Dénoncer le racisme archéologique.

La revue scientifique  » pour la science  » ( édition française de la revue U.S ‘ scientific American ‘ ), nous présente la recherche archéologique en terre africaine, sous l’intitulé explicite suivant :  » Le Rascisme Archéologique « .

Cet article daté de janvier 1998, explique officiellement le mécanisme de la falsification de l’histoire de l’Afrique au regard de l’idéologie coloniale et néocoloniale qui veut que toute civilisation avancée, toute construction massive en pierre ( Egypte, Zimbabwé… ) soit issue systématiquement d’une migration mythique  » blanche « .

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Prenons donc l’exemple da la civilisation de Zimbabwé, décrit dans l’article. On apprend donc qu’en découvrant Zimbabwe, le professeur allemand Karl Mauch, stipulat en 1871 que :

 » La cité n’a pas été construite par des Africains, car le style de construction est trop élaboré, c’est l’œuvre de colons phéniciens ou juifs « .

Et l’article poursuit ! :

 » Un échantillon de bois confirme son analyse rapide, il a la même odeur que son crayon, donc il est en cèdre et provient du Liban. Mauch est suivi de Willi Pooselt qui dérobe un des oiseaux de stéatite et en cache d’autres, en attendant de revenir les chercher (…) Quand Cécil Rhodes, fondateur de la Société britannique Sud-Africaine, autorise Neal à exploiter toutes les ruines rhodésiennes, Zimbabwe est pillé, ainsi que les autres sites de l’Age du fer, l’or et tous les objets de valeur sont emportés, sans aucun respect pour les constructions ni pour les objets sans valeur marchande ( poteries ; objets en argile, figurines ).

Le premier archéologue à venir sur le site est l’Anglais Théodore Bent (…) Il conclut que Zimbabwe a été construit par une race bâtarde, descendant d’envahisseur blancs venus du Nord, puisque, comme Rhodes et la plupart des colons européens le supposent, des Noirs n’auraient jamais pu le construire « .

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Pendant ce temps, Les chercheurs africains qui soutenaient le contraire étaient persécutés :

 » De 1965 jusqu’à l’indépendance, en 1980, le Front rhodésien, parti fondé par le Premier ministre Ian Smith et qui défend un système d’apartheid, censure tous les ouvrages et documents qui décrivent Zimbabwe ; les archéologues qui défendent l’origine africaine de Zimbabwe sont emprisonnés et expulsés ; les Africains qui soutiennent des positions similaires perdent leur travail ; les populations locales n’ont plus le droit d’y célébrer des cérémonies rituelles ; même les visites du site sont
interdites « .

Soutenue par l’ancien régime sud africain, cette mascarade suivait paisiblement son cours.

Ce n’est que depuis quelques années et surtout la fin du régime de l’apartheid en Afrique du Sud que les constructions de la civilisation de Zimbabwe ( à savoir  » la maison de pierre  » ) ont été officiellement attribuées au peuple Nègre Shona de la région. Cela avait déjà été démontré par les historiens africains depuis le début des recherches et aussi en 1905, par l’égyptologue David Randall-Maclver.[page]

Mais qui voit les ruines de Zimbabwe découvre qu’il s’agit en fait d’un empire incroyable par son gigantisme. Imaginez un peu : une immense muraille en forme d’ellipse a une hauteur de 10 m et son épaisseur à sa base est par endroit de 5,50 m pour 1,30 à 3,60 m de large à son sommet.

Son périmètre est de 244 m et le sommet de la muraille est décoré de motifs à chevrons. Une tour conique à l’intérieur de l’enceinte s’élève à 9 m de haut pour 5,4 m de diamètre.

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A 700 m au nord, on trouve encore l’Acropolis Hill, une colline à sommet plat sur lequel a été construit un immense château fort, dont la fondation remonte au 4ème siècle. Sa muraille s’élève à 11 m de haut pour 100 m de long et 45 m de large. Toute la région de Zimbabwe, couverte de ruines en pierre, s’étend sur une zone de plus de 7 km carrés.

On y a même retrouvé de la porcelaine chinoise, preuve de l’existence d’un commerce international déjà florissant à cette époque.

C’est ce gigantisme qui a conduit les chercheurs européens, prisonniers de la vision coloniale de l’histoire de l’Afrique, a déclarer qu’il s’agissait des mines du roi Salomon.

Ce qui est intéressant pour nous, c’est qu’au regard de ces vestiges on découvre qu’il existait au sein du peuple Shona, des astronomes avertis ( car l’édifice jouit d’une orientation astronomique précise ), des architectes doués, des ingénieurs en construction en pierre et en génie civil, des mathématiciens, des maçons, des urbanistes, etc…

bref, toute une classe d’intellectuels et de savants qui était les joyaux vivants du royaume Shona.[page]

L’explorateur O. Dapper nous a heureusement décrit quelque peu, la vie dans ce vaste empire du Monomotapa, dirigé par le seigneur Mwana Mutapa :

 » On y entre par quatre grands portaux où les gardes de l’empereur font tour à tour la sentinelle.

Les dehors sont fortifiés de tours et le dedans divisé en plusieurs chambres spacieuses garnies de tapisseries de coton où la vivacité des couleurs dispute le prix à l’éclats de l’or, si l’on en croit quelques géographes.

Des chaires dorées, peintes et émaillés et des chandeliers d’ivoire suspendus à des chaînes d’argent sont une des beautés de ces appartements somptueux.

Sa vaisselle est de porcelaine entourée de rameaux d’or « .[page]

Un explorateur français du 17ème siècle, Nicolas Sanson d’Abbeville, nous décrit encore le palais
( Cf. L’Afrique en plusieurs cartes nouvelles et exactes, Paris, 1656 ). Nous constatons alors que nul ne manquait d’éloge pour décrire ce vaste empire et surtout le palais :

 » Le palais est grand, magnifique, flanqué de tours au dehors avec quatre principales portes ; le dedans enrichi de tapisseries de coton, rehaussée d’or et de meubles riches et superbes « .

Cette construction massive en pierre témoignent encore de l’existence d’outils ( pelles, ciseaux de taille… ), de connaissances mécaniques ( leviers, rampes, contrepoids… ), mathématiques ( cône, ellipses… ) architecturales ( plans, maquettes ), etc…[page]

Il est encore intéressant de noter que ce vaste royaume de Dzimba Zemabwé ( Zimbabwé ) jouissait, d’une organisation sociale stricte ( comme tous les empires africains ), reflet d’une société humaine administrée et hiérarchisée. Au sommet de cette hiérarchie sociale on trouve la Namwari ( reine Mère ) et le Mwene Mutapa ( empereur, maître de la fortune richesse ) puis viennent les Chembere Mwari ( les prêtres ), puis les Mashona ( fonctionnaires ), puis les Renge ( artisans ), puis les Limpo
( agriculteurs ), après les serviteurs et enfin les captifs.

Si l’on considère que cette pyramide sociale se rapproche de celle de Kemet ( l’Egypte ancienne ), on peut légitimement penser que les prêtres cumulaient les fonctions sacerdotales et celles d’ingénieries techniques ( construction, astronomie, urbanisme… ).[page]

Extrait de l’ouvrage  » Les racines africaines de la civilisation européenne  » de Jean-Philippe Omotunde.

Jean-Philippe Omotunde