Le site Africamaat vous invite à apprécier les pistes pédagogiques préconisées pour l’enseignement scolaire de l’historiographie des razzias négrières et de l’esclavage. Encore une fois, le parti pris eurocentriste est évident. Etant dans la même plaidoirie, accusé du » Crime » et surtout » juge « , il est donc facile pour l’Europe de présenter aux jeunes générations, une argumentation de dédouanement
( en passant sous silence de nombreux faits historiques accablant et en falsifiant la vérité ).
Quant à l’idée de présenter l’histoire de l’esclavage à travers le thème » Humanisme et Renaissance « , il y a de quoi » pleurer de rire » !
Rappelons enfin qu’un congrès pédagogique avait déjà préconisé » Tintin au Congo » comme outil pédagogique aux enseignants pour aborder l’esclavage.
( Programme national de pilotage, direction générale de l’enseignement scolaire, Séminaire national du 10 mai 2006 )
L’étude de l’histoire de l’esclavage est souvent proposée très succinctement dans les programmes et manuels scolaires. On la retrouve la plupart du temps évoquée simplement à titre d’exemple ou de module, traitée d’un point de vue économique avec le commerce triangulaire ou anecdotique
( nominatif ) avec l’abolition de l’esclavage. Pourtant ce récit doit représenter un pôle majeur du programme scolaire d’après le rapport du C.P.M.E. au premier ministre et d’après les dernières directives de l’Education Nationale dans ses bulletins officiels.
Ainsi le CPME propose de privilégier et de développer une approche plus globale de cette histoire et surtout plus humaine.
Un de ses membres, Marcel Dorigny, nous explique les conditions de vie et de travail dans lesquelles ont vécu ou plutôt survécu les esclaves pendant plus de quatre siècles. Cet aspect de l’histoire pourra être abordé dans le programme d’histoire de seconde à travers le thème » Humanisme et Renaissance « , avec l’explication de la naissance de l’esclavage.
Une démarche chronologique sera donc possible en concluant en fin d’année sur l’abolition de l’esclavage dans le thème » L’Europe en mutation dans la première moitié du XIXème siècle « . L’objectif principal est de proposer une vision globale de l’histoire de l’esclavage aux élèves mais aussi de les sensibiliser aux traitements humains infligés à ces peuples pendant plus de quatre siècles. Cet angle de vue permettra certainement une plus grande implication des lycéens.
Il sera possible de mettre en place un travail de recherche autour des conditions de vie et de travail des esclaves, de la renaissance à l’abolition de l’esclavage en s’appuyant notamment sur le journal intime[page]
d’une esclave publié en 2002 : » Autobiographie d’une esclave » de Hannah Krafts.
( En 2001 à New York, un professeur d’Harvard, spécialiste d’histoire afro-américaine, fait l’acquisition d’un manuscrit. À l’issue de son étude, il publie l’année suivante ce qui s’avère être le premier roman écrit aux Etats-Unis par une esclave ayant réussi à s’échapper, et très certainement le premier livre écrit par une Noire, avant même la guerre de Sécession )
1) La traite négrière s’effectue en trois temps :
– Première étape, la capture des esclaves ( il n’existe pas de bilan chiffré ).
– Deuxième étape, l’attente sur les côtes. On ne gardait que les esclaves ayant une valeur marchande. A partir de cette période, nous disposons de données chiffrées puisque les transactions effectuées sont des actes commerciaux qui par définition laissent des traces.
– La dernière étape de la traite et la plus importante, la traversée. Il s’agit d’un long voyage durant trois à six semaines où le taux de mortalité s’élevait à environ 15%. Il s’est affaiblit par la suite principalement pour deux raisons, la durée des voyages diminuait ( les techniques progressaient, on avait une meilleure maîtrise de l’itinéraire… ), et le capitaine, voulant être rentable, limitait les pertes de vie humaines.
Cette deuxième cause de la baisse de mortalité se traduisait par diverses obligations. Avoir un chirurgien à bord, décontaminer régulièrement le bateau, sortir les esclaves, emporter des vivres frais… A partir de 1807, par le traité de Vienne, la traite est devenue illégale mais n’a pas cessé pour autant. Son illégalité a provoqué une augmentation du taux de mortalité puisque les conditions d’hygiène et de santé minimales n’étaient plus respectées.
2) On peut classer les violences subies en deux catégories :
– La violence morale, commençait tout d’abord par le déracinement, d’où l’importance des suicides. A cela succédait la déculturation, on changeait le nom des esclaves, souvent on ne leur attribuait qu’un simple surnom.
De plus, on les baptisait deux fois, une première fois de manière collective dans le bateau pour ceux qui ne survivraient pas au voyage et une seconde fois individuellement pour leur attribuer un nom.
Par cet acte, les planteurs s’appropriaient l’identité de leurs esclaves et ils l’officialisaient par une marque au fer rouge, violence physique et morale.
Tout ceci était accompagné de nombreuses autres humiliations ( inspections sanitaires… )[page]
– La violence physique, se traduisait par la médiocrité des conditions de vie et de travail, sans oublier la sous-alimentation. La nourriture était calculée en vue de ne fournir aux esclaves que le strict minimum pour qu’ils puissent la réalisation de leur travail quotidien. Les châtiments et la répression étaient codifiés par le code noir dans les colonies françaises. Ils pouvaient se présenter sous différentes formes, Fouet, Marquage à la fleur de lys pour les fugitifs, les amputations, la peine de mort qui ne pouvait être attribuée que par les tribunaux royaux.
Par conséquent l’espérance de vie d’un esclave travaillant sur les plantations était courte, elle s’élevait environ à une quinzaine d’années. Et cette violence était encore plus développée pour les nouveaux arrivants…
3) La hiérarchie des esclaves :
– Les bossales ou les nègres d’Afrique, récalcitrant à l’autorité du maître, ils sont soumis aux travaux les plus durs mais ce sont ceux dont on a le plus besoin. Les sociétés africaines n’avaient pas cette logique de productivité ainsi le rythme de travail et les horaires auxquelles ils étaient contraints étaient inhabituels (sic). Le travail était quasi militarisé sous les ordres d’un commandeur, esclave lui aussi mais d’un autre » grade « , qui rythmait le travail avec le fouet. Cela permettait le rendement exigé.
– Les esclaves créoles, plus dociles, ils sont nés sur place et font parti de la deuxième génération. Ils ont souvent eu un apprentissage et on leur confie donc des tâches plus spécialisées ( l’entretien des moulins à sucre, tout ce qui est lié aux métiers de l’artisanat… )
C’est chez eux que l’on va recruter les commandeurs. Ils vivent beaucoup mieux.
– Les domestiques, ces esclaves sont au service du train de vie du maître. Ce sont des jardiniers, des cuisiniers, des servantes, des blanchisseuses… L’élite de cette domesticité vit avec le maître et leurs conditions de vie et de travail sont encore meilleures que celles des esclaves créoles.