Intelligente, très belle, honnête et fière d’être noire, la Réalisatrice de film Euzhan Palcy nous a encore gratifié d’un excellent long métrage. Il s’agit d’un documentaire intitulé « Parcours de
Dissidents ».
Une femme formidable qui ne cherche pas la gloire, ni l’argent… un exemple à suivre ! ( elle a eu à refuser une proposition de réalisation de film de Steven Spielberg car elle préparait un documentaire sur Aimé Césaire.
Elle a dit : « Pour moi, Aimé Cesaire est un homme plus important que Spielberg » )
Elle est aussi la première femme noire cinéaste de l’histoire du cinéma américain ( prix Orson Welles pour son travail ) ! Euzhan Palcy est Chevalier de l’Ordre National du Mérite et a reçu la Légion d’Honneur des mains du président Jacques Chirac en 2004 ; un collège martiniquais ainsi qu’un cinéma d’Amiens portent son nom.
Aujourd’hui, même si sa carrière semble plus connue et appréciée des Américains que des Français, la cinéaste est l’une des personnalités incontournables du 7ème art, dont elle a tant rêvé enfant.[page]
Ces différents films ( » Rue Cases-Nègres « , » Une saison blanche et sèche » , » Siméon » , » Ruby Bridges » , » The Killing Yard « , etc… ) et documentaires, sur Aimé Césaire » Aimé Césaire, une voix pour l’histoire » etc… ) sont gravés pour la vie dans nos mémoires.
Euzhan Palcy est née dans un petit village abandonné par les siens pour la rapprocher du collège, de Fort-de-France ( la Capitale de la Martinique ). L’enfant séparée de son coin de terre devient folle de cinéma, comme le note l’écrivain Simone Schwarz-Bart. Mais les écrans ne lui offrent jamais d’images familières.
Les Noirs sont toujours représentés comme des demi-singes. Ils sont toujours méchants, affreux, bestiales.
A l’âge de dix ans, elle connaît presque toute la littérature martiniquaise de son temps. Elle n’a pas encore 12 ans lorsqu’elle griffonne sur un cahier de classe ce qui sera bientôt la première adaptation du livre de Joseph Zobel ( Rue Cases-Nègres ). Une Reine, comme AfricaMaat les aime, vient de naître !
A l’age de 21 ans, ce sera pour le petit écran la réalisation de » La Messagère » une des premières dramatiques antillaises.
A Paris, elle prépare une licence de lettres et une maîtrise de théâtre. De Paris, elle dira simplement plus tard : « J’étais une femme, j’étais noire et j’étais jeune, j’accumulais tous les handicaps. »[page]
Enfin, après de nombreuses promesses d’aide non tenues, elle réalise le rêve de son enfance :
une des Affiches du Film » Rue Cases-Nègres « .
Elle obtient l’avance sur recettes pour son film « Rue Cases-Nègres », puis la grande contribution de la municipalité de Fort-de-France, puis d’autres contributions.
Ce film reçue de nombreux prix ; entre autres, Lion d’argent, Prix de la meilleur actrice pour Darling Legitimus, César du meilleur film à Paris, Prix spécial du jury au Festival de Houston, Prix du public au festival de Ouagadougou, Oscar du meilleur film décerné par l’Association des cinéastes noirs américains, etc…[page]
Au cours de l’année 2005, grâce au documentaire « Parcours de Dissidents », la cinéaste répare les oublis de l’Histoire en donnant la parole aux Antillais de la Seconde guerre mondiale qui combattirent pour la liberté aux côtés du général de Gaulle. Levant le voile sur une mémoire occultée, Euzhan Palcy réalise un film émouvant et authentique qui rappelle aux jeunes générations le sacrifice des anciens pour la liberté de tous.[page]
( R.F.O. proposera un documentaire inédit, » Parcours de Dissidents « , qui revient sur l’histoire exceptionnelle mais méconnue de ces héros, pour la plupart antillais, qui ont participé à la Seconde guerre mondiale. )
Ce film, qui s’articule comme un documentaire, est axé sur deux objectifs. Il s’agit d’une part de rendre hommage aux dissidents antillais en faisant connaître leur courage et en réhabilitant leur action au sein de l’Histoire, et d’autre part de mettre en image l’exercice du souvenir. Un exercice qui prend, finalement, autant d’importance que le souvenir évoqué.
Fiers d’avoir participé à l’action résistante de la Seconde guerre mondiale, les anciens dissidents sont malgré tout déçus de voir comment leur participation a été méprisée par certains gradés, ignorée par la Métropole et donc immanquablement méconnue, voire dévalorisée par leurs contemporains antillais.
Il semble donc urgent, aujourd’hui, de sauvegarder les témoignages des derniers dissidents qui représentent véritablement l’Histoire, mais surtout d’obtenir la compréhension et le respect de leurs contemporains ainsi que des générations à venir.
Ce film se veut le reflet de cette quête exceptionnelle et poétique de « Don Quichotte des Caraïbes » dont l’humour et le recul ne diminuent en rien l’héroïsme passé. Les dissidents nous invitent à voyager dans le temps ; un temps suspendu et volage, moqueur et douloureux à la fois.
( Chère Soeur Euzhan, je te souhaite une bonne et heureuse année. )
Bibliographie :
– » Hommage à la femme noire » de Simone Schwarz-Bart, Editions Consulaires, Volume VI.
– » Les Dissidents des Antilles » de Lucien Abenon et de Henry E. Joseph.