Le colonialisme, est-ce la face cachée du printemps arabe ?

L’énergie verte va-t-elle relancer l’Union pour la Méditerranée ( U.P.M ), impulsée par Nicolas Sarkozy en 2008 ?

Alors que l’UPM patine, l’idée d’une alliance euro-méditerranéenne refait surface avec Eric Besson. Le ministre de l’Industrie a lancé un appel pour l’impulsion d’un pacte énergétique dans le cadre de l’UPM autour des énergies renouvelables et des réseaux électriques d’interconnexion ( supergrid ), hier à Monaco, lors du Forum euro-méditerranéen de l’efficacité énergétique. Eric Besson présentera son projet le 20 mai prochain à Barcelone au Secrétariat général de l’UPM.

Alors que les passerelles de coopération se multiplient des deux côtés de la Méditerranée ( Plan solaire méditerranéen, consortium D.i.i. Desertec, Imeder, Transgreen ce pacte énergétique fait déjà sens. Un pacte à 15 milliards d’euros )

Le pacte doit se faire autour des trois piliers suivants :

– Le premier volet concerne le Plan solaire méditerranéen, aujourd’hui très en retard. Il s’agirait de mettre de l’huile dans les rouages de son programme de financement, qui vise à déployer 20 gigawatts de capacités électriques nouvelles dans les prochaines décennies. C’est à dire accélérer les financements publics ( institutions multilatérales ) et privés, tout en favorisant la vente d’électricité du sud vers le nord. Dans ce cadre,  » la France et le Maroc lanceront dès l’automne 2011 la première expérimentation d’électricité solaire du sud vers le nord de la Méditerranée « , indique le gouvernement.
De même, la France souhaite la création en 2011 d’un centre financier international des énergies renouvelables.
Une plateforme publique-privée serait chargée d’identifier les projets, de les analyser puis de les proposer aux banques et aux fonds d’investissement. Au total,  » 7,5 milliards d’euros de prêts concessionnels vont être mis en œuvre dans le cadre de fonds régionaux de la Banque Mondiale, de la Banque Européenne d’Investissement, de l’Agence Française de Développement, des caisses des dépôts française, italienne et marocaine, ou encore de l’agence allemande K.F.W « , a détaillé Eric Besson. Un niveau équivalent de  » subventions  » pourrait également venir de l’importation d’électricité des pays de l’Union Européenne.

– Le deuxième volet du pacte concerne la boucle électrique méditerranéenne, selon l’expression d’Eric Besson. C’est à dire l’accélération de la mise en place d’un réseau électrique interconnecté nord-sud et sud-sud. Au programme, approfondissement de la société Medgrid, créée en décembre 2010
( ex-consortium Transgreen ) pour un réseau électrique transméditerranéen. Ce dernier réunit plus de 20 industriels et autorités de régulation des deux rives méditerranéennes. Dans les prochaines semaines, Medgrid conclura un accord de coopération avec Desertec.[page]

– Le dernier axe du pacte vise les coopérations technologiques. C’est à dire la création d’un véritable tissu industriel euro-méditerranéen des énergies renouvelables et des réseaux électriques. Un institut euro-méditerranéen de technologie ( E.M.I.T.E.C ), basé à Tunis, va être créé. Un accord sera signé à Malte aujourd’hui dans le cadre de la conférence des ministres de l’industrie de l’Union pour la Méditerranée.

Le soleil d’Afrique du Nord et du Proche-Orient à la rescousse de l’Europe Comment développer la production d’électricité solaire en Afrique du Nord et au Proche-Orient ? Comment ramener cette énergie en Europe ? C’est l’objet des discussions qui se tiennent à Paris jusqu’à vendredi dans le cadre du salon SolarMed.
( Source France 24, Aurélie Blondel ; 15/09/2010 )

 » C’est par le charbon qu’on a créé l’Union européenne, c’est probablement par les énergies renouvelables, notamment le solaire, que se fera l’union des pays méditerranéens « , a déclaré, ce mercredi matin, à Paris, Jean-Louis Borloo, lors de l’ouverture de la conférence SolarMed, organisée dans le cadre du Plan solaire méditerranéen, un des projets phare de l’Union pour la Méditerranée
( U.P.M ), lancée en grande pompe par le président Nicolas Sarkozy, à la mi-2008.
Le Plan solaire prévoit la construction, d’ici à 2020, de capacités de production d’électricité renouvelable de 20 gigawatts en Afrique du Nord et au Proche-Orient. Objectif, exporter vers l’Europe un quart de l’électricité produite dans cette partie du bassin méditerranéen.  » Une démarche de paix « , a salué Jean-Louis Borloo, ce mercredi. Mais aussi et surtout la possibilité pour l’Union européenne ( U.E ) de diversifier ses sources d’approvisionnement énergétique et de remplir son objectif de 20 % d’énergie renouvelable dans sa consommation d’ici à 2020.

Deux types d’installations sont envisagées : les installations photovoltaïques ( les cellules des panneaux solaires produisent directement de l’électricité en captant le rayonnement solaire ) et des installations thermo-dynamiques ( la chaleur du soleil est récupérée par des miroirs, elle chauffe un fluide qui sert à produire de la vapeur, qui, à son tour, fait tourner une turbine et permet la production d’énergie ).  » Les choses avancent lentement, elles ne sont pas bloquées mais il ne s’est rien passé de spectaculaire depuis 2008, rapporte Francis Perrin, directeur de SolarMed. L’objectif de cette conférence est de faire rencontrer les différents acteurs pour faire progresser concrètement les projets et rationnaliser les investissements. « 
Il s’agit à la fois de mettre sur pied les capacités de production, mais aussi les infrastructures permettant le transport de l’électricité. Pour l’instant, l’heure est à la finalisation des projets, les premières constructions pourraient débuter dans l’année qui vient, précise Francis Perrin. Les forces sont toutefois dispersées.  » Il y a le Plan solaire méditerranéen, explique Francis Perrin, mais aussi des[page]

initiatives privées émanant des entreprises européennes, comme les projets Desertec et Transgreen, ainsi que les plans nationaux des pays en question, le Maroc et la Tunisie par exemple.  » Le dialogue n’est en outre pas simple au Maghreb et au Moyen-Orient, la politique s’invite souvent dans les débats  » poursuit-il.

 » Tous ces projets ne visent pas seulement à amener de l’électricité en Europe, il s’agit aussi de satisfaire les besoins énergétiques des populations locales « , explique-t-il. Car des soupçons d’
 » écolonialisme  » pointent.

 » Nous sommes bien sûr favorables à l’exploitation de l’énergie solaire « , explique Marie-Christine Gamberini, de l’association Les Amis de la Terre,  » mais il s’agit ici encore d’un fonctionnement très centralisé, de pratiques néocoloniales au service des intérêts industriels.  » Les organisations écologistes prônent dans l’ensemble une production locale de l’électricité notamment pour éviter les pertes durant le transport.

Alors que le gouvernement français a annoncé ces dernières semaines plusieurs mesures pour éviter l’emballement de la filière photovoltaïque dans l’Hexagone ( baisse des tarifs de rachat et diminution du crédit d’impôt sur les installations des particuliers ),  » Jean-Louis Borloo a tenu ce mercredi matin à rassurer l’assistance sur l’implication de la France dans l’énergie solaire « , rapporte Francis Perrin.

Est-ce que cela coûte moins cher à l’État d’inciter la production d’énergie solaire en Méditerranée plutôt qu’en France ?  » Il ne s’agit pas de choisir entre l’un ou l’autre « , estime ce spécialiste de l’énergie.
( Source : www.Greenunivers.com )

ASimonnet