés par un général « touareg » alors que ATT a laissé plus de 2000 combattants touaregs surarmés servant le Colonel Kadhafi auparavant, entrer au Mali sans les désarmer.
Pourtant Niger, Mauritanie, Algérie ont imposé le désarmement avant de laisser les réfugiés pénétrer leur territoire. La responsabilité de la France ne peut être évacuée car attaquer la Libye, c’est déstabiliser les pays faibles en termes de sécurité dans la sous-région du Sahel. Ne pas aider ATT et le Mali relève d’une stratégie égoïste consistant à céder sur les conditions d’Al Qaïda et des Rebelles Touaregs qui peuvent, peut-être contribuer au retour des otages français et traiter directement avec la France dans le futur que de continuer à faire partie d’un consensus mou. La junte est claire sur ses[page]
intentions. Pas d’élections présidentielle le 29 avril 2012 comme prévue.
Mais ATT avait rajouté un référendum dont les termes ne semblaient pas convenir à une large majorité de la population.
Alors, ATT cherche-t-il en fait à rester au-delà de son terme en laissant fomenter ce coup, tout en espérant que la CEDEAO, l’UA et la communauté internationale le remettront en selle ? Des questions sans réponses, ce d’autant que ATT est libre de ses mouvements à Bamako. Drôle de coup d’Etat. Mais la question reste entière.
Quand est-ce que la Constitution pourra reprendre ses droits ? Faut-il laisser le Président de l’Assemblée nationale assurer l’intérim et organiser les élections où le peuple malien pourra de nouveau décider de son avenir ? En attendant, la rébellion au Nord, avec des connivences avec les terroristes AQMI plus mafieux et kidnappeurs que fondamentalistes islamistes, semble continuer à préparer le monde à une partition du Mali : le Haut-Mali et le Bas-Mali.
Les Occidentaux choisiront là où il y a leurs otages, le pétrole, l’uranium, l’or et là où il y a moins de résistance en termes de population sédentarisée. On utilise les problèmes entre les Africains pour mieux accéder à terme aux matières premières. Le spectre du Sud-Soudan ou de l’Erythrée pourrait s’appliquer au pays « Azawad ».