En 2009, dans un vote unanime et au nom du peuple américain, le Sénat des Etats-Unis d’Amérique a présenté ses excuses pour » l’esclavage et la ségrégation raciale » dont les Noirs ont été les victimes. Cette résolution hautement symbolique est intervenu 5 mois après l’élection à la présidence de Barack Obama et a été largement approuvé par les démocrates et les républicains.
Ce vote s’est déroulé la veille de la célébration annuelle de la fin de l’esclavage aux Etats-Unis en 1865, après la guerre de Sécession. Le Sénat des Etats-Unis a déjà eu l’occasion de voter ce type de résolution symbolique. Ce fut le cas pour l’internement des citoyens américains d’origine japonaise pendant la seconde guerre mondiale.
Vis-à-vis des Noirs, la chambre des Représentants avait déjà en juillet 2008 présenté ses excuses formelles au nom du gouvernement Fédéral pour » l’injustice fondamentale, la cruauté, la brutalité et l’inhumanité » de l’esclavage et de la ségrégation raciale envers les Noirs.
Force est constater qu’en France, Nicolas Sarkozy durant sa campagne s’est évertué à exprimer l’aversion qui l’anime vis-à-vis des actes de repentance, qui pourtant au-delà des émotions vives qu’ils génèrent, permettent de lever le voile sur le passé esclavagiste et colonial de la France et de repartir sur de nouvelles bases dans les relations avec le Sud afin de sortir du triptyque : Agression coloniale / Domination militaro-politique / Pillages économiques et culturels.
Mieux, non seulement on a tenté de dégager un fantasmagorique aspect positif de la colonisation ( les mêmes auraient dû d’ailleurs nous présenter l’aspect positif de la présence d’Hitler à Paris durant la deuxième guerre tribale européenne ) mais encore on assiste depuis son élection, à une surenchère de la Françafrique dont les réseaux opaques et souterrains sont plus actifs que jamais.
Inutile de s’attendre à une élection présidentielle dans les règles de l’art en pays francophone, tous les loups français sont lâchés est les appétits sont féroces. A Dakar où il a prononcé un discours très controversé, insultant même pour les Africains, il a affirmé que » l’homme africain n’est pas entré dans l’Histoire « .
Pourtant on l’a bien vu, par exemple, couper la canne sans salaire aux Antilles pour enrichir la France ou encore dans les tranchés luttant contre les Allemands pour libérer la même France.
Quelle façon méprisante de remercier « l’homme Africain » ! Le « mépris » comme disait Césaire, est donc la base de nos relations ! On rétorquera que la République a elle aussi reconnu en 2001 l’esclavage comme un « Crime contre l’humanité ».[page]
Mais qu’avons-nous vu depuis ? De multiples tentatives médiatiques de falsifications de l’histoire, reposant sur un monologue historiographique et l’émergence de thèses absurdes telles la « Traite interne africaine », l’existence de « négriers africains », l’esclavage en Egypte ancienne, la mémoire partagée, etc… On reconnaît le « Crime » ( en vidant d’ailleurs le texte de Loi de sa substance avant le vote ) et après on accuse la victime de tous les maux. « Les accusations des meurtriers ne sont pas recevables contre les victimes » rappelle pourtant Simone Weil.
Si on a décrié partout ceux qui pestaient contre le récit historique fantasmagorique distillé dans les manuels français et avaient traîné devant les tribunaux l’historien auto-proclamé spécialiste de l’esclavage Olivier Pétré Grenouilleau, force est donc de constater, que ceux qui se sont sentis profondément insultés et calomniés, n’ont jamais pu s’exprimer dans les média pour présenter l’anti-thèse des thèses eurocentristes ! C’est aussi cela la « Desmauxcratie » dont on nous vante les mérites !
Ainsi, les excuses présentées par le Sénat des Etats-Unis font aussi écho aux excuses présentées par Ségolène Royal à Dakar puis réitérées à Paris lors d’une université sur » l’avenir commun pour l’Afrique et l’Europe au XXIe siècle « . Ségolène Royal demandait pardon pour les paroles humiliantes prononcées par Nicolas Sarkozy à Dakar mais déclarait aussi : » Pardon pour l’esclavage et la colonisation, merci pour tout ce que l’Afrique a apporté à l’Histoire et pour sa participation à la Libération de la France et s’il vous plaît, construisons ensemble notre avenir commun « . La droite n’avait pas manqué de moquer ces excuses et de les qualifier de repentance. Quand bien même Royal déclarait » il ne fut pas question de repentance dans ce discours de Dakar car la repentance se replie sur elle-même « , » Il ne fut question que d’une chose : nous ouvrir à nouveau à l’universel » qui » est au cœur de notre identité « . Il est question de » la République, la justice et la vérité universelle « .
Aux Antilles, en Guyane à la Réunion à Tahiti en Afrique et ailleurs, les plaies de l’histoire coloniale françaises sont encore ouvertes. Pendant cela, l’ignorance et l’incrédulité des français et même la complicité de certains, bat son plein.