De la Magie à Kemet ( égypte antique ) au Vodoun ( Vaudou ).

Démonstration, à partir des textes hiéroglyphiques et hiératiques mêmes, qui met en lumière encore une fois l’unité culturelle profonde entre l’Égypte antique et le monde noir d’aujourd’hui…

Cette démonstration est bien sûr qu’une première approche, approche qui se veut modeste vu que le sujet fera l’objet d’un livre sur la Magie à Kémèt ( Égypte antique ). C’est pour cela que nous avons circoncis notre exposé à quelques textes magiques de Kémèt concernant l’utilisation de figurines faites de cire dans les textes d’envoûtement, poupées mortuaires, et quelques formules magiques pour évoquer des morts et des esprits. Ma démarche est celle de l’égyptologue ; N’étant pas moi-même
‘ Prêtre ‘ Vodoun, je me suis borné à quelques comparaisons simples entre la magie à Kémèt ( Égypte Antique ) et le ‘ Vodou ‘ haïtien.

Magie

L’apparition de la Magie en Afrique se perd dans la nuit des temps ; dans les Textes des Sarcophages, elle précède la création ( il existe en effet une forme divinisé de la magie ; c’est le dieu Heka ) ; et depuis l’Antiquité, l’Égypte est un pays réputé pour sa magie et ses magiciens. Lorsque ses forces physiques et psychiques ne lui suffisaient plus, l’égyptien ancien se réfugiait dans la magie.

Cependant, pour le Kamit, la vie posthume était plus importante que la vie terrestre parce que, d’après lui, l’homme vit sur la terre peu de temps, mais dans l’autre monde à jamais.

En réalité, à Kémèt, tout le monde pouvait exercer et exerçait la magie ; mais, s’il était possible, on demandait aide au magicien de profession, auquel on se fiait. Ce que nous appelons aujourd’hui Magie, Sorcellerie, Religion, Médecine, tout cela se confondait à Kémèt. Si les mots « Héka et Hékaou » correspondent à peu près à ce que nous entendons par « Magie » ou plus précisément « Pouvoir magique », aucun mot égyptien ne correspond à ce que nous entendons par « Religion ». Mais le terme généralement utilisé pour désigner une incantation ordinaire est « ra » c’est-à-dire « formule magique ».[page]

Formules de ‘ Sortir dans la Lumière du Jour… ‘

Le « Héry-tep » ( le Magicien ) Heryou-tep, ( les Magiciens ). Mais aussi « Hekay » pour « magicien » est souvent prêtre lecteur ( en chef) , prêtre ritualiste. Les pratiques sacerdotales ne différaient aucunement de celles du magicien.

Les prêtres passaient une partie de leur temps à cracher sur les figurines de cire des ennemis de leur dieu et ils les foulaient du pied gauche. Il est rare que les textes magiques soient récités sans l’exécution de gestes rituels. Le prêtre Sem du Roi est Hery-Tep ( Magicien ), scribe royal, prêtre-lecteur, directeur des prêtres-ouâb de Sekhmet, etc…

Le prêtre-ouâb de Sekhmet est lui-même souvent un médecin ( Sounou ) réputé. Donc, la magie ne peut pas être séparée de la « religion » ou de la médecine. La Magie était surtout une Science livresque pour les Kamits ; pour eux, cela faisait partie de la vie quotidienne ; et les Magiciens de la Vallée du Nil jouissaient d’une très bonne réputation chez leurs voisins.

En quoi certains textes de Kémèt sont-ils magiques ?

Citons ce passage de L’Enseignement pour Mérikarê ( Moyen Empire, vers 2000 av. J.-C. ) :

« La magie est une arme que le dieu suprême a donnée à l’humanité afin de lui permettre de repousser le coup d’un événement inattendu, contre lequel on monte la garde nuit et jour ».

Donc, la Magie est un don accordé par dieu et elle sert dans un premier temps à protéger les hommes contre les coups du sort. Ici est mis en évidence la nature défensive de la magie. ( On est bien loin du sens péjoratif donné par l’Occident aujourd’hui ) L’efficacité d’un médicament doit être toujours appuyée d’une formule magique, et inversement, que la formule magique doit être accompagné d’un médicament convenable.

Mais d’autres formules magiques attribuent à la magie un pouvoir plus grand. Certains textes prêtent[page]

aux magiciens des pouvoirs de sorcellerie stupéfiants. C’est aussi le cas des textes magiques qui concernent « la vie » après notre passage terrestre ( On peut citer, ‘ Les Textes des Pyramides ‘, ‘ les Textes des Sarcophages ‘ et le Livre appelé injustement ‘ Livre des Morts ‘ ).

Ce sont des textes magiques qui permettent au défunt de trouver son chemin dans les enfers.

Nous ne partageons pas l’avis de Sigmund Freud lorsqu’il écrit que toute action humaine serait magique ( ‘ Totem und Tabu ‘, Leipzig, 1913 ). Sa définition de la magie est trop large.

Nous ne sommes pas surpris que le médecin guérisse un malade du cancer en opérant sa tumeur cancéreuse. Nous ne sommes non plus étonnés de la guérison par suggestion d’une fille possédée d’un malheureux amour. Mais assurément chacun déclarerait que c’est de la magie si l’on tentait de faire disparaître par suggestion une tumeur cancéreuse ou si l’on tentait d’opérer l’amoureuse de son affection.
La guérison de l’amour malheureux et l’ablation de la tumeur cancéreuse sont des phénomènes naturels, aussi la suggestion et l’opération se rencontrent quotidiennement dans notre vie. Il suit de là que ni l’action, ni son résultat ne sont magiques. L’acte est la cause, son résultat est l’effet, ils sont donc liés par la loi de la causalité naturelle.

Les anciens égyptiens connaissaient bien la différence entre les phénomènes naturels et magiques ; et entre les médecines naturelles et magiques ( même si ils les combinaient ). Outre la loi de la causalité naturelle, ils connaissaient la loi de la causalité magique. La science d’aujourd’hui, ne croit plus à l’existence de la causalité magique. Elle appelle cela « Hasard » ou « Miracle ».

La Magie est donc l’activité tendant à produire l’effet dont la connexion avec cette action n’est pas subjectivement explicable par la loi de causalité naturelle :

Formules magiques de Kémèt pour éveiller et faire venir l’esprit du défunt ( ‘ Textes des Pyramides… ‘ )
( « N » est ici le Nom du défunt )

Allez devant la Tombe du défunt et dire :

« N ! » ouvre ses yeux « N ! » regarde autour de soi. « N ! » écoute « N ! » est ici « N » relève-toi sur ton côté gauche et commande ! Toi, haïssant le sommeil, toi, couché dans l’évanouissement, lève-toi, toi qui est de la ville de Nédit. Prépare ton bon pain de la ville de Pe, saisit ton sceptre de la ville d’On ! C’est Horus qui a ordonné de faire ceci pour son père ( Osiris )…[page]

Les femmes vodoun emportent avec elles leurs poupées mortuaires. Sculptées après la mort des enfants, celles-ci offrent de nouveaux corps aux âmes errantes. ( tradition Yorouba qui remonte à
Kémèt )

A Kémèt, la Magie ( Hekaou ) protège aussi des maladies, des démons, des animaux dangereux et de certaines personnes. Un texte, du Temple d’Esna, nous décrit une fête importante du dieu principal de la ville ( Khnoum ) où un certain nombre de personnes sont alors frappées d’interdits liés à des impuretés physiques ; par exemple les leucodermes venus des régions se situant à l’est de l’isthme de Suez ; mais aussi les personnes en deuil…

Les Kamits se méfiaient des « Séthiens », des Rouges, c’est-à-dire des leucodermes. Des hommes roux étaient immolés devant le tombeau d’Osiris ( ‘ Hera d’Héliopolis et le sacrifice humain, J. Yoyotte,
1981 ‘ )

Le magicien est impliqué dans les rites d’envoûtement. Ces actes sont bien connus durant toute la civilisation égyptienne. On détruit rituellement les images des ennemis en prononçant des formules destinées à l’anéantissement, non pas des effigies, mais des personnes réels.[page]

La substitution au corps de l’être vivant ( du dieu, de l’homme ou de l’animal ), d’un corps modelé en argile, en bois, en pierre ou en cire tire son origine des temps les plus reculés. On trouve déjà dans les tombeaux préhistoriques des anciens égyptiens, des figurines d’hommes et de femmes, dont le but était de fournir des épouses aux esprits des hommes, des époux aux esprits des femmes, et des domestiques des deux sexes aux esprits des maîtres et maîtresses.

Puis, la croyance, que la statuette pouvait remplacer le corps vivant, passa de la vie posthume à la vie terrestre. Dans la littérature des anciens égyptiens, nous rencontrons maints contes où il est dit que des statuettes fabriquées artificiellement en cire se changent en des êtres vivants véritables lorsque le sorcier prononce sur eux une formule magique.

Nous rencontrons dès le Moyen Empire un rite tendant à dérober la vie à un ennemi ou à un importun. Le magicien fabrique une statuette en cire représentant son ennemi et ainsi il se procure un corps remplaçant le corps véritable de son ennemi. En écrivant sur la statuette le nom de son adversaire et le mettant en rapport avec son original vivant, il lui donnait une partie de l’esprit de ce dernier. C’est ainsi que le sorcier fait une seconde personne de son ennemi, entièrement en son pouvoir. L’esprit de cette seconde personne était forcé d’exécuter les ordres du sorcier.

Quand l’esprit de la statuette éprouvait de la douleur, l’esprit de l’homme en éprouvait aussi, et cet homme exécutait ce que décidait l’esprit de la statuette. Le corps de l’homme vivant était sujet aux mêmes changements que le corps subsidiaire de la statuette, et que si ces deux sortes de changements ne s’effectuaient pas en même temps, ils se suivaient de peu. Le magicien enterre la statuette au cimetière, et l’oraison funèbre qu’il dit sur elle n’est que la demande adressée à Osiris de ne point épargner son ennemi. Puis il s’attend à ce que son ennemi se trouve bientôt là où est la statuette et que ce dernier devienne la proie de la colère du dieu irrité.
( ‘ Textes des Sarcophages ‘ )

Exemple du ‘ Le Livre du Serpent Apopis… ‘

Dire cette formule sur Apopis, fabriqué de cire, sur lequel on a écrit avec de la couleur verte son nom qu’on écrit aussi sur une feuille neuve de papyrus. Puis façonner en cire tous les ennemis du roi, morts ou vivants, et écrire leurs noms en couleur verte. Ensuite les lier dans la boîte, cracher sur eux, les fouler du pieds gauche, les percer du couteau et les jeter dans de la paille en feu qu’on éteint ensuite avec de l’urine d’une femme nubile. Ensuite écrire les noms d’Apopis et de tous les ennemis du Roi… morts ou vivants avec du crayon rouge sur la terre, et les fouler du pied gauche. (…)[page]

Exemple du ‘ Papyrus Rollin… ‘

Il se mit à exercer la magie afin de geler les hommes sur place et causer le désastre et fabriqua en cire plusieurs statuettes des hommes pour paralyser les membres des gens.(…)

Exemple du ‘ Papyrus Westcar… ‘

Histoire du crocodile long de 7 pouces qui se transforme en un crocodile long de 7 coudées… Résumé succinct :

Oubaoné est chef lecteur du pharaon ( donc, il est magicien ). Son épouse est éprise d’un bourgeois. Oubaoné décide de se venger de l’amant de sa femme. Il confectionne un crocodile en cire, long de sept pouces. Il lit sur lui une formule magique. Il remet à son serviteur le crocodile en cire et lui dit que lorsque le bourgeois ira se baigner dans l’eau avec sa femme, de jeter le crocodile de cire derrière lui. Lorsque plus tard le serviteur fit ce que le prêtre lecteur lui avait dit, le crocodile en cire de 7 pouces se transforma en un vrai crocodile long de 7 coudées ( environ 3,5 mètres ) et s’empara du bourgeois.

Exemple de la cérémonie du ‘ Bois Caïman… ‘

Dans le plan d’extermination général des Blancs conçu par Makandal en 1757, les esclaves du nord attendaient le moment propice pour lancer l’assaut final contre l’ordre esclavagiste. Après diverses réunions très secrètes, un groupe de leaders rebelles mené par Boukman, esclave venu de la Jamaïque et cocher d’habitation dans le Nord, organise le rassemblement des représentants des ateliers et des plantations afin de mettre en œuvre le plan d’insurrection, le cadre en est fourni, pendant la nuit du 14 août 1791 ( du 22 août, selon certains historiens ), par une cérémonie vodoun tenue sur les hauteurs de la ville du Cap, dans l’épaisse forêt d’une localité appelée Bois Caïman.

Note concernant notre choix de « Vodoun » au lieu de « Vaudou »…

Nous avons choisi d’orthographier « Vodoun » et non plus « Vaudou », pour souligner les origines africaines de ce culte ( Dans la langue fon, parlée au Bénin, Vodun signifie une puissance invisible, redoutable et mystérieuse, ayant la capacité d’intervenir à tous moments dans la société des humains ).[page]

On apporte à manger une fois par jour aux poupées mortuaires, des haricots, de la viande de poulet et de l’huile de palme rouge. Puis on les lave et on les met au lit.

René-Louis Parfait Etilé