La géographie sacrée kamite serait-elle notre matrice historique ?

Si on tient compte de la perception qu’avaient nos ancêtres Kamits ( Africains anciens de la vallée du Nil ) des 4 points cardinaux, on constate que pour eux, l’homme africain, tout comme le peuple panafricain, est destiné à accomplir le même parcours que le soleil.

En effet, nos ancêtres Kamits s’orientaient selon l’axe Sud/Nord et l’axe Est/Ouest.
L’axe Sud/Nord était pour eux l’axe du Nil ( le sud représente les sources vitales du Nil et le nord représente la fin du fleuve, ou l’aval ).

L’axe Est/Ouest était perçu comme étant celui de la course régénératrice du soleil ( G. Posener, 1965,
« Sur l’orientation et l’ordre des points cardinaux chez les Égyptiens », Nawg I, p. 69-78 ).

L’axe Sud/Nord était perçu comme celui de l’émergence du monde civilisé, le Sud représentant la terre sacrée originelle des ancêtres et a donc préséance sur le nord.
Ainsi, le soleil ( identifié à Dieu appelé Râ ou Amon-Râ, symbolisé par la lumière ardente du soleil ) se lève à l’Est, prend possession du ciel, rayonne puis commence une phase de déclin pour se coucher à l’Ouest.

Là, il disparaît.

Pour accomplir ce parcours Est/Ouest, Amon-Râ notre Dieu, utilise sa barque céleste. Défunt adorant Râ dans sa barque céleste Pour les anciens, lorsque Râ disparaît en fin de journée à l’Ouest, dans les régions obscures ( Amedouat ), c’est à ce moment précis que le mal ( sous la forme d’un énorme serpent du nom d’Apophis ) essaie par tous les moyens de retourner sa barque pour renverser l’univers crée par Amon-Râ et inverser les énergies ( Bien/Mal – Mal/Bien ).

Pour neutraliser Apophis, Râ place alors à la proue de sa barque, un défenseur muni d’un long harpon
( Horus, ou Seth ) qui doit planter l’arme dans la chair ou la gueule d’Apophis dès son apparition soudaine.

C’est donc un Dieu victorieux du mal, qui se lève tous les jours sous la forme du soleil pour guider les hommes et leur transmettre son amour chaleureux. Seth à l’avant de la barque de Râ, neutralise Apophis à l’aide d’un harpon Selon la géographie sacrée des anciens kamits, l’Est est associé à l’idée de l’émergence du créateur, Amon-Râ ( Cf. Fernand Schwarz, Initiation aux livres des morts des Egyptiens, Albin Michel ).

Au regard du globe terrestre, on constate que l’Est représente l’Afrique, lieu où se lève le soleil et[page]

l’Ouest, représente les Caraïbes et l’Amérique, lieu où il se couche. C’est à l’aube que les forces du chaos ( Apophis ) ont été vaincues à l’origine, ce qui a permis à l’univers, en tant qu’entité organisée, d’apparaître. C’est aussi le moment où le soleil monte pour atteindre son point zénithal culminant, son éclat total. L’Est est donc la région où il sort vainqueur de l’Amedouat ( ou Amenti ), dans une lumière éclatante sans précédent, en s’étant régénéré de ses forces et de celles de ses ennemis.

Il est « Râ Nefer », c’est à dire, « Dieu beau, grand et rayonnant ». L’Est est donc le lieu symbolisant l’ascension. C’est l’Afrique !

Quant à l’Ouest, c’est symboliquement, le lieu de la descente vers les mondes souterrains. C’est véritablement l’Amenti ( ou Amedouat ). C’est le lieu où les forces coalisées d’Apophis ( Apophis puissance maléfique, représentant les forces du mal et des ténèbres ) représenté sous la forme d’un gigantesque serpent, s’opposant sans cesse à l’ordre divin ( harmonie, unité, vérité, justice ). Il incarne ainsi la menace maléfique continue sur le monde.

C’est l’ennemi juré du Dieu Solaire Rê. agissant contre Maât à savoir contre le bien, contre l’humanité, contre l’harmonie, contre la justice, contre la vérité, bref contre l’ordre Divin, se coalisent pour tenter de réussir leur entreprise maléfique. ( Cf. Discours afrocentriste sur l’aliénation culturelle, Jean Philippe Omotunde. )

Face à une telle puissance diabolique, notre Dieu Râ doit, pour vaincre l’ensemble des forces du mal coalisées à l’Ouest, se transformer en « Râ-Kem », c’est-à-dire, le « Soleil Noir ou Dieu Noir ». Cette transformation révèle l’aspect mystique du Noir en tant que révélateur de la puissance divine.

L’Ouest est donc le lieu où les alliés d’Apophis se coalisent habituellement pour agir contre les Maâtious ( alliés de Mâat ), c’est-à-dire que c’est l’endroit où pulsions humaines destructrices ( cupidité, haine, racisme, déshumanisation… ) agissent contre la sagesse/harmonie humaine ( paix, respect, harmonie, vérité, justice ). Notons que les captifs africains sont partis du littoral Ouest africain pour y être mis en esclavage une nouvelle fois à l’Ouest ( Amérique, Caraïbes ), lieu du couchant du soleil.

Mais paradoxalement, le vieux sage kamit révèle que l’Ouest est aussi le lieu où prennent naissance les forces destinées à accomplir le retournement des énergies, le rétablissement de l’ordre des choses, le retour aux sources, le passage vers le monde des origines, bref la résurrection des Maâtious. Il n’y a donc rien d’étonnant au fait que les grands penseurs kamits ont surgit de l’Ouest ( Sénégal pour le Professeur Cheikh Anta Diop, Martinique pour Aimé Césaire, Jamaïque pour Marcus Garvey, USA pour Molefi Kete Asante ).[page]

Les Kamits sont eux-aussi appelés à neutraliser Apophis Tombeau de Ramsès 1er.

Ainsi, si l’axe Est/Ouest symbolise l’intrusion du désordre dans l’ordre originel des choses, l’axe Ouest-Est. ( Antilles/Amériques vers Afrique ) exprime l’idée de la régénération, de la reconquête de l’ordre initial ( ceci explique d’ailleurs pourquoi les idées essentielles telles, le panafricanisme, l’afrocentricité, le kwanzaa etc…, sont nées à l’Ouest dans une phase de retour ascensionnel vers l’Est ).

Cela nous permet de mieux saisir l’aspect caché de notre parcours historique et de notre destinée panafricaine commune ( Regénération à l’Ouest, Renaissance à l’Est ). Car dans cette relation Père/Fils, Père/Fille qui unit Dieu à ses créatures, celles-ci doivent accepter d’emprunter la voie tracée par le Créateur de l’Univers.

Cette voie, manifestée par le parcours du soleil, est source de sagesse.

Ces axes Est/Ouest, Ouest/Est et Sud/Nord, Nord/Sud qui manifestent la géographie sacrée de l’Afrique ancienne restent encore d’actualité. Enfin, le concept qu’un serpent puisse représenter le mal absolu
( exemple Apophis ) a par la suite été recyclé par les Juifs et les chrétiens dans le mythe d’Adam et Eve.

Comme quoi, rien n’est nouveau sous le soleil…