Les plus vieux tessons de céramique d’Afrique noire, ont été retrouvés au Mali.

Des chercheurs en Archéologie de l’Université de Genève ( Suisse ) mettent en évidence le génie précoce africain. Le compte rendue, par eux-mêmes, de leurs recherches…

Dans la rubrique consacrée à la Science du Journal Tribune de Genève du 13-14 novembre 2004, un article fait la une ! « Des Genevois écrivent 100 000 ans d’histoire » « Archéologie. Les plus vieux tessons de céramique d’Afrique noire ont été retrouvés au Mali. » Signé de Anne-Muriel Brouet.

Qu’est-ce qu’un archéologue peut trouver au Pays dogon, cette terre malienne labourée par des générations de scientifiques et ensemencée par des hordes de touristes ? Les trésors débusqués par l’équipe internationale et interdisciplinaire, dirigée par Eric Huysecom, chercheur à l’Université Genève, se trouvent en couverture du dernier numéro d’ Archéologie Suisse . Ils font également l’objet d’un article du dernier numéro d’ Antiquity, un des journaux de référence en matière d’archéologie.[page]

« Quand j’ai commencé mes recherches, au début des années 90, l’histoire du Pays dogon n’était pas écrite au-delà de la préhistoire », raconte Eric Huysecom.

Dix ans plus tard, l’équipe a mis au jour 100 000 ans de bouleversements géographiques, géologiques, climatiques et humains dans cette zone protégée par son statut de patrimoine mondiale naturel et culturel de l’Unesco. Elle a révélé surtout les plus anciennes céramiques connues en Afrique subsaharienne, datée du VIIIe millénaire avant J.-C.

Tout commence en 1988. Le géologue vaudois Marcel Burri est en vacances dans la région lorsqu’il trouve une pointe de flèche. Examinée par Eric Huysecom, la trouvaille évoque indiscutablement une occupation qui remonte bien au-delà de celle connue des II-IIIe siècles avant J.-C.

Il fallait résoudre cette énigme. Les recherches débouchent sur la découverte d’une centaine de sites archéologiques sur le plateau de Bandiagara, à Ounjougou, étalés sur environ 10 km2. En 1997, un programme de recherche international, placé sous les auspices des commissions malienne et suisse de l’Unesco, regroupe onze universités.

Gisement d’Ounjougou.

I) – Peuplements successifs…

L’équipe interdisciplinaire fait remonter les premières traces de peuplement de la région de 125 000 à 100 000 ans. Les vestiges d’une industrie lithique ( petits galets taillés et éclats notamment ) ont été retrouvés. On les sait antérieurs à 63 000 ans, mais leur datation n’a pas pu être confirmée. En revanche, entre 80 000 et 23 000, les indices de peuplement paléolithique se multiplient.[page]

Durant cette période, relativement froide et aride ( sauf entre 28 000 et 22 000 ) , les hommes occupent la région à de multiples reprises. Le moteur et l’origine de ces peuplements successifs sont encore à l’étude.

Arrivé au début de l’Holocène, le gisement d’Ounjougou parle davantage. Le nord de l’Équateur connaît un climat tropical et une végétation luxuriante. L’Afrique de l’Ouest subsaharienne semble une vaste plaine de graminées, parcourue de petits gibiers. C’est de cette époque que datent les tessons de céramique retrouvés…

II) – Désertification végétales et humaine…

Après un hiatus d’information de deux mille ans, aux Ve et VIe millénaires, le paysage commence à se clairsemer, les savanes alternent avec les forêts claires. Les populations établissent un atelier de taille à Ounjougou.
L’occupation semble s’intensifier vers le IIIe millénaire avant J.-C. Les vestiges archéologiques montrent la présence de nouveaux ensembles culturels à affinités sahariennes. Avec l’avènement de la période aride actuelle, des migrations de grande ampleur commencent depuis le Sahara vers le sud.

Au deuxième millénaire avant J.-C., le paysage devient encore plus aride, la mouture des graminées s’intensifie, la céramique témoigne de la prédominance d’une culture sahélienne de plus en plus éloignée des influences sahariennes.

L’agriculture du mil et l’élevage deviennent dominants.

La préhistoire est terminée. Ce n’est qu’entre 1230 et 1430 après J.-C. qu’arriveront les premiers Dogons.

[page]

L’équipe interdisciplinaire ne compte pas s’arrêter là…

Note :

Nous savons que des tessons céramiques ont été trouvés dans une couche datée du Xe millénaire avant J.-C. Aux vues du riche passé humain et archéologique de l’Afrique, rien ne permet de douter que l’Afrique possède les plus vielles céramiques du monde, plus anciennes que celles du Japon.