Notes préliminaires
Le Professeur Nicolas AGBOHOU, dans les domaines d’Économie et de Gestion, est certainement le meilleur professeur que nous avons eu à connaître au sein d’Africamaât. En plus de ses qualités humaines, il est titulaire du Doctorat en science Politique, de la Maîtrise d’Économie appliquée, du D.E.S.S de Gestion de Paris I Sorbonne. Il est natif du village Todiognoa de la région de Gagnoa (Côte d’Ivoire).
En dédicaçant son livre « Le Franc CFA et l’Euro contre l’Afrique » au membre fondateur et président de l’association Africamaât, René-Louis Parfait ETILE (Imhotep), il écrivait le 17 juillet 1999 : « Mon frère … René-Louis, Le panafricanisme décentralisé est le seul moyen de réveiller l’Afrique de sa léthargie actuelle. L’histoire montre que la soumission et la résignation sont des ennemies de l’homme. C’est pourquoi la révolution intérieure et extérieure s’impose aux peuples noirs pour reprendre leur rôle mondial d’hier pour la sauvegarde de l’Humanité ! ».
Et dans le cadre de l’Institut Africamaât, piloté actuellement par DEMBELE Bekaye, il fut invité à donner une conférence.
Notes d’Africamaât : Entre crochet [ ][page]
Introduction
L’Afrique du pré-carré français reste à la traîne, malgré ses immenses richesses naturelles et humaines.
La monnaie est à la base de toute évolution économique, sociale et politique et même culturelle d’un pays. Loin d’être exhaustif, voici quelques points forts développé par le Professeur AGBOHOU dans le livre cité plus haut.
Quelques points forts (non exhaustif)
1) Les innombrables ressources minières, minérales, énergétiques et agricoles de l’Afrique sont contrôlées par l’Europe et les USA par l’entremise des organismes et Accords financiers, ainsi que par une infime partie de la « bourgeoisie africaine ».
2) Les économies asiatiques ont commencé à s’épanouir après s’être débarrassées des vestiges du colonialisme qui les avait saccagées et ruinées.[page]
3) Pour éliminer les causes structurelles endogènes de la faim : l’exercice efficient de la Démocratie ; la coopération Sud-Sud (afro-africaine) ; reconquérir l’Etat et la souveraineté, reprendre l’initiative économique privée grâce au capital de confiance qu’éprouve la redécouverte de l’importance historique de l’Afrique et son rôle pionnier dans la politique, les sciences et la pensée.
4) Le Franc CFA et l’Euro s’opposent fondamentalement à tout processus de décollage socio-économique de l’Afrique noire… la zone franc est une source d’appauvrissement, de misère et de sous-développement des Pays africains membres. Le seul et unique remède efficace, face au problème de la faim et du sous développement de l’Afrique, s’appelle l’union politique.
5) Les puissances étrangères n’ont pas lésiné sur les moyens pour écarter du pouvoir par tous les moyens les quelques rares élites fédéralistes ou panafricanistes…. Dirigés par les élites produites par les anciens maîtres, ces Etats africains post-coloniaux n’ont connu aucune révolution économique comparable à celle constaté dans quelques pays asiatiques…Dans l’Afrique francophone, les chefs d’Etats africains ont volontairement renoncé à leur droit régalien, celui de battre leur propre monnaie… ils ont préféré garder le franc des colonies françaises d’Afrique (F CFA)…[page]
6) Le Nigéria, immense pays, qui n’utilise pas la monnaie de l’ancienne puissance colonisatrice, a un niveau de vie de loin supérieur à celui de n’importe quel pays africain francophone. Aucun territoire ou département français (Guadeloupe, Martinique, Nouvelle-Calédonie, Mayotte, Guyane, Wallis et Futuna, etc.) peuplé majoritairement de Noirs ne peut tenir avantageusement une comparaison socio-économique avec le Nigéria. [Le Nigéria est actuellement la première puissance économique du continent devant l’Afrique de sud]
7) La garantie monétaire n’existe pas en Inde où la monnaie nationale – la roupie – est inconvertible. Et pourtant, ce pays – qui s’est construit après le départ des Anglais en 1947 -, est aujourd’hui une grande puissance économique et militaire incontestable, devançant, de loin, tous les pays africains de la zone franc réunis. [L’Inde envoie des satellites dans l’espace par ses propres moyens et elle possède la Bombe atomique – adepte à un cercle très fermé de Nations.]
8) L’Afrique souffre essentiellement de la « politique de troisième homme ». Celle-ci consiste, pour les puissances étrangères, à utiliser des Africains peu patriotes pour appauvrir et affamer leurs concitoyens. [Africains cupides, complexés, avides de pouvoir, béni-oui-oui, lèches-cul, etc.][page]
9) Le Franc CFA, quoique monnaie africaine, est gérée en dernier ressort par la France qui détient le vrai pouvoir de changement de parité, depuis l’ère coloniale jusqu’à ce jour. La dévaluation le 12 janvier 1994 du F CFA a été imposée par la France aux Africains dont les chefs d’Etat ont avoué leur impuissance. Cela veut dire que la dévaluation du F CFA a été prise, non pas par les leaders africains ; mais, par l’Etat français.
10) La France a le pouvoir de contrôle sur le fonctionnement et les prises de décisions du Conseil d’Administration (CA) des Banques Centrales Africaines (BEAC, BCEAO, BCC). Les français sont membres des CA.
11) La répartition du « montant global » de crédits accordés aux pays-membres est effectué par les Comités Nationaux de Crédits dont les règles de fonctionnement et les missions sont définies par le CA. Tout responsable africain de ces Comités Nationaux de Crédit ne peut qu’exécuter, sous peine de sanctions graves, la politique monétaire et de crédit dictée par la France à partir du Centre nerveux de la Banque Centrale Africaine que constitue son Conseil d’Administration.[page]
12) Les dirigeants africains du pré-carré français craignent les crises politiques. Celles-ci ont pour racine les élections présidentielles truquées avec la complicité de la France qui choisit et impose subrepticement aux Africains des hommes destinés à la servir fidèlement au détriment des peuples Noirs.
13) On sait que quand la France a pris soin de combattre le fédéraliste N’KRUMAH du Ghana, c’est HOUPHOUET BOIGNY, anti-fédéraliste, qui a été « mandaté » pour, précise FOCCART [Chien de garde de De GAULLE] « surveiller attentivement Kwame N’KRUMAH… »
14) Les Banques Centrales Africaines sont obligées de déposer leurs réserves de change dans les caisses du Trésor Français dans un compte courant appelé le Compte d’opérations… Cela veut dire que les dirigeants africains stockent ou immobilisent dans les caisses du Trésor Français les immenses capitaux financiers indispensables au développement socio-économique de l’Afrique…Ils se contentent de récolter les maigres intérêts financiers dont le taux est fixé unilatéralement par la France…une servitude volontairement acceptée par les dirigeants… l’infantilisation conséquente des peuples africains.
ETC…[page]
Conclusion
Les institutions et les règles de fonctionnement de la zone franc comme la monnaie unique européenne ne profitent pas à l’Afrique. Cette zone franc continue de faire des pays africains d’excellents fournisseurs de matières premières brutes non transformées localement, et d’insignifiants consommateurs des produits finis importés du Nord.
Toutes les dispositions juridiques ont été prises à son profit par la France pour l’accumulation de bénéfices exorbitants, pour la perpétuation de l’ordre ancien, et à fortiori pour l’appauvrissement et la domination méthodique de l’Afrique ; et ce avec la collaboration de quelques dirigeants africains formés par elle dans l’esprit de l’ordonnance de 1945 initiée par le Général De GAULLE.
La « conditionnalité » de la sortie hors du système de servitude dominant est la « décolonisation » culturelle et intellectuelle de l’Afrique Noire, et plus généralement des Noirs du monde entier. La confiance en soi passe non seulement par la redécouverte de la culture et de l’histoire, ici africaines ; mais aussi par la relecture des textes, des travaux et des séquences de l’Antiquité africaine.
Il apparaît que seules la souveraineté monétaire africaine et la coopération Sud-Sud, entre Kamits (Noirs patriotes, fiers de son Histoire et panafricains), pourront permettre au continent noir de renaître de ses cendres actuelles.[page]
BIBLIOGRAPHIE partielle :
Nicolas AGBOHOU, « Le Franc CFA et l’Euro contre l’Afrique », Editions Solidarité Mondiale A.S., 1999
Joseph TCHUNDJANG POUEMI, « Monnaie, Servitude et Liberté », Editions J.a., 1981
François-Xavier VERSHAVE, « La Françafrique », Editions Stock, 2001
Kwamé N’KRUMAH, « L’Afrique doit s’unir », Présence Africaine
Pascal KROPP, « Les Secrets de l’Espionnage français », Editions J.C. Latès
Laurent GBAGBO, « Côte d’Ivoire : Agir pour les libertés », Editions l’Harmattan, 1991
Frantz FANON, « Les Damnés de la Terre », Editions F. Maspéro, 1961 puis 1969