Autopsie de la thèse de la ‘ révolution culturelle européenne des Homo Sapiens ‘.

( Jean Philippe Omotunde ; co-fondateur d’AfricaMaat )

Récemment encore, les savants occidentaux étaient convaincus que la révolution culturelle des Homo Sapiens Sapiens ( l’homme comme vous et moi ), avait d’abord eu lieu en Europe.

Les savants occidentaux, depuis l’époque des Lumières, étaient convaincus que l’émergence de l’intelligence humaine avait eu lieu en priorité en Europe, vers 35 000 ans avant J.C.

Pour appuyer leurs pseudo-thèses scientifiques, ils exhibaient à tout va, les peintures rupestres faites dans des grottes, en Europe et en France en particulier ( exemple : grotte de Chauvet, de Lascaux… datées de 35 000 ans avant J. C. ).[page]

( Grotte de Chauvet )

Naturellement, cette démarche à l’époque des  » Lumières  » servait de toile de fond à l’acceptation des thèses colonialistes visant l’infériorisation et la mise en esclavage, non pas de quelques individus, mais de toute la race noire dans son ensemble, soit des millions d’etres humains.

Ainsi, David Hume ( 1711-1776 ), économiste anglais influent, écrivait par exemple : « Je suspecte les Nègres et en général les autres espèces humaines d’être naturellement inférieurs à la race blanche. Il n’y a jamais eu de nation civilisée d’une autre couleur que la couleur blanche, ni d’individu illustre par ses actions ou par sa capacité de réflexion… Il n’y a chez eux ni engins manufacturés, ni art, ni science. Sans faire mention de nos colonies, il y a des Nègres esclaves dispersés à travers l’Europe, on n’a jamais découvert chez eux le moindre signe d’intelligence ».[page]

Emmanuel Kant ( 1724-1804 ), philosophe allemand, surenchérissait ( Cf. Maladie de la tête ) :
« La nature n’a doté le nègre d’Afrique d’aucun sentiment qui ne s’élève au-dessus de la niaiserie ».

En France, le comte Joseph Arthur Gobineau ( 1816-1882 ), diplomate, écrivain et pionnier du racisme scientifique, ouvrait même la voie à Hitler :

« La variété mélanienne est la plus humble et gît au bas de l’échelle ( humaine ) ».

Pour assurer leur domination perpétuelle sur la race noire, les chercheurs avaient même imaginé que les  » races  » d’hommes ( blanc, noir, jaune… ) avaient eu des ancêtres distincts ( thèse polycentriste ), d’où la prétendue supériorité des européens sur les Nègres, compte tenu du fait qu’ils avaient accédé, avant les Africains, à l’intelligence humaine.[page]

Mais voilà, les découvertes archéologiques faites durant les années 60 ont permis de dresser l’autopsie, d’une part de la thèse polycentriste et d’autre part, du paradigme de l’hominisation couramment admis en occident jusqu’alors.

En effet en 1959, [gras]la découverte à Olduvaï ( Tanzanie ) d’un australopithèque robuste gisant à côté d’outils polis en pierre taillée, par Louis et Mary Leakey confirma que l’Afrique était bel et bien le seul berceau de l’humanité.[page]

Par la suite, les recherches des généticiens, tel le professeur Luigi Luca Cavalli-Sforza, de l’université de Stanford ( USA ) viendront renforcer la thèse africaine :  » L’Homo Sapiens Sapiens est bien originaire d’Afrique, d’où il est parti pour se lancer à la conquête du monde  » ( CF. Atlats génétique du professeur Sforza ).

En fait, compte tenu de l’origine africaine, donc nègre de l’humanité ( loi de Glover ), il convient de noter, comme le suggère le professeur Cheikh Anta Diop que :
 » Si l’on s’en tenait strictement aux données scientifiques et aux faits archéologiques (…) c’est le prototype même de la race blanche qu’on chercherait en vain dans les tous premiers âges de l’humanité actuelle « 
( CF Antériorité des Civilisations nègres – C. A. Diop, éd. Présence africaine, p. 25 ).

( Naissance de l’Humanité en Afrique )

Ceci est un sacré paradoxe pour tous ceux qui affirmaient la supériorité des races nordiques sur les races africaines ( car, selon les données scientifiques de la diversification du phénotype africain ancestral, l’apparition des premiers européens, à savoir l’homme à peau blanche dit leucoderme ( peu pourvu de mélanine ), remonterait vers 20 000 avant J. C.

C’est principalement le climat glacial en Europe qui est le responsable de cette mutation. Les premiers Nègres ( Homo Sapiens Sapiens Africanus ) sont apparus vers 130 000 avant J. C.[page]

Aujourd’hui, certaines estimations scientifiques donnent en moyenne 200 000 avant J.C.

Cependant, le deuxième paradigme occidental, celui de la révolution culturelle européenne avait la vie dure. Ainsi, il y a à peine 1 an, les scientifiques européens soutenaient que l’Homo Sapiens Sapiens n’avait donné la pleine mesure de son intelligence, qu’une fois implanté en Europe, vers 35 000 avant J. C ( grotte de Lascaux, d’Altamira, de Chauvet… ).

Et ce n’est pas le journal Le Monde qui nous démentira. En effet, un article traitant de la découverte de la grotte de Blombos en Afrique du sud daté du 15 janvier 2002 ( vous n’avez pas rêvé, cette date est exacte ), faisait état des certitudes acquises par les Européens vis à vis de l’Afrique en ces termes :

 » L’home moderne, Homo sapiens sapiens, apparu en Afrique il y a 120 000 ans, n’a-t-il pas donné la mesure de son intelligence qu’après être arrivé en Europe via l’Asie, il y a environ 40 000 ans ? « 

Cette thèse était si fortement installée dans les esprits qu’en 2000, deux anthropologues américains, Alison S. Brooks du département d’anthropologie de l’université George-Washington et Sally Mc Brearty, du département d’anthropologie de l’université du Connecticut ont entrepris de découvrir si oui ou non, il existe actuellement sur le continent africain, des preuves formelles d’un  » comportement moderne et intelligent  » avant 40 000 avant J. C. ( c’est à dire qu’il s’agit de savoir, en plein 3ème millénaire, s’il a existé des nègres intelligents en Afrique avant 40 000 avant J. C. ).

Par  » comportement moderne  » on entend une série de critères précis, tels que la diversification des outils, l’apparition d’une industrie sur lames, d’outils en os et en bois, la présence d’ornements de formes artistiques, la preuve d’échanges entre groupes, etc…

Les résultats de leurs travaux ont été publiés dans le  » Journal of Human Evolution « 
( Cf. Journal of Human Evolution – The Revolution that wasn’t a new interpretation of the origin of modern human behavior – n° 39 – 2000 ) en 2000 et dans la revue  » Sciences Humaines « , n°126 – avril 2002.

Voici quelques unes de leurs conclusions :
 » Vers 300 000 ans avant J. C. une révolution technologique s’est produite en Afrique avec l’apparition des lames, des pointes, des meules de pierre et l’usage de colorants. Ainsi, la présence de lames au Kenya est attestée vers 280 000 avant J. C. et sur d’autres sites, l’existence de pointes en silex ou en os remonte à 230 000 avant J.C. « 

Des indices sérieux de révolution culturelle apparaissent vers 100 000 ans avant J. C. avec notamment la grotte de Blombos en Afrique du Sud, soit avec près de 50 000 ans d’avance sur l’Europe.[page]

 » La découverte en Afrique d’outils en os plus anciens ( que ceux trouvé en Europe ) suggère que (…) que l’entrée dans la  » modernité  » du paléolithique, pourrait être apparue bien avant l’arrivée en Europe « 
( Cf. le Monde du 15/01/2002 ).

On observe sur plusieurs sites africains, des matériaux provenant de gisements lointains : 100 km ( site de Gabed – Ethiopie ) et même 190 km ( Pudo Makwar – Kenya ).

En Europe, environ 15 % des sites du paléolithique moyen contiennent des pierres issues de gisements lointains situés entre 80 et 100 km.

Les ornements ( perles, colliers… ) qui sont associés au symbolisme remontent à 130 000 ans avant J. C. en Afrique ( site d’Aterian ) contre 40 000 ans avant J. C. en Europe.

( Site de la grotte de Blombos en Afrique du Sud )

Enfin, les grottes rupestres ne sont pas une exclusivité européenne. Il en existe en Afrique ( au sud de la Namibie par exemple, dans la grotte Apollo 11, le professeur Eric Wendt a découvert en 1969 plusieurs dalles peintes datées de 50 000 à 30 000 ans environ, figurant des animaux ).

Par ailleurs, vers 30 000 ans avant J. C. on trouve des grottes peintes en Australie, en Tanzanie, en Sibérie et en Europe.

Conclusion :

La révolution culturelle ( émergence de l’intelligence humaine ) est indéniablement un fait africain qui a débuté des dizaines de milliers d’années avant l’Europe. L’Europe accuse un retard allant de 50 000 à 200 000 ans sur certaines découvertes africaines.[page]

Toutes les innovations préhistoriques ( avant l’apparition de l’écriture ), sont le fruit du génie africain. Génie dont a bénéficié toute l’humanité, même les imbéciles tels que Hegel, Hume, Cuvier, Montesquieu, Renan, Voltaire, Kant, etc…

Quelques imbéciles choisis au hasard…

( Renan )

( Cuvier )[page]

( suite ) Quelques imbéciles choisis au hasard…

( Hegel )

( Montesquieu )[page]

En ce qui concerne l’essor de la première civilisation humaine le long de la vallée du Nil, à savoir la civilisation Egypto-nubienne ( Kemet ), les efforts intellectuels successifs réalisés par toutes les populations nègres proto-soudanaises dès le Néolithique, à savoir les Anous, ont été décisives pour l’essor de la civilisation humaine
( Cf. Revue scientifique Ankh, n° 8/9 )

Début de l’agriculture en Nubie, vers 10 000 avant J. C.,
Domestication des bovins en Basse-Nubie, vers 10 000 à 9 000 avant J. C.,
Apparition des outils polis en Zambie septentrionale, vers 10 000 avant J. C.,
Apparition d’objets en céramique, vers 9 500 avant J. C. dans le massif de l’Aïre,
Apparition de villes ( région de Nabta, à l’ouest d’Abou Simbel ), vers 9 000 avant J. C.,
Découverte d’un site d’observation astronomique en Nubie datant de 4 800 ans avant J. C.,
Apparition de l’écriture hiéroglyphique vers 3 400 avant J. C.,
Métallurgie du fer de gisement daté de 2 900 avant J. C. pour le Niger Oriental,
Utilisation du calendrier vers 4 236 avant J. C. en Nubie,
Apparition de la royauté vers 3 700 avant J. C. avec la lignée des  » Suivants d’Horus « ,  » Shemsou-Hor « .
Construction des pyramides vers 2 800 avant J. C.

Jean-Philippe Omotunde, Chercheur en Histoire