Le 15 janvier 1971, Exécution publique de Ernest Ouandié, leader de l’U.P.C. ( Cameroun )…
Le 17 janvier 1961, Assassinat de Patrice Lumumba à Élizabethville ( Congo ex-belge )…
et le 20 janvier 1973, Assassinat de Amilcar Cabral leader nationaliste de Guinée-Bissau…
15 janvier 1971 :
Exécution publique de Ernest Ouandié, leader de l’U.P.C Au Cameroun, les combats, et les massacres de villageois par les troupes franco-camerounaises, dans le cadre de la répression de l’UPC, mouvement politique qui s’oppose au régime néo-colonial, durent jusqu’en 1963. Ernest Ouandié conserve un noyau de maquisards jusqu’en août 1970.
Il est arrêté le 21 août 1970 lors d’un déplacement organisé par Mgr Albert Ndongmo, évêque de Nkongsamba. Il sera jugé avec d’autres compagnons et l’évêque, pour complot visant à assassiner Ahmadou Ahidjo, le chef de l’État, lors d’une parodie de procès devant le Tribunal Permanent Militaire à Yaoundé. Son avocat, Me de Felice, se voit refuser l’entrée au Cameroun.
Ouandié sera fusillé sur la place de Baffousam avec deux autres de ses camarades le 15 janvier.[page]
Implication de la France…
Ahidjo est une créature de la France. Jacques Foccart tire les ficelles. L’État français montre à quel point il se sent concerné par cette affaire ; dès sa parution chez Maspero, le livre de Mongo Beti Main Basse sur le Cameroun est interdit.
L’auteur y exprime son indignation face à l’inertie de l’opinion française qui, hormis les journaux l’Humanité et la Croix ( à cause de l’inculpation de l’évêque ) ne s’émeut pas, alors qu’une vaste campagne vient d’être menée en faveur des accusés du procès de Burgos.
( » Mongo Beti, Le Cameroun d’Ahidjo, Temps Modernes » ; novembre 1972, n° 316 ; » Mongo Beti, Main basse sur le Cameroun « , Édition des peuples noirs ).
( François Xavier Verschave, » La Françafrique Le plus long scandale de la République « , Stock, page 105-106 ; Marianne Cornevin, » Histoire de l’Afrique contemporaine « , Payot, 1978. )
Véritable pamphlet contre le régime Ahidjo et » bible » de la décolonisation manquée Camerounaise, » Main Basse sur le Cameroun » écrit en 1972 a été interdit en librairie dès sa parution…
17 janvier 1961 :
Assassinat de Patrice Lumumba à Élizabethville ( Congo ex-belge ) Suite au soulèvement de janvier et octobre 1959 à Léopoldville, l’indépendance du Congo est octroyée par Bruxelles pour le 30 juin 1960.[page]
Le 31 mai 1960, Patrice Lumumba remporte les élections et devient Premier ministre, tandis que Joseph Kasa Vubu devient président du Congo. Des troubles éclatent en juillet lors de la tentative d’africanisation du corps des officiers de l’armée congolaise.
Le 11 juillet 1960, Moïse Tshombe, soutenu par les troupes belges et poussé par l’Union minière, proclame la sécession du Katanga, l’État du cuivre. Lumumba et Kasa Vubu font appel à l’ONU qui envoie des casques bleus et impose le départ des troupes belges. Celles-ci se retirent sauf au Katanga où elles maintiennent Tshombe en selle. L’armée nationale congolaise combat la sécession du Sud-Kasaï et se dirige vers le Katanga.
Fin août la CIA, les belges et de fait aussi l’ONU, entreprennent d’écarter, voire d’éliminer Lumumba. Kasa Vubu le démet de ses fonctions le 5 septembre en dépit de l’opposition du Parlement. Le 14 septembre, le colonel Joseph-Désiré Mobutu, nommé chef d’état-major par Lumumba entreprend un coup d’État et arrête le Premier ministre.
Le 24 novembre, l’Assemblée Générale de l’ONU reconnaît la légalité de la délégation de Kasa Vubu au détriment de celle de Lumumba.
Celui-ci s’évade le 27 novembre mais est repris le 2 décembre.
Les 12 et 13 janvier éclate une révolte au camp de l’armée à Thysville2 où est enfermé Lumumba. Les Occidentaux craignent le retour de Lumumba et Bruxelles exerce des pressions pour qu’il soit livré à Tshombe ( Katanga ) ou à Kalonji ( Kasaï ).[page]
Le 17 janvier 1961, Patrice Lumumba, Maurice M’Polo et Joseph Okito, après avoir subi de nombreux sévices, sont transférés à Élisabethville au Katanga. Tshombe et son entourage belge du Bureau-conseil du Katanga décident d’éliminer immédiatement les trois prisonniers.
En présence de Tshombe et de trois de ses « ministres », ils sont exécutés par des policiers et des soldats katangais commandés par deux belges, le commissaire de police Frans Verscheure et le capitaine Julien Gat.
Il s’ensuit une succession de troubles. Le 25 novembre 1965, à l’issue d’un nouveau putsch, Mobutu prend le pouvoir.
Implication de la France…
La position de la France a varié entre le soutien à Tshombe, motivé par les richesses du Katanga, et le principe du maintien des frontières coloniales.
Peu avant l’indépendance, le 26 février 1960, Maurice Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères tente de faire valoir le droit de préférence de la France sur le Congo qui lui avait été accordé par Léopold II, en échange de la reconnaissance par celle-ci de l’Association Internationale du Congo, contrôlée par le même Léopold II.[page]
La France a favorisé l’élimination de Lumumba. En décembre 1960, Jacques Duchemin est conseiller militaire de Tshombe.
Fin janvier 1961, le colonel Trinquier, adjoint de Massu à Alger et théoricien de la torture, est en mission au Katanga.
( Le colonel Trinquier ).
Le 31 janvier, le gouvernement Tshombe rédige un contrat d’embauche de Trinquier comme chef de la Gendarmerie katangaise.
Mais Bruxelles ne tolère pas cette intrusion dans son arrière-cour.
Ce n’est qu’après la réduction du cadre belge sous la pression de l’ONU que Trinquier organisera la force armée katangaise avec le commandant Roger Faulques, autre tortionnaire en Algérie, et Bob Denard.[page]
Roger Faulques ‘ Hero français ‘.
Colonel Robert ‘ Bob ‘ Denard ( 1929 – 2007 ).
Pierre Dabezies, membre du cabinet de Pierre Messmer, ministre de la Défense, suivait le dossier Katanga. Le Congo de Fulbert Yulu est par ailleurs utilisé comme base avancée.[page]
( Ludo De Witte, » L’assassinat de Lumumba « , Karthala, 2000, page 158-159, 223-277 ; Pierre Péan, » L’homme de l’ombre, éléments d’enquête autour de Jacques Foccart, l’homme le plus mystérieux et le plus puissant de la Vème République « , Fayard, 1990, page 297-302. )
20 janvier 1973 :
Assassinat de Amilcar Cabral leader nationaliste de Guinée-Bissau…
Amilcar Cabral est assassiné à Conakry. Surnommé le « Ché » africain. Cabral était à la fois un grand théoriciens de la lutte de libération national et un grand rassembleur.
Il reste l’un des plus importants théoriciens de la Révolution africaine. Dans les années 1950, il fait la connaissance de ses futurs compagnons d’armes avec qui il va jouer un rôle déterminant pour l’indépendance de la Guinée portugaise et du Cap Vert.
En 1952, il est engagé comme agronome au service des autorités coloniales, et il retourne en Guinée portugaise pour travailler. En 1956, il fonde le P.A.I.G.C ( Partido Africano para a Independencia da Guine e de Cabo Verde ) avec son demi-frère Luis Cabral, Aristide Pereira et Rafael Barboza à Bissau.
Le mouvement de lutte anti-coloniale débute concrètement avec la grève des dockers de Bissau en 1959.[page]
Implication du Portugal…
L’année 1963 marque le début de la lutte armée sur le sol guinéen. Les troupes armées du P.A.I.G.C. remportent plusieurs victoires face aux soldats de la métropole portugaise, mais Amilcar Cabral ne vivra pas assez longtemps pour assister à l’indépendance de la Guinée portugaise et du Cap Vert. Il est assassiné le 20 janvier 1973 à Conakry.
( Voir aussi » Mémoire du Monde Noir » de David Gakunzi ).