La lignée de Napoléon Bonaparte butte sur Cetewayo, le chef Zoulou.

Louis-Eugène Napoléon est né à Paris en mars 1856. C’est le prince impérial, son père n’est autre que Napoléon III, neveu de Napoléon Bonaparte. Après la chute de l’empire en 1870, toute la famille Bonaparte s’exile à Londres. Louis-Eugène y fera l’école militaire et sera pris en affection par la reine Victoria.

Désireux de prouver sa bravoure, il souhaite combattre pour l’Angleterre qui disposait à cette époque du plus vaste empire de l’histoire avec des colonies réparties sur toute l’étendue de la surface du globe dont celle d’Afrique du sud, voisine du territoire des Boers et du pays Zoulou.

C’est dans cette dernière région qu’allait bientôt se nouer le sort de la lignée napoléonienne.

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A la tête du territoire Zoulou, trônait Cetewayo, roi au physique imposant qui régnait dans la droite lignée de Chaka et disposait d’une armée estimée à 50 000 guerriers entraînés.

Quelques témoignages européens qui ont subsisté ne tarissent pas d’éloges sur la beauté physique et l’impression de puissance se dégageant de ces guerriers, notamment quand ils se mettaient en ordre de bataille.

Mais face à la puissance de feu européenne composée de canons et de fusils, les sagaies zouloues ( plus courtes que la normale, inventées par Chaka ) ne pouvaient offrir qu’une opposition limitée.

Quoi qu’il en soit, ne pouvant souffrir la proximité d’une telle force indigène, les anglais vont rapidement chercher à créer un conflit armé.

Ainsi en 1878, le gouverneur de la colonie du Cap, Sir Bartle Frere, lance un ultimatum à Cetewayo lui demandant de démanteler son armée, chose qu’il savait impossible et inacceptable.[page]

En janvier 1879, à la fin de l’ultimatum, les forces armées britanniques pénètrent dans le pays [page]

Zoulou, sûres de leur supériorité.
Le 22 janvier 1879 le campement britannique essuie l’attaque de 20 000 guerriers Zoulous.

En moins d’une heure, la victoire indigène est totale ; les britanniques ont perdu près d’un millier d’homme, il y a plus d’officiers britanniques tués que lors de la bataille de Waterloo et seuls une cinquantaine d’hommes en réchappent. C’est la plus grande défaite coloniale anglaise. Un véritable camouflet !

Le premier ministre du Royaume Uni, Disraeli, farouche partisan des conquêtes coloniales, fait rapidement embarquer d’Angleterre des renforts en nombre ( près de 10 000 hommes ) parmi lesquels se trouve le jeune Napoléon.

Le 1er juin 1879 la patrouille de ce dernier est attaquée en pays zoulou. Ces compagnons d’armes réussissent à s’enfuir mais pas lui ; les sagaies zouloues auront raison de lui.

Le lendemain, une colonne de 20 000 soldats britanniques ne retrouvera que sa dépouille inerte.[page]

Cet évènement suscitera plus d’émoi encore en Europe que la défaite anglaise du 22 janvier, notamment chez les bonapartistes français qui avaient vu en lui un futur empereur ( le discours qu’il prononça devant certains d’entre eux à Londres à l’occasion de l’anniversaire de ses 18 ans les avait électrisé ).

Une médaille commémorant sa mort fut fabriquée. On y voit sur la face son buste avec son nom et la mention ‘ Impérial ‘, tandis qu’au revers apparaissent les inscriptions ‘ né aux tuileries a Paris le 16 mars 1856 mort au champ d’honneur a Itelezi ( Zululand ) le 1er juin 1879.
Pour honorer la valeur au combat d’un soldat dans l’armée de sa majesté, les britanniques avaient la Victoria Cross, il s’agit de la plus haute distinction dans l’armée impériale britannique.

On en trouve un équivalent chez Ceteyawo : un collier dont les perles étaient faites du bois de l’arbre Umzimbete ou Umyezane spécifiquement réservé au roi.
Quiconque enfreignait l’interdit encourait la mort. Un guerrier portant un tel collier passait auprès de ses pairs pour le plus brave d’entre les braves.

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Peu après la mort d’Eugène-Louis, les anglais viennent à bout des Zoulous et, en juillet 1879, ils capturent le chef Cetewayo mettant de facto la main sur tout le pays et le déporte. Le pays Zoulou est alors morcelé en 13 districts à la tête desquels sont placés des petits chefs. Les Boers et les anglais n’auront de cesse de brouiller leurs relations.

1879 marque certainement la fin de l’indépendance des Etats africains car peu après, le partage de l’Afrique sera décidé à Berlin le 26 février 1885 entre le chancelier allemand Otto van Bismarck et les représentants de treize pays européens et des Etats-Unis. L’Angleterre, la France et Léopold II se taillant une part considérable.

Sous l’alibi d’aller « civiliser les sauvages » ces puissances vont mettre main basse sur les richesses du continent au prix de plusieurs millions de vie humaines et sans lésiner sur toute la « sauvagerie » nécessaire pour parvenir à leur fins et réprimer toute résistance.

Cetewayo s’inscrit dans la droite lignée de Chaka qui, le premier, fit des Zoulous une puissance en Afrique australe grâce à des innovations tant techniques que tactiques dans le domaine de la guerre. Zoulou est une abréviation d’Amazoulou, « ceux du ciel ».

Les Zoulous, peuple africain de la branche linguistique des bantus, seraient originaires de la région des grands lacs en Afrique centrale et ne seraient descendu vers le sud qu’à partir du 15ième ou du 16ième.[page]

( Pour en savoir plus, http://www.herodote.net/histoire01221.htm ; Sources : Henri Wesseling. Le partage de l’Afrique 1880-1914. Denoel, 1996 The South African Military History Society ; Military History Journal vol. 4 No. 4. “ 11th january to 1st september 1879 ” by Capt. F. K. Mitchell ; Military History Journal vol. 4 No. 5 ; Georges Bordonove  » Napoléon III « , Pygmalion, 1996 )