Scène issue du papyrus d’Hounefer montrant la pesée du cœur lors du jugement de l’âme.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les droits de l’homme ne sont pas apparus en occident avec la déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) adoptée en 1948 au sein de l’ONU. Les droits de l’homme sont issus du droit naturel commun à toutes les cultures, religions et traditions. C’est ce que confirme l’UNESCO dans son rapport « notre diversité créatrice » en 1955. Les droits de l’homme sont des règles universelles qui visent la protection de l’humain, de son prochain. C’est en cela que l’on peut définir les droits de l’homme, comme étant des droits découlant de la dignité inhérente à tout être humain.
L’universalité des droits de l’homme a été renforcée à l’époque de l’antiquité par les premières codifications puis réaffirmée durant l’époque moderne avec les différentes déclarations des droits de l’homme.[page]
I). L’antiquité et les premières codifications des droits de l’homme au sein des différentes cultures et religions.
Vers 1793 avant JC a été rédigé le Code d’Hammourabi du roi de babylone. Vers 900 ans avant JC, est rédigé le texte des dix commandements.
Ce texte est issu de la religion juive et chrétienne. Ces textes reconnaissent notamment le droit à la vie, le devoir de respecter les biens d’autrui, etc. Il ne faut pas omettre le code Manou de la tradition hindoue ou encore le Coran des musulmans.
Il y a eu l’apport africain, trop souvent oublié et de ce fait méconnu, avec l’incontournable Livre des morts des égyptiens ou encore le Code du Mandé.
Le livre des morts des égyptiens (Egypte antique) Le livre des morts est une appellation moderne, à l’origine il s’intitulait « le livre pour sortir au jour ». Il a été rédigé au Nouvel Empire, de la XVIIIe à la XXVe dynastie.
Les égyptiens croyaient en la vie après la mort. Ce livre était censé aider le défunt à réussir son passage vers l’au-delà. Avant d’accéder au royaume des morts, le défunt était jugé et son cœur pesé. Le défunt était confronté à un accusateur divin.
Jugé à l’aide de la Maât, la déesse de la vérité et de la justice, le mort doit rendre compte à Osiris (divinité) de ses actions et de sa manière de vivre sur Terre. Le mort énumère ensuite une quarantaine de péchés qu’il n’a pas commis de son vivant (ex : je n’ai pas dérobé, je n’ai tué personne, je n’ai rien transgressé, etc, …)
Le défunt montre ainsi sa pureté morale et sa bonne conduite sur terre. S’il est innocent, il est admis dans la suite d’Osiris. Sinon, son âme est détruite par un monstre et il disparait définitivement.[page]
La charte du Mandé
La charte du Mandé ou encore appelée charte de Kouroukan Fouga, a été solennellement proclamée le jour de l’intronisation de Soundiata Keïta comme empereur du Mali à la fin de l’année 1236. Cette charte a été inscrite en 2009 par l’UNESCO sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Ce texte est considéré comme l’une des plus anciennes références concernant les droits fondamentaux. Sa reconnaissance confirme sa valeur juridique et sa portée universelle. On trouve dans cette charte les notions de respect de la vie humaine, de droit à la vie, les principes d’égalité et de non-discrimination, de liberté individuelle, de justice, d’équité et de solidarité ( ex : « Une vie n’est pas plus ancienne ni plus respectable qu’une autre vie, de même qu’une autre vie n’est pas supérieure à une autre vie » ; « Que nul ne s’en prenne gratuitement à son voisin, que nul ne cause du tort à son prochain, que nul ne martyrise son semblable »; « La faim n’est pas une bonne chose, l’esclavage n’est pas non plus une bonne chose » ; « La guerre ne détruira plus jamais de village pour y prélever des esclaves »).
Ces différents écrits peuvent être considérés comme les premiers codes des droits de l’homme. Ils fixent les règles de fonctionnement des sociétés humaines selon un principe universel appelé la loi naturelle pour les grecques, tao pour les chinois ou encore l’UBUNTU pour les africains.[page]
Le lauréat du prix Nobel de la Paix 1984, l’archevêque sud – africain Desmond Tutu définissait une personne agissant selon la loi naturelle de l’Ubuntu comme « Quelqu’un (…) d’ouvert et disponible pour les autres (…) car il ou elle possède sa propre estime de soi, qui vient de la connaissance qu’il ou elle a d’appartenir à quelque chose de plus grand. Il se sent diminué quand les autres sont diminués ou humiliés, quand les autres sont torturés ou opprimés. »
II). L’époque moderne et l’internationalisation des droits de l’homme.
Les droits de l’homme ont été réaffirmés et internationalisés par la rédaction de la déclaration des droits de la Virginie en 1776, l’adoption de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen en France, en 1789 durant la révolution française, ou encore l’adoption d’un texte sur les droits sociaux en Espagne en 1812.
Et c’est en 1848 que la reconnaissance de l’universalité des droits de l’homme prend une nouvelle dimension en France avec la rédaction d’une nouvelle constitution abolissant l’esclavage. En effet, la déclaration initiale de en 1789, excluait les femmes et les esclaves.
Puis il y a eu la déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) adoptée en 1948. Après la seconde guerre mondiale et la création de l’organisation des nations unies (ONU), la communauté internationale décréta qu’elle ne laissera plus jamais se produire des atrocités comme celles commises pendant ce conflit. Au vu des conflits actuels et grandissants à travers le monde, il est légitime de se demander si le défi a été relevé…
Il n’y a pas de doute, les droits de l’homme ont une origine mondiale, et sont, en principe, universels, mais lorsque que l’on constate les injustices, les discriminations au quotidien à travers le monde, plus récemment l’esclavage des noirs en Lybie, on peut se demander si la jouissance concrète, pour chacun d’entre nous, de ces droits n’est pas une utopie.