Le Culte Kamit face à la tradition musulmane.

Amadou Hampaté Bâ ( 1901-1991 ), grand dépositaire de la mémoire et de la culture africaine est né en 1901 au Mali et plus exactement à Bandiagara. De confession musulmane et disciple du sage Tierno Bokar, il a consacré sa vie à raviver les traditions orales Peul et Bambara. Son savoir, sa simplicité et sa sagesse sont pour beaucoup une véritable source d’inspiration. Son ouvrage « Aspects de la civilisation africaine » ( éd. Présence Africaine ) a retenu notre attention puisqu’il y valorise les cultures Bambara et Peuls et explique leurs fondements.

Cependant, avec le respect que nous devons à un ainé honorable, nous souhaitons porter une critique constructive à certains propos tenus, afin de bien recadrer l’histoire universelle du fait religieux et de dégager l’originalité même de la spiritualité africaine par rapport à la vision de la spiritualité musulmane.

I) – Exploration du point de vue de l’auteur…

Dans « Aspects de la civilisation africaine », Amadou Hampaté Bâ répond à des questions qui lui sont posés sur la culture africaine. Mais la réponse qu’il va apporter à l’une de ces questions mérite un recadrage, à la lueur de la documentation historiographique africaine.

Question posée à Amadou Hampaté Bâ ( Page 49 ) :
‘ Pourquoi tous les prophètes viennent-ils de l’Arabie ? Pourquoi n’y a-t-il pas de prophètes noirs ? ‘

Réponse de l’auteur :
« Cette très importante question mérite une explication préliminaire. Il s’agit de comprendre le sens du mot ‘ Prophètes ‘ tel qu’il est entendu dans les religions révélées et notamment l’Islam. Il y a selon l’enseignement islamique résultant du Coran et des paroles du prophète Mohammad, trois catégories d’hommes de Dieu :

a) Au sommet, les  » Rassouls « , littéralement les  » Messagers de Dieu  » ou  » Grand Envoyés « .
Le  » Rassoul  » est choisi par Dieu, par un acte de Sa Grâce, pour être l’instrument d’une Révélation majeure de la part de Dieu, destinée soit un à très grand peuple, soit à l’humanité toute entière.

Dieu révèle à son Envoyé sa Parole qui devient un Livre Sacré pour les hommes, contenant les commandements de Dieu, une sainte Loi pour le comportement extérieur et intérieur et le moyen de revenir au Seigneur. (…) La tradition islamique compte 6 grands Envoyés, Adam qui descendit sur terre  » avec les Paroles de Son Seigneur « , Noé, Abraham, Moïse, Jésus et Mahomet ( Mohammad en Arabe ). On les appelle parfois  » Envoyés législateurs  » parce que chacun d’eux reçut la Loi nouvelle, adaptées aux nécessités du temps. On les appelle aussi  » Prophète « .[page]

b) Ensuite il y a les  » Nabbis « , littéralement les  » Prophètes « .
Il s’agit d’hommes saints ayant également reçu une révélation divine dont ils se font les humbles serviteurs mais à la différence des  » Rassouls « , leur message n’est destiné en général qu’à un petit groupe d’hommes et parfois, ils doivent le tenir presque secret (…) Le Nabbi, quelle que soit la révélation qu’il est chargé de transmettre, demeure placé sous la Loi du grand Rassoul qui l’a précédé. Il n’apporte jamais une nouvelle Loi pour l’humanité. Tel est le cas des prophètes de la Bible qui exhortaient le peuple juif à revenir à la pure Loi de Moïse. La tradition islamique dit qu’il y eut 124 000 Nabbis.

c) Puis viennent les  » Waly « , que l’on appelle couramment les  » Saints de Dieu « .
En réalité, le mot Waly signifie  » Celui qui est proche  » de Dieu, en union avec Lui et vivant dans son Amour. On en connaît pas le nombre, ils sont de tous les temps et de toutes les races. Un Nabbi est toujours un Waly, c’est-à-dire un Saint de Dieu, recevant une mission particulière. De même, le Rassoul est toujours également un Waly, un Saint de Dieu, revêtu de la qualité de Nabbi (…).

La notion de  » Révélation « , de  » Prophétie  » est à la base des 3 religions dites monothéistes,
( judaïsme, christianisme et islam ) issues d’Abraham, père du monothéisme. Il se trouve que les 6 Rassouls ou Grands Envoyés de Dieu, appartiennent à un rameau spécifique de l’humanité, le rameau sémitique. On peut même dire qu’ils sont sortis les uns des autres. La Révélation eut donc son berceau au Proche-Orient, en Palestine et dans la péninsule Arabique (…)

À cet égard, l’Afrique noire a été et est encore une terre particulièrement riche en Waly. »

Donc en suivant Amadou Amadou Hampaté Bâ, on constate que l’Afrique noire n’a eu ni Grand Envoyé Divin, ni Prophète sur les 124 000 envoyés, ni Texte Sacré et n’a finalement reçu que des Saints de Dieu
( Waly ) ???

Une telle affirmation, il faut être sérieux, repose sur des élucubrations grotesques, sans fondements scientifiques, sans analyse philosophique des traditions africaines et affecte à Dieu l’idée d’une sélection entre ses fils mais basée sur quoi ?
La couleur de peau ?

Après avoir choisi l’Afrique noire pour donner naissance à son Premier fils, il ne lui aurait jamais accordé la moindre attention ?

Impossible ![page]

II) – Examen afrocentriste de la réponse d’Amadou Hampaté Bâ…

Dans son ouvrage, Amadou Hampaté Bâ, bien qu’il connaisse la tradition africaine, confine l’espace sacré universel aux 3 seules religions monothéistes dites révélées, qu’il rattache toutes les trois au berceau sémitique. De confession musulmane, il va donc naturellement privilégier sa vision religieuse. Ce faisant, sa réponse dénote une méconnaissance totale de l’histoire ancienne africaine ( notion d’Humanités Classiques Africaines ).

Peu importe les intentions qui les animent où les milieux qui les envois, il convient de constater que nombreux sont ceux qui cherchent à convaincre les Africains que leur continent n’aurait jamais eu à travers l’histoire, ni Envoyé Divin, ni Terre Sainte, ni peuple de croyants, ni Prophète, ni Texte Sacrée, ni Temple, ni prêtre, ni Anges divins négro-africains et ni même de prière divine pour s’adresser au Créateur Céleste avant l’arrivée des envahisseurs étrangers ( indo-européens, Juifs, Arabes, Asiatiques… ).

Bien que cette idée ridicule soit totalement fantasmagorique ( l’Afrique rappelons-le est le berceau de l’humanité ), beaucoup de Kamits y croient en raison de leur ignorance chronique et de leur aliénation culturelle surdéveloppée. D’où la facilité avec laquelle ils se projettent dans les visions religieuses extra-africaines.

La philosophie afrocentriste invite tous les Africains y compris ceux de la Diaspora au respect de leurs ancêtres ( culture, tradition, vision spirituelle antique ) car elle refuse toute idée reposant sur l’adoption et l’imitation de traditions extra-africaines, Hérodote disait à son époque que les Africains anciens refusaient toutes les traditions issues de l’étranger.

Ainsi, tout en reconnaissant l’existence de divers courants religieux ( bouddhisme, judaïsme, christianisme, islam… ), elle affirme que toutes les écritures et toutes les langues sont divines à partir du moment où le bien, la vérité et la justice sont au centre de leurs préoccupations. Par conséquent, l’afrocentricité proclame ceci :

– Les religions dites révélées actuelles ont toutes pour origine l’Afrique ancienne où elles ont puisé leurs idées.

– Toutes les traditions religieuses reposant sur la sagesse, l’ordre et le bien, doivent pouvoir cohabiter et se témoigner d’un profond respect mutuel.[page]

– A ce titre, si nous ne cherchons pas à convaincre ou à convertir quiconque qui ne serait pas d’ascendance kamit, il convient de faire régner une certaine réciprocité.

– Enfin, les Kamits doivent assumer leurs responsabilités, faire preuve d’une grande lucidité et comprendre que la thèse voulant que l’Afrique noire ait point eu de Grand Envoyé et de Prophètes est fondamentalement fausse.

Les propos d’Amadou Hampaté Bâ, relatifs aux religions monothéistes actuelles, doivent faire l’objet d’un éclairage historique, ceci afin de témoigner de la vérité et replacer l’Afrique noire dans le cours de l’histoire universelle.

II ) – Origine des concepts de « Monothéisme » et de « circoncision… »

a) La thèse d’une origine sémitique.

Amadou Hampaté Bâ fait remonter à Abraham, l’apparition du monothéisme dans l’histoire de l’humanité. Dans la tradition juive, on attribue aussi à ce patriarche des peuples sémites, l’apparition de la circoncision. Abraham, En hébreu = אברהם ābraham, à savoir « Père d’une multitude » en arabe = إبراهيم الخليل Ibrāhīm al-khālil, à savoir « l’Ami privilégié ( de Dieu ) » est considéré dans les religions issues du monothéisme comme le patriarche des peuples sémitiques. Originaire de Ur en Chaldée ( Mésopotamie ), son épopée est contée essentiellement dans le Coran, la Torah et la Bible ( Genèse, 11 à 15 ). Selon les spécialistes, il aurait vécu vers 1 800 avant l’ère chrétienne.

b) L’antériorité africaine Amon-Râ ou Dieu vu par les Kamits.

La tradition spirituelle africaine a proclamé plus de 5 000 ans avant le premier écrit sacré sémite, l’Unicité de Dieu. Vers – 3 000, cette affirmation qui a été écrite sur des feuilles de papyrus, a fait l’originalité des « Textes Sacrés » de l’Afrique ancienne dit « Textes de pyramides ». Nos ancêtres ont donc proclamé les Premiers, l’existence d’une Puissance Divine Unique, inaccessible à l’esprit humain.  » Dieu Grand, dont le nom est inconnu… « .
Ci-joint quelques salutations divines faites à notre Créateur Céleste, issues des « Textes Sacrés africains » :

– Textes des pyramides ( formule 456 ) :  » Hommage à toi, l’Unique « 
– Textes des Sarcophages :  » Atum, son nom est l’Unique  » (…)  » Dieu, Unique « [page]

– Le Livre des Morts, chap.15 :  » Toi, le seigneur ! Toi, l’Unique « 
– Hymne à Aton :  » Ô toi , le Dieu Unique, à part lequel il n’y en a pas d’autres ! « .

Cette mise au point atomise la thèse d’un polythéisme africain qui aurait été l’apanage du continent noir. Tous les noms utilisés dans les Textes, à savoir Atum, Amon, Râ, Ptah, ne désignent en réalité qu’un seul et même Dieu :

– Atum vient de Tem qui signifie « Celui qui contient la totalité de l’univers »
– Amon vient d’Imen qui signifie « Le Dieu invisible de forme »
– Râ vient de Rê qui signifie « Le Dieu qui illumine l’humanité et qui se cache dans le soleil » ( d’où l’origine de l’auréole de sainteté chrétienne )
– Ptah vient verbe Pteh ( créer ) qui signifie « le Créateur ».
Quant à la circoncision, Hérodote, le père de l’histoire occidentale, à révélé à l’humanité l’origine africaine de cette pratique en ces termes ( CF. Hérodote, Livre II ) :

 » Les Colchidiens, les Égyptiens et les Éthiopiens sont les seuls peuples qui aient de tout temps pratiqué la circoncision. Les Phéniciens et les Syriens de Palestine reconnaissent qu’ils tiennent cet usage des Égyptiens ; les Syriens établis dans les vallées du Thermodon et du Parthénios, ainsi que les Macrons leurs voisins, déclarent l’avoir depuis peu emprunté aux Colchidiens. Voilà les seuls peuples qui aient cet usage, et l’on constate qu’ils observent sur ce point les mêmes règles que les Égyptiens. Des Égyptiens et des Éthiopiens, je ne saurais dire quel est le peuple qui a pris cette coutume à l’autre, car elle est, de toute évidence, des plus anciennes « .

Ainsi, une gravure réalisée à Kemet dans la tombe de l’architecte royal Ankhmahor nous apprend qu’il a été circoncis dès son plus jeune âge ( ce qui ne fut pas le cas d’Abraham vers – 1800 ). Cet événement à eu lieu 2 300 ans avant l’ère chrétienne et il existe en Afrique des témoignages encore plus ancien de cette pratique authentiquement africaine ( Cf. Sami A. Aldeeb Abu-Sahlieh, Circoncision, le complot du silence, éd. L’Harmattan, 2003. )

III) – La notion de Textes Sacrés…

La Torah, La Bible et le Coran, sont les Textes Sacrés ( ou Ecritures Saintes ) des trois religions monothéistes actuelles. Ces ouvrages sont assez récents, tout comme les initiateurs sémites qui ont œuvré pour leur rédaction.

Pour l’Afrique ancienne, le mot hiéroglyphe vient du mot grec ἱερογλύφος / hieroglúphos, qui se[page]

compose de ἱερός / hierós ( « sacré » ) et de γλύφειν / glúphein ( « graver » ), d’où les « Gravures sacrées » selon les grecs. Durant la période gréco-romaine, ce mot désigna « celui qui trace les hiéroglyphes » et non les hiéroglyphes eux-mêmes, qui se disaient τὰ ἱερογλυφικά ( γράμματα ) / tà hieroglyphiká ( grámmata ), c’est-à-dire « les ( caractères ) sacrés gravés » sur les monuments ( stèles, temples et tombeaux ).

Ultérieurement, par un glissement de sens, le mot hiéroglyphes finit par désigner les caractères hiéroglyphiques eux-mêmes. ( Cf. Wikipedia ). Cependant, les Africains anciens utilisaient le mot
« Medou Neter », à savoir les « Saintes Ecritures », les « Paroles Divines » pour désigner leur écriture et par extension, leurs Textes Sacrés. L’existence d’une Sainte Ecriture sous-tend déjà l’existence en Afrique, d’un Envoyé Divin. Medou Neter ( Autre attestation du monothéisme Kamit premier. Si les paroles sont au pluriel, la référence à Dieu est elle bien au singulier. )

IV ) – Les piliers de la Foi…

a) Dans la tradition musulmane.

Les sémites étant issus d’une tradition culturelle essentiellement nomade et patriarcale ont édicté les points suivants comme Piliers de la Foi Musulmane :

– Croire en Allah, le Créateur de toute chose, nul ne mérite d’être adoré sauf lui. Il a des noms et des attributs propres. Il est celui qui voit tout et qui entend tout.
– Croire en ses Anges, créatures de lumière sous les ordres d’Allah.
– Croire aux Livres Sacrés, la Torah, l’Evangile, les Psaumes, le Coran ( qui regroupe tous ces livres et les abroge )
– Croire aux Messagers d’Allah, Adam qui fut son premier prophète, Noé qui fut son messager, Mohammed est le dernier prophète et dernier messager.
– Croire au Dernier jour, le jour de la Résurrection.
– Croire au Destin, peu importe les événements.

Cela revient à se poser la question de Pourquoi Allah a-t-il crée les humains ? Pour l’adorer sans rien lui associer : « Je n’ai créé les Djinns et les Humains que pour qu’ils m’adorent ». ( Cf. Sourate 51, v 56 ) Cela induit que le croyant doit faire ses prières, adorer Allah, obéir à son message, faire le bien pour mériter le Paradis ( rapporté par Abû Dâwûd ). « L’excellence est d’adorer Allah comme si tu Le voyais, bien que tu ne puisses pas Le voir, Lui te voit certainement » ( rapporté par Muslim ). Cela dans le cadre d’une vision exclusivement monothéiste.[page]

b) Dans la tradition africaine antique.

Les recherches archéologiques ont révélé que les premiers humains au comportement moderne sont apparus vers 200 000 avant l’ère chrétienne en Afrique noire. Les traces de comportement sont attestées par des fouilles aux alentours de 170 000 avant l’ère chrétienne ( Pinacle Point, Afrique du Sud ).

Né dans la région des Grands Lacs Sacrés Africains, l’homme moderne a donc effectué une remontée sud/nord, guidé comme en témoigne les anciens, par une étoile divine pour humaniser la Vallée du Nil. L’histoire africaine dévoile donc que c’est en Afrique noire, qu’on le veuille ou pas, que l’on retrouve les fondements du monothéisme, a une époque où les peuples de l’humanité, soit étaient inexistant. C’est le cas des juifs, des Grecs, des Phéniciens, des Arabes… où étaient plongés dans les ténèbres du savoir
( stade préhistorique ). Dès 9000 avant l’ère chrétienne, on voit apparaitre en Afrique les premières cités et les premiers Temples dédiés à Dieu ou à Osiris ( région de Nabta en Nubie ).

En 3 000 avant l’ère chrétienne l’avènement des Medou Neter ( Saintes Ecritures ) révèlent à la seule humanité civilisée de l’époque, issue du matriarcat et déjà sédentarisée, les fondements de sa foi :

– Louer et Rendre grâce à Amon-Râ, Créateur de l’Univers, de la biodiversité et de tous les Etres Vivants. Dans les Textes Sacrés Africains, il proclame qu’il est l’Unique Dieu ( Hymne d’Aton ), qu’il est l’Eternel
( ink Nhh, Je suis l’Eternel ; Cf. Les textes des sarcophages, IV, 62 b-j. )… « L’Origine de toute chose et le Créateur de toute chose est l’Unique Ptah », disaient nos ancêtres. Père des hommes, se manifeste à eux à travers la lumière du soleil.

– Croire et Suivre les enseignements d’Osiris, dit Ousiré, « Celui qui veille sur le trône de Dieu », Premier Envoyé Divin de l’histoire humaine, Fils de Dieu ( Sa Râ ),Initiateur de la résurrection, inventeur de l’agriculture ( Il est celui qui détient les secrets de la germination du sol terrestre ), initiateur de l’eucharistie, initiateur du Notre Père, révélateur de l’Esprit Saint ( Maât ), guide de l’humanité sur les voies de la Vie Eternelle ( Ankh ), Unique juge dans la Place de la Vérité ( salle du jugement des morts ) il est appelé Kem Wour ( le Grand Kamit ) dans les Textes Africains. Osiris et Maât représentés dans les Textes Sacrés Kamits devant deux défunts  » Dieu est en paix en Osiris et Osiris est en paix en Dieu « , dit un texte.

– Célébrer et honorer les Nétérous, Djehuty, Isis, Horus, Anubis… sont des Créatures divines célestes dont la mission d’inspirer aux hommes les qualités humaines qui sont conformes à la volonté divine et au maintien de la Maât ( Vérité/Harmonie/Justice qui se compose de 42 vertus cardinales appelés plus tard « Commandements divins » ).[page]

Si les traditions monothéistes ont retenu par la suite que 10 commandements, il y en avait 42 à l’origine.

Djehuty dit Thot Cependant, parmi ces Nétérous, il convient de célébrer en particulier Djehuty dit Thot, inventeur des Saintes Ecritures et Précepteur Divin d’Osiris ), Isis ( Aset ), la femme d’Osiris qui a activement collaboré à l’œuvre divine de son mari et enfin Horus qui a légué aux Hommes, les concepts de l’organisation royale. Isis, Osiris et leur fils Horus, sont les initiateurs de la Trinité divine, inspiratrice de l’humanité et défenseuse de l’ordre divin Maât.

– Annoncer et croire aux Saintes Ecritures, les Medou Neter apparu vers 3 400 avant l’ère chrétienne et qui se déclinent en plusieurs Textes ( Textes des Pyramides, des Sarcophages… ). Il revient aux Africains désaliénés de les compiler et de les rendre plus accessible aux peuples Africains du IIIème millénaire.

– Croire aux Prophètes Kamits, ces Prophètes Africains, inspiré par le Créateur ont dés les prémices de la civilisation africaines, guidés les premiers Croyants de l’humanité. Cependant il convient de distinguer 3 types de prophètes, Le Grand Gardien des Secrets Divins ‘ Kery Sesheta ‘ ( Ils sont au nombre de deux ), Pharaon qui agit en tant que ‘ Sa Râ ‘, Fils de Dieu sur terre, ( dont la mission est de mettre tous les jours Maât, l’ordre, la vérité, la justice, l’harmonie, à la place d’Isefet, désordre, mensonge, injustice… dans tous les domaines ), Le Grand Prêtre d’Amon de Karnak, qui est au Grand Temple de Karnak ( dédié à Dieu, construit à la fin du IIIème millénaire avant l’ère chrétienne ), le garant du Culte divin, le responsable de l’organisation des temples et le lien spirituel entre le Ciel et la Terre.

( Les Supérieurs des Prophètes, dont la mission est d’être dans le temple, au service de Dieu et des Prophètes. Niankhpepi fut par exemple sous la VIème dynastie Prêtre lecteur et Supérieur de Prophètes. Ce titre est inexistant dans les religions monothéistes actuelles. )

V) – Les Prophètes…

Qui peuvent assumer de hautes responsabilités civiles tout en inspirant les hommes avec leurs Textes de Sagesse. Leurs écrits ont largement été réutilisés par les rédacteurs de la Torah et de la Bible et donc du Coran. Ceci est facilement démontrable, Exemple… Le Prophète Kamit Aménemopé a écrit, « Donne tes oreilles, écoute ce qui est dit. Donne ton cœur pour l’interpréter. Il est utile de les mettre en ton
cœur ».
La Bible l’a repris ( Cf. Proverbes 22, 17, 19 ) : « Prête l’oreille et écoute les paroles des sages. Applique ton cœur à ma science ».[page]

Parmi ces Prophètes Kamits, nous pouvons citer :

– Les Enseignements de Ptahhotep ( vers 2600 avant l’ère occidentale )
– Le Traité de savoir vivre de Kagemni (vers 2500 avant l’ère oc.)
– L’Enseignement pour Mérikaré, conseil du pharaon Khety à son fils Mérikaré pour bien gouverner
( vers 2120 avant l’ère oc ).
– L’Avertissement d’Iouper ( 2160 – 1785 avant l’ère oc. ), l’auteur met en garde contre le déclin de l’Afrique.
– L’Enseignement d’Amenemhat à son fils Sésostris 1er ( vers 2000 avant l’ère oc. )
– Le Traité de sagesse d’Aménémopé ( vers 1280 avant l’ère oc. ), suite de conseils pour élever son esprit vers Maât.
– Les Maximes d’Any ( vers 1298 avant l’ère oc.) adressé à son fils Khonsouhotep.
– Le Livre de Sagesse de Pétosiris ( vers 341 avant l’ère oc. ) pour élever son esprit.

Représentation du Prophète Kamit Ptahhotep[page]

A cela, il convient d’ajouter :

– L’hymne d’akhenaton ( qui est la source du Psaume 104 )
– Le Document Théologique de Memphis ravivé par les Sa Râ originaires de Nubie.
– Exemple de Textes de Sagesse du Prophète Aménémopé ( Amen Hotep, Dieu est en paix ),  » Si tu es un homme sage, Forme un fils qui soit agréable à Dieu « .
Ou encore,  » Si tu es grand après avoir été petit, Si tu es riche après avoir été pauvre… Sache rester simple, Parvenu au premier rang, N’endure pas ton cœur à cause de ton élévation, Tu n’es devenu que l’intendant des biens de Dieu « .

Un autre texte tiré des enseignements du Prophète Kamit Mérikaré ( vers – 2070 ) dit ceci :
 » Agis pour Dieu (…) fais toutes ces choses pour lui, afin qu’en retour il en pourvoie les hommes. Car Dieu a fait le ciel et la terre à leur intention, il a calmé pour eux l’avidité des eaux, il a fait l’air pour donner le souffle à leurs narines, il les a crées à sa propre image « .

Les Devoirs des Croyants Kamits :

Bien qu’ils adorent Dieu, la mission divine que leur a confiée leur Créateur Amon-Râ par l’intermédiaire de son Grand Envoyé Divin Osiris est la suivante, mettre tous les jours Maât à la place d’Isefet. Cela sous-entend qu’ils doivent tous les jours mettre l’Ordre à la place du Désordre, la Vérité à la place du Mensonge, la Justice à la place de l’Injustice, l’Harmonie à la place de tous les déséquilibres, la Paix à la place de la Guerre, l’Amour à la Place de la Haine, le Respect de la Nature à la place de son exploitation débridée et des déséquilibres écologiques, ceci, dans leur cœur et autour d’eux, en faisant néanmoins preuve de Sagesse, de retenu et d’esprit de discernement.

Cette mission leur garantit la Vie éternelle ( Ankh, un autre concept d’origine africaine ) car ils ont mis leurs êtres au service de la volonté divine. Tous, hommes et femmes sont appelés à remplir cette mission sans qu’aucune restriction ne soit faite aux femmes ( c’est une grande différence avec la vision monothéiste issue du nomadisme ).

En effet, les femmes peuvent occuper tous les sacerdoces et même gouverner l’Etat. Rappelons enfin, que l’idéal du bien, Maât, est une femme. Vu qu’il existe 12 positions du soleil dans le ciel ( 12 heures du jour ), les Croyants kamits doivent célébrer Dieu 12 fois par jour. Mais vu la contrainte d’une telle pratique ( réservée aux Prêtres ), ils peuvent se contenter de 3 phases de prière ( soit le matin, le midi et le soir, à savoir pour Kepri, le soleil du matin ), pour Râ ( le soleil du midi ), pour Atum ( le soleil du
soir ).[page]

VI ) – En conclusion…

On peut être surpris par les propos d’Amadou Hampaté Bâ, surtout lorsque l’on sait que dans toutes les traditions africaines l’unicité de Dieu est affirmée et que les chroniqueurs de l’antiquité, grecs et phéniciens, ont attesté de l’origine africaine de la Sagesse divine.

Ainsi, le grec Diodore de Sicile atteste de la primauté spirituelle de l’Ethiopie ( le Soudan actuel jusqu’au Grand Lacs ) que les anciens Africains nommaient « Ta Neter », soit la « Terre Sainte », lieu de la naissance divine de l’homme. C’est l’origine de ce terme.

Au XIème siècle avant l’ère chrétienne, le roi phénicien de la ville de Byblos, Tjekerbaal, avouait au Kamit Ounamon ceci :

 » C’est d’Egypte qu’est sortie la sagesse ( divine ) pour atteindre les rives du pays où je vis « .

Ce caractère unique de Dieu, on le retrouve par exemple, chez les Dogons qui disent, à propos de la création de l’univers :

« A l’origine, avant toutes les choses, il y avait Amma , Dieu établi sur le néant. Quand Amma commença à créer les choses, il en avait la pensée (…). Son projet de création, il l’avait écrit dans son coeur. La pensée fut donc sa première action ».

De même chez les Bambaras, on dit qu’avant de :

« Devenir créateur, Dieu s’est pensé lui-même (…) Il s’est adressé à lui-même dans son intériorité. Il a produit ainsi la première parole audible pour lui seul. Les sons primordiaux de cette parole furent à l’origine des éléments constitutifs du Monde ».

A ce titre, il convient de rappeler que la notion de Livre Sacré comme unique source d’enseignement spirituel est inadaptée pour l’Afrique noire car la Tradition et la Culture sont des composantes de la Religion ou la Religion ce scindait en Tradition et en Culture. Comme l’atteste Amadou Hampaté Bâ, l’Africain « est un croyant né ».

Ce qu’ignore par contre Amadou Hampaté Bâ, c’est que l’Africain est l’inventeur des Textes Sacrés, des Textes de prières divines et des Textes de Sagesses. Nulle information consignée dans l’un ou l’autre des Textes Sacrés Sémites n’est pour l’Africain qui connait sa tradition spirituelle un scoop.[page]

Le baptême est une invention africaine, tout comme le mariage, la prêtrise, le temple, l’orientation pour la prière ( vers le sud profond ), l’eucharistie, la résurrection, la vie éternelle, l’adoration divine, etc…

La tradition musulmane dévoile les textes suivant, La louange est à Allah, Seigneur des Univers.
( Sourate, El Fatiha 1, v 2 )  » Ô Allah ! A toi seul toute la louange, Tu es le Seigneur des Cieux et de la Terre. ( rapporté par Bukhari et Muslim ) Et votre Dieu est un Dieu unique ! Nulle véritable divinité sauf lui.  » ( Sourate, la vache 2, v 163 )

Dans la tradition africaine ancienne on retrouve déjà ces pensées :  » Loué soit Tu Amon-Râ, le plus Grand du ciel, Le plus Ancien de la terre, Le Maître de ce qui existe, Qui établit durablement toute chose.  » ou encore,  » Louange à Toi Amon-Râ, Qui brille dans le ciel, Qui illumine tous les pays Dieu parfait, Tu brilles, Tu resplendis, Tu es lumineux, Tu culmines… « .

Et que dire de l’hymne d’Akhenaton,  » Qu’elles sont nombreuses les choses que tu as créé, Bien qu’elles soient cachées à la vue, Ô Dieu unique qui n’a point un autre au-dessus de lui, Tu as créé l’univers selon ton cœur, Étant seul, Tous, hommes, troupeaux et bêtes sauvages, Tout ce qui est sur terre et marche sur les pattes, Ce qui est dans les hauteurs et vole de ses ailes, Les pays des montagnes, Khor et Koush, Le pays de Kemet. Tu as mis chaque homme à sa place et as pourvu à son nécessaire. Chacun a sa nourriture et son temps de vie est compté. Les langues sont séparées dans leurs expressions. Leurs caractères comme leurs peaux sont distincts Seigneur de l’Univers entier, Tu as organisé l’univers « .

L’historiographie africaine révèle donc que l’Afrique a eu sa Révélation, son Grand Envoyé Divin
( accompagné même de sa femme ), des Prophètes pour inspirer les hommes, des Prêtres pour le culte divin, des Créatures divines ( Anges dit Nétérou ), des Textes Sacrés ( donc un législateur ), des prières et une vision spirituelle monothéiste authentiquement kamite dans laquelle de nombreux autres peuples ont puisé leurs idées. Dieu étant Amour et Vérité, il est donc juste que la Vérité soit dite !

Gloire et louange à Amon-Râ, créateur de l’univers, de la biodiversité et des êtres vivants, grands inspirateurs de textes sacrés.