Le dogme eurocentriste de l’origine grecque de la philosophie
La plupart des manuels occidentaux font du « nombrilisme » historiographique : nous et nous seuls ! Toute idée de collaboration internationale ou de diffusion de savoir entre peuples à l’époque antique est abordée en filigrane et pas question de développer cet aspect de l’histoire de l’humanité. Alors à ce petit jeu pervers, voilà le berceau originel de la pensée philosophique mondiale arbitrairement greffé en Europe. La Grèce serait donc l’épicentre de cette « nouvelle » dynamique intellectuelle vers une période historique s’étalant entre le VIe et le Ve siècle avant J-C. Certains historiens n’hésitent d’ailleurs pas à y voir un avènement de la raison dans le monde, voire une invention européenne de la raison et plus globalement, de la pensée. De fait, la définition même de la philosophie s’en trouve profondément erronée et malheureusement appauvrie…
En guise d’exemples, prenons quelques déclarations tirées de divers ouvrages. Ainsi, emporté par son élan eurocentriste, l’historien de la philosophie François Châtelet déclare ceci
[Cf. Une histoire de la raison, Entretiens avec Emile Noël, Paris, Seuil, 1992, p. 17] :
« Je crois qu’on peut parler d’une invention de la raison. Et pour comprendre comment la philosophie a pu surgir comme genre culturel nouveau, je choisirai de me référer à une situation privilégiée : la Grèce classique. Ce n’est pas que je crois que toute philosophie soit grecque. Mais il est clair que la Grèce a connu, pour des raisons contingentes, historiques, des événements tels que des hommes ont pu faire apparaître ce genre original qui n’avait pas d’équivalent à l’époque ».[page]
Ainsi, la philosophie serait encore selon Hegel, mais aussi Heidegger, une invention spécifiquement et proprement européenne (sic).
A ce titre, dans une conférence célèbre faite à Cérisy-la-Salle ( Normandie ) en Août 1955 sur le thème
« Qu’est-ce que la philosophie ? », le philosophe allemand Martin Heidegger ( 1889-1976 ) a donné la définition suivante :
« Le mot philosophia nous dit que la philosophie est quelque chose qui, d’abord et avant tout, détermine l’existence du monde.
Il y a plus :
la philosophia détermine aussi en son fond le cours le plus intérieur de notre histoire occidentale-européenne. La locution rebattue de » philosophie occidentale-européenne » est en vérité une tautologie.
Pourquoi ?
Parce que la » philosophie » est grecque dans son être même ; grec veut dire ici :
la philosophie est dans son être originel, de telle nature que c’est d’abord le monde grec et seulement lui qu’elle a saisi en le réclamant pour se déployer… La philosophie est grecque dans son être propre ne dit rien d’autre que :
l’Occident et l’Europe sont, et eux seuls sont, dans ce qu’a de plus intérieur leur marche historique, originellement » philosophiques « .
C’est ce qu’attestent la naissance et la domination des sciences. C’est parce qu’elles prennent source dans ce qu’a de plus intérieur la marche historique de l’Occident européen, entendons le cheminement philosophique, c’est pour cela qu’elles sont aujourd’hui en état de donner à l’histoire de l’homme sur toute la terre l’empreinte spécifique. […] La langue grecque n’est pas simplement une langue comme les langues européennes en ce qu’elles ont de bien connu.
La langue grecque, et elle seule, est logos » M. Heidegger,
[Qu’est-ce que la philosophie ? in Questions II, p. 321 et p. 326, Tel Gallimard].[page]
( Hegel )
Pour le philosophe africain Yoporeka Somet ( voir sa brillante analyse sur les origines égyptiennes de la philosophie, dans la célèbre revue ‘ Ankh ‘ ), ce que veut dire ici Heidegger au sujet de la langue grecque, c’est qu’elle est la seule parmi les langues européennes et à plus forte raison parmi les langues du monde à pouvoir exprimer adéquatement la rationalité.
D’où son fameux jeu de mot entre « logos » ( raison ) et « legein » ( recueillir ) : la langue grecque serait le réceptacle de la raison !
Ceci autorise François Châtelet à écrire, tout naturellement et donc sans avoir à s’expliquer, que :
« la philosophie parle grec. On a eu raison de le redire après Heidegger ».
C’est par ce type de pétition de principe, Le dictionnaire Larousse définit la pétition de principe comme « un raisonnement vicieux consistant à tenir pour vrai ce qui fait l’objet même de la démonstration », au racisme à peine voilée, que commence le premier chapitre du premier volume de sa monumentale histoire de la philosophie, publiée en 8 volumes chez Hachette ![page]
En 1921, Sir Thomas Heath publiait un classique intitulé » L’histoire des mathématiques grecques » dans lequel il lançait :
« De plus en plus d’efforts sont entrepris pour établir une juste appréciation et une claire compréhension des dons que les Grecs ont faits à l’humanité. Ils n’ont pas seulement été des précurseurs.
Ce qu’ils ont entrepris, ils l’ont porté au sommet de la perfection et n’ont en cela jamais été surpassés. De toutes les manifestations du génie grec, aucune n’est plus impressionnante ou n’impose d’avantage le respect que celle que nous révèle l’histoire des mathématiques (…) Les Grecs, plus que tout autre peuple de l’Antiquité, possédait l’amour de la connaissance pour la connaissance ; chez eux il se ramenait à un instinct, une passion. Les Grecs étaient une race de penseurs ».
Les Grecs étaient une « race de penseurs », quelle blague !
Ils n’ont cessé de pourchasser voir même tuer leurs propres penseurs. Ainsi, les anciens révèlent que c’est à Thalès que l’on doit le mot » philosophie « . En effet, Thalès à qui les Grecs disaient qu’il était un
» Sophos » ( sage ) répondit qu’il était plutôt un » Philo » ( ami ) » Sophos » ( de la sagesse ).
Le philosophe grec est donc en principe, un » ami de la sagesse « . Vu les monstrueuses déclarations de Platon et d’ Aristote sur l’esclavage, nous nous permettons d’en douter !
La volonté manifeste de mentir.
Toutes ces déclarations visant à démontrer l’origine exclusivement européenne de la philosophie, seraient valables, si et seulement si, les Grecs anciens ( Hérodote, Strabon, Platon, Diodore de Sicile, Jamblique, Plutarque, Hécatée d’Abdère, etc… ), dans leur testament historique sur les origines de leur savoir, avaient confirmé cette origine européenne.
Or il n’en est rien !
On peut alors objectivement se demander, quelle est la nature du complexe ou de la volonté de puissance qui pousse 99 % des historiens occidentaux à travestir les faits, lorsqu’ils abordent les origines de la philosophie. C’est à dire, quelle est l’idée cachée qui les poussent à écrire des choses qui ne sont absolument pas conformes aux déclarations de leurs propres ancêtres, car une telle chose demeure tout simplement exceptionnelle dans l’histoire de l’humanité ![page]
Voyons ensemble quelques déclarations léguées par les Grecs. Le propre disciple de Pythagore
( 580 – 500 avant J. C. environ ), à savoir Jamblique, raconte dans la biographie qu’il consacre à son maître que ce dernier ayant entendu parler du mathématicien et philosophe phénicien Thalès de Milet
( 640 – 547 avant J. C. environ ) décide d’aller le rencontrer pour lui proposer de devenir son disciple.
Lors de leur rencontre relatée par Jamblique, Thalès lui apprend que tout ce qu’il sait, il le doit aux prêtres noirs de l’Egypte et l’invite à y aller sur le champ, s’il veut un jour devenir comme lui un
» philosophos «
Cf. Vie de Pythagore, éd. Les belles lettres, 1996]
« C’est ainsi que Thalès l’accueillit avec joie et ayant admiré sa supériorité par rapport aux autres jeunes gens, ayant reconnu qu’elle était plus grande et dépassait même la réputation qui l’avait précédé, il lui donna part à toutes les connaissances dont il disposait et invoquant sa propre vieillesse et sa faiblesse, il l’exhorta à cingler vers l’Egypte et à aller rencontrer tout particulièrement les prêtres de Memphis et Diospolis, c’est d’eux en effet, que lui aussi disait-il, avait acquis le bagage qui lui avait valu auprès du vulgaire le nom de sage (…) C’est pourquoi il se rendit auprès de tous les prêtres, s’instruisant auprès de chacun d’entre eux sur tout ce en quoi chacun d’eux était sage.
Il passa ainsi 22 ans en Egypte dans le secret des temples à s’adonner à l’astronomie et à la géométrie et à se faire initier non pas superficiellement ni n’importe comment, à tous les mystères des dieux (…) Pythagore acquit en Egypte la science pour laquelle on le considère en général comme savant ». « C’est d’eux en effet, que lui aussi disait-il, avait acquis le bagage qui lui avait valu auprès du vulgaire le nom de sage, ( sophos )… »
Bref, Pythagore, Jamblique et Thalès reconnaissent ici ouvertement que la philosophie, loin d’être européenne, à pour essence l’Afrique et plus particulièrement, l’Egypte.
Ce fait était reconnu par tous les Grecs, tel l’orateur athénien Isocrate ( 436 – 338 avant J. C. ), qui nous apprend que [gras]la philosophie vient effectivement de l’Egypte et a été introduite en Grèce par Pythagore . Pour lui, même le nom » philosophie » vient d’Egypte. Ainsi sur Pythagore il écrivit
[Cf. Busiris] :
« Pythagore de Samos, venu en Egypte et s’étant fait le disciple des gens de là-bas, fut le premier à rapporter en Grèce toute philosophie ».[page]
Venons-en à Thalès…
Ce dernier qui faisait partie des 7 Sages de la Grèce est aussi mentionné par Platon qui confirme son initiation égyptienne à la philosophie
[Cf. République, X, 600 a. Scolie] :
« Thalès, fils d’Examyas, de Milet, Phénicien d’après Hérodote. Il porta le premier le nom de Sage (…) Il reçut en Egypte l’éducation des prêtres ».
L’écrivain grec Diogène Laërce ( 300 après J. C. ) nous confirme encore que les connaissances de Thalès en matière d’astronomie, de philosophie et de géométrie lui viennent encore d’Egypte :
« Il ( Thalès de Milet ) n’eut point de maître, excepté le fait que lors de son séjour en Egypte, il vécut auprès des prêtres ».
[Cf. Diogène Laërce, Vies, Thalès].
Et pour prouver qu’à l’unanimité, les Grecs désignaient le continent africain comme lieu d’émergence de la pensée, Plutarque ( 50 – 125 après J. C. ) dans son ouvrage » Traité sur Isis et Osiris « , dédié aux deux principales divinités égyptiennes, prend à témoin tous les sages de la Grèce :
» C’est ce qu’attestent unanimement les plus sages d’entre les Grecs, Solon, Thalès, Platon, Eudoxe, Pythagore et suivant quelques-uns, Lycurgue lui-même, qui voyagèrent en Egypte et y conférèrent avec les prêtres du pays. On dit qu’ Eudoxe fut instruit par Conuphis de Memphis, Solon par Sonchis de saïs, Pythagore par Enuphis l’Héliopolitain » .
Il est donc consternant de voir qu’aujourd’hui, l’information historique distillée dans les manuels à propos de l’histoire de l’humanité, reste encore fortement emprunte de romantisme historique, de fables voir d’idées n’ayant rien à envier à l’idéologie coloniale véhiculée par le modèle d’approche historique eurocentrique dit » Modèle Aryen » qui veut arbitrairement que seules les expériences humaines européennes soient frappées du sceau de l’universalité.
Telle est la dérive philosophique du monde occidental aujourd’hui.[page]
( Aristote et Platon )
Quel était donc le statut du sage ou du philosophe Africain de la période pharaonique ?
Les Grecs ont clairement avoué que leurs maîtres en matière de philosophie étaient les prêtres Kamits de l’Egypte ancienne. Nous disons « kamits » parce qu’ils les ont décris comme tels :
« Ils ont la peau noire, les cheveux crépus » et descendent des Ethiopiens installés dans le sud du pays. En Grèce, Thalès a définit le philosophe comme étant un » ami de la sagesse « . Mais cette déclaration est incomplète, vide de sens et sans saveur.
Pourquoi ?
Pour le comprendre, il faut d’abord percer le mystère de la sagesse égyptienne.
Selon une définition proposée par l’égyptologue africain Mubabinge Bilolo, « du point de vue africain, la philosophie est » mrwt-n-maât » c’est-à dire » l’amour de la vérité » » ; vérité prise au sens de ce qui est vrai, de la connaissance, de la justice, de la solidarité, de la rectitude, de l’ordre et de la balance (…) L’amoureux de la maât est » hm-n-maât » c’est-à-dire » serviteur-de-la-maât « .
[Cf. M. Bilolo, L’idéal du progrès historique en Egypte ancienne », in Ankh, n°4/5, Juillet 1996, p. 73-90].
Le prêtre égyptien se définit donc comme un » Serviteur de l’ordre, de la vérité, de la justice, de l’équité, de la sagesse divine, de l’harmonie universelle, de la rectitude et de la connaissance divine, à savoir
» Mâat « .[page]
Il considère que les paramètres de sa sagesse ont été définis à l’aube des temps par Dieu lui-même. Ce que l’on appelle vulgairement « 10 commandements » en raison de l’épopée de Moïse l’Africain, relève en fait des « 42 vertus cardinales de Mâat », dans la tradition africaine de la période pharaonique.
Ces « 42 commandements » étaient prononcés par le défunt lors de son passage dans la « Place des deux Maât » ( salle du jugement divin ) où les manifestations divines de l’Egypte allaient devant Mâat, constater si ce dernier avait réellement vécu conformément aux principes divins énoncés par Maât, c’est à dire, s’il avait respecté à la lettre les 42 commandements divins de Dieu.
Dans le cas contraire, il n’accède pas au paradis et disparaît dans le Noun ( Océan primordial / vu comme le néant aujourh’hui mais » Plan divin » en réalité ) pour subir la seconde mort.
Donc la philosophie africaine est » mrwt-n-maât « , ( mérout n mâat ) c’est à dire, « Amour de la vérité, de la justice selon la vision divine ». Outre l’aspect théorique ou purement intellectuel, il y a là une dimension éthique de la sagesse, que se doit précisément de cultiver le sage. De ce double point de vue, le sage, au sens africain, est non seulement un » Serviteur de la vérité-justice » ( Hm-n-maât ), mais aussi, au sens moral du terme, un « Grand » ( Wr, se prononce » Our » ) en égyptien ancien.
Dans Parenté génétique de l’égyptien pharaonique et des langues négro-africaines, p. 341, le très célèbre égyptologue africain Cheikh Anta Diop montre comment cette dimension morale de l’égyptien
« Wr » ( prononcé Our ) a subsisté dans le terme walaf « Wër » qui signifie aussi bien « grand au sens moral » !
Dans ce sens précis, le Savant africain Cheikh Anta Diop est bel et bien un
« Wr », comme l’a bien noté l’artiste Seva ( Ibrahima Ndiaye ) sur la stèle qui lui est dédiée devant l’I.F.A.N. à Dakar.
Cheikh A Diop est qualifié de « ndty wr n t3w kmw », à savoir de » Grand protecteur des nations
nègres « .
Les mensonges historiques perpétrés sur l’origine réelle de la philosophie, poussent le professeur Bilolo à déclarer que « nous avons constaté que la plupart des philosophes sont anti-maâticrates, ennemis de la vérité-justice. Ils sont au service du mensonge et de » Isefèt » ( » l’ iniquité » )
[M. Bilolo, « L’idéal du progrès historique en Egypte ancienne », in Ankh, n°4/5, Juillet 1996, p. 73-90.].
» Isefet » apparaît ici clairement comme étant le contraire de Mâat, c’est à dire le mensonge, l’injustice, le désordre, l’hypocrisie, la falsification, la méchanceté, l’iniquité et les serviteurs d’Isefet. Les » Isefetiou « , sont décrits par les Egyptiens, tout simplement comme étant au service du désordre ![page]
Quelle est donc la faille incommensurable de la philosophie grecque qui fait qu’elle demeure incomplète, imparfaite et incapable d’être un appui réel pour remédier à la dévire idéologique et philosophique des occidentaux ?
Les Grecs ne lui ont pas donné d’éthique, c’est à dire qu’ils n’ont pas fixé clairement les limites de leur sagesse ( frontière claire entre le bien et le mal, le juste et l’injuste, l’humanisme et la barbarie ).
D’origine nomade et guerrière, la société grecque était profondément individualiste, machiste
( patriarcat ), misogyne, belliqueuse et esclavagiste ( Platon et Aristote nous ont d’ailleurs légué des déclarations fumantes destinées à justifier l’esclavage dans leur cité ).
Il fallait donc délimiter des » vertus cardinales » voir fixer une éthique, en dehors des préoccupations de la cité, pour pourvoir ensuite les faire appliquer et modifier ainsi, le comportement des hommes et non pas accommoder les vertus de la sagesse aux us et coutumes quelques peu tendancieuses des cités grecques pour finalement obtenir une soupe » sans saveur « , au sens du respect de la personne humaine ( femme, enfant, étranger ).
C’est exactement la même démarche que l’on retrouve dans le comportement des divinités grecques qui empruntent aux hommes tous leurs vices.
Cette vision est quelque peu inachevée ou incomplète.
Certes les pythagoriciens ont énoncé des principes. Mais ils sont souvent assimilés à des superstitions. » Tels sont ceux-ci : Ne mangez pas dans un char. Ne vous asseyez pas sur le boisseau. Ne plantez point de palmier. Ne remuez pas le feu avec l’épée dans votre maison « , nous révèle Plutarque.
Conclusion :
Lorsque l’on aime la philosophie ou la sagesse, on se doit d’apprécier et de révéler les sources de la sagesse !
Aujourd’hui, le schéma suivant lequel l’histoire de la philosophie est le plus souvent présentée dans nombre de manuels est donc celui-ci : la philosophie commence en Grèce avec les présocratiques, événement qu’on ne manque pas de saluer comme « un miracle » (sic).
Ce qui dispense d’avoir à s’interroger sur l’origine du savoir des présocratiques.
Mais pire que cela, cette notion absurde de « miracle grec en philosophie » permet d’occulter le témoignage même des présocratiques ainsi que des historiens de l’Antiquité sur leur dette reconnue à l’égard des Egyptiens.[page]
Un exemple, parmi d’autres, de la façon dont cet « oubli » de la source du savoir grec a été construit est fourni par l’historien de la philosophie Emile Bréhier. La deuxième édition de son Histoire de la philosophie datée de 1938 est précédée d’un « Premier Fascicule Supplémentaire » dans lequel Paul Masson-Oursel traite successivement de l’Asie occidentale, de l’Egypte, de la Mésopotamie, de l’Iran, l’Inde et la Chine, comme autant de sources d’inspiration possibles des Grecs.
Or dans les rééditions actuelles du livre de Bréhier, aux PUF/ Quadrige, chacun peut constater que le
« Fascicule » de Masson-Oursel a purement et simplement disparu pour laisser place aux présocratiques !
Pourquoi cette ablation ?
La démarche de Masson-Oursel est-elle à ce point indigne d’intérêt ou contraire à la déontologie de la réflexion philosophique ? Dans ce cas, pourquoi ne pas le soumettre à l’examen critique qui devrait être au fondement de toute démarche réflexive, au lieu de l’en écarter sans bruit ?
Quoiqu’il en soit, voici le sens que Masson-Oursel donne lui-même à sa démarche, et qui ouvre l’avant-propos de son livre :
« L’ouvrage auquel font suite les pages que nous présentons ici, est une histoire de la philosophie de notre civilisation occidentale. Personne aujourd’hui ne peut plus croire que la Grèce, Rome et les peuples de l’Europe médiévale et moderne aient seuls possédé une réflexion philosophique. D’immenses foyers de spéculation abstraite ont été allumés, ont même brillé d’un vif éclat, dans d’autres sections de l’humanité. A vrai dire, comme jamais ces divers foyers ne furent aussi séparés qu’on l’a supposé naguère, il faut reconnaître que la pensée de notre Occident ne se suffit pas à elle-même, son explication historique exigera qu’on la replace dans un vaste milieu humain, car la seule histoire qui puisse être vraie serait l’histoire universelle. Le présent livre a pour objet de situer la philosophie occidentale dans l’ensemble de la pensée humaine, en tant que celle-ci se laisse étudier historiquement.. »
Voilà une démarche beaucoup plus honnête !
Notre volonté de replacer l’Afrique dans l’historiographie Universelle et notre démarche de nous appuyer sur des faits et des documents concrets pour combattre l’égocentrisme » racial » européen, dévoile notre désir de bâtir une nouvelle humanité, plus humaine, plus solidaire et moins prédatrice.