Afrique, Connais toi, toi même.

 » Tant que nous resterons de simples imitateurs de la culture des autres, nous resterons des suiveurs et non des leaders…. « 

Le professeur Cheikh Anta Diop clamait qu’ :

 » Aussi longtemps que la culture ou les cultures africaines ignoreront l’Egypte, qui est la première manifestation culturelle sur ce continent, il nous sera impossible de bâtir un corps de science humaine. Il ne s’agit pas de s’inventer un passé plus ou moins glorieux comme on le croit souvent. Ceci serait futile et sans intérêt aucun.

Si toute l’Afrique veut entrer de nouveau dans son moi culturel, elle ne pourra pas éviter de renouer avec l’Egypte dans tous les domaines qu’ils s’agissent de la recherche linguistique, de l’histoire des sciences, de la religion, de la recherche architecturale, de la musique, de la danse, de la médecine de tous les domaines de l’activité humaine, les premières réalisations nous renvoient à la vallée du Nil et c’est seulement en renouant avec la culture de cette vallée que nous pourrons bâtir un corps de science humaine.
C’est cela l’enjeu, il faut le comprendre « . [1][page]

Reconstitution de Nefertiti ( par Aliciane ).

Sculpture de nefertiti.[page]

I) – Des noms qui nous sont etranger…

Le nom chez l’Africain, qui a une signification philosophique, religieuse, éducative et historique, n’était jamais choisit au hasard.

Le chercheur Doumbi Fakoly nous dit à juste raison :

« Plus qu’un instrument d’identification le nom est, à la fois, le réceptacle des émotions collectives et le siège de la mémoire populaire. Interprète de toute la gamme des préoccupations auxquelles les peuples ont eu à faire face. »

Nous avons substitué nos noms à des noms étrangers qui sont souvent en rapport avec notre nouvelle appartenance religieuse.

Pourtant une religion qui se veut d’ordre universelle ne devrait imposer à aucun peuple de supplanter ses noms authentiques par des noms étrangers.

Porter un nom étranger à notre peuple nous renvoie automatiquement à l’histoire de ce même peuple.

Barque kamite ( Fitzwilliam Museum, Cambridge, U.K. ).

II) – Les mœurs et coutumes…

Nos mœurs et nos coutumes constituent notre héritage culturel et spirituel voilà pourquoi il faut les préserver ; ils nous enseignent les rapports de l’homme à son semblable et à son environnement.[page]

Voici un exemple tiré de la civilisation seereer qui a totalement gardé ses valeurs traditionnelles [2] Avant de porter un habit neuf le seereer dira la prière suivante :

 » Roog o yaal in Seen, na ata nof Wo ci’axam ndoki ne Ee naayaaxoong ba naayataam… « 
( Ce qui signifie : Dieu, notre Seigneur, C’est par ta puissance, que tu m’as donné cet habit. Toi, l’habit, je t’ai monté et que tu ne me montes jamais )

Cette toute petite prière enseigne à l’enfant dès son plus jeune âge, à ne pas s’attacher au matériel. Car lorsque le matériel prend le dessus sur un être humain, ce dernier hyper sensible aux tentations malsaines, à la corruption et même à la prostitution de son âme.

Un égyptien en prière.

III) – La langue…

La langue n’est pas seulement un moyen d’expression. Elle est aussi la mémoire du passé. Elle contient toutes les réalités vécues par un peuple. Aussi longtemps que nos pays continueront à être gouvernés et administrés dans des langues étrangères, inintelligibles pour la grande majorité africaine, leur développement demeurera impossible.[page]

Le professeur Cheikh Anta Diop avait coutume de dire que « la démocratie, la justice sociale, le socialisme dans une langue étrangère ne sont que des vocables vides de sens, des leurres » [3]

IV) – Les cérémonies commémoratives…

Les cérémonies commémoratives ont pour but de rappeler à la mémoire un événement de grande importance vécu par un peuple. Or la quasi-totalité de celles que nous célébrons nous est étrangère. Pour s’en convaincre, il suffit simplement de regarder le calendrier. Nous y trouvons des fêtes juives, chrétiennes et musulmanes. Pour en citer quelques exemples :

• Pessak ou pâques juive, rappelle la libération des hébreux par Dieu qui aurait détourné de leurs maisons égyptiennes l’ange exterminateur,

• Chavouoth ou pentecôtes juive, jour anniversaire du don de la loi à Moîse,

• Le baptême de jésus chez les chrétiens, rappelle la purification de jésus par Jean le baptiste,

• Octave de noêl, rappelle la circoncision de l’enfant Jésus,

• La fête du sacrifice chez les musulmans, commémore le sacrifice du bélier par Abraham aux lieux et place de son fils Ismaêl,

Cependant, concernant la pessak ou paques juive, il faudrait rappeler que toutes les plaies dont les hébreux auraient été victimes ne sont attestées par aucun document historique et aucune fresque égyptienne ou autre.

En ce qui concerne le don de la loi à Moïse, il est intéressant de noter que le Nouveau Testament, nous dit : « Moîse fut instruit dans toute la sagesse des Egyptiens, et il était puissant en paroles et en
œuvres » ( Actes, VII, 22 ).

Et c’est bien de cette sagesse Egyptienne que Moïse a tiré les principes de la religion hébraïque. Il y conserva les rites des temples égyptiens comme la circoncision, les fumigations, les sacrifices, les libations etc….

En ce qui concerne le baptême, il est courant de noter que dans toutes les religions à mystère, ce genre de rite existe. Ce n’est nullement une invention du christianisme. On pourrait aussi constater que le bain des initiés africains le jour de la sortie de leur initiation évoque le baptême chez les chrétiens.[page]

Chez les musulmans, la substitution du bélier à l’enfant pour contenter l’Eternel est également une influence lointaine de l’Egypte sur le peuple hébreu.

Esclaves noirs capturés par les arabes ( Océan indien ).

V) – La religion…

Nous ne saurions trop insister sur l’importance de la religion que la plupart des gens considère comme quelque chose de personnel.

Chaque Africain devrait faire l’étude comparative des religions d’importation pour bien mesurer l’importance et les conséquences que cela a sur notre peuple.

Car beaucoup trop de contre-vérités sont distillées par les religions étrangères uniquement dans le but d’asseoir leur domination.

Aussi la Bible prétend que la race noire est maudite à travers Cham ou Canaan, son ancêtre putatif. Dieu aurait décidé de hiérarchiser les races en trois modèles raciaux à partir des fils de Noé, à savoir, Sem
( la race sémite ), Japhet ( la race indo-européenne ) et Cham ou Canaan ( la race noire ).[page]

Voilà ce que la Bible nous dit [4] :

« Maudit soit Canaan ! Qu’il soit l’esclave des esclaves de ses frères…, soit béni l’Eternel, Dieu de Sem ; et que Canaan soit leur esclave ! Que Dieu grandisse Japhet ! Qu’il le bénisse dans les tentes de Sem ; et que Canaan soit leur esclave ».

Comme si Dieu qui représente la Justice pouvait tolérer la domination de l’homme par l’homme. Nous pourrions aussi parler de Bilal premier muezzin de l’Islam qui est passé du statut de compagnon du prophète à celui d’esclave.

Voilà pourquoi il est plus que nécessaire pour l’homme noir d’opérer une étude comparative des religions et d’en connaître tous les aspects.

Les 3 religions révélées tiennent leur origine de l’Egypte ancienne puisque le Sépher de Moïses ( livre de la loi qui se compose de la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres Deutéronome ) leur sert de base.

Par ailleurs, Philon, St Clément d’Alexandrie et les actes des apôtres nous disent que Moïses à été instruit dans les sciences égyptiennes.

Jean-François Champollion écrivait :

« La connaissance réelle de l’ancienne Egypte importe également aux études bibliques et la critique sacrée doit en tirer de nombreux éclaircissements. »

Sigmund Freud, hanté et fasciné par Moïse, proposait l’hypothèse suivante à la suite des fouilles effectuées à Tel el-Armana, site actuel de l’ancienne capitale d’Akhenaton :

« Nous aimerions à présent risquer cette conclusion, si Moïse fut un Egyptiens, s’il transmis sa propre religion aux Juifs, ce fut celle d’Akhenaton, la religion d’Aton. »

Et nous savons que non seulement les textes de Salomon empruntent à la Sagesse d’aménemopé, mais également que les similitudes entre le nouveau testament et les textes funéraires Egyptiens sont fréquentes. [5]

Il n’est pas moins instructif de noter la ressemblance frappante entre la naissance virginale de jésus et de Horus plus de 3000 ans plutôt, la résurrection de Jésus et d’Osiris.[page]

Tombe de Rekhmire.

Il faut enfin rappeler qu’à Carthage le christianisme triomphant n’hésita point pour représenter la Vierge, à s’approprier les Statues d’Isis tenant Horus.

Nous allons faire la comparaison entre un texte sacré negro-africain seereer et un extrait du Coran.

Cette prière seereer était prononcé à l’approche de l’hivernage ou en période de sécheresse persistante ( A savoir que les prières de ce type étaient pratiquées bien avant l’avènement de l’islam en Afrique noire ) :

Dieu notre Maître, Dieu le Créateur
C’est Toi qui es Roi des Rois
Tout ce qui est élu, c’est Toi qui l’as élu
Tout ce que chacun possède, c’est Toi qui lui as donné
Tout ce dont nous sommes privés, c’est Toi qui nous en as privé
C’est Toi qui as créé le monde, C’est Toi qui as créé tous les êtres
Mais Toi, personne ne t’a créé
C’est Toi qui as créé l’Univers de haut en bas
C’est Toi qui as créé les nuages porteurs de pluies
Nous Te demandons une averse de paix, qui nous apportera la fertilité[page]

Qui nous donnera beaucoup de mil pour que nous puissions manger en paix
Nous et notre famille !

Maintenant, le texte Coranique verset 26 de la Sourate 4 :

Dis O Dieu notre Maître de la Royauté
Tu donnes la royauté à qui tu veux
Et Tu arraches la royauté de qui Tu veux
Tu honores qui Tu veux et Tu humilies qui Tu veux
Le bien est en Ta main
Oui, Tu es capable de tout

Nous pourrions essayer de démontrer d’avantage l’influence déterminante de l’Egypte sur les autres civilisations, mais le plus important aujourd’hui pour l’homme noir, et ce qu’il ne devrait pas perdre de vue, c’est la conscience de race qui n’est nullement du racisme car c’est cette même conscience de race qui mobilise toutes les autres composantes de l’humanité.

Elle renforce le sentiment d’appartenance à un groupe et donc la solidarité de ce même groupe envers chacun de ses membres.

Nous tenons quand même à rappeler la nature de notre objectif. Nous voulons uniquement contribuer, modestement, à la réconciliation de l’homme noir avec lui-même, pour que le moment venu il puisse faire un choix, le bon choix.

Pour tous ceux qui pourraient trouver ici des propos racistes nous les invitons à revoir l’histoire d’hier et d’aujourd’hui.

Et il n’est pas inintéressant de méditer l’exemple de la Mauritanie ou du Sud du Soudan où perdure encore de l’esclavage envers les noirs.[page]

Esclaves noirs capturés par les arabes ( 1868 ).

Sont aussi un appel à la réflexion, les partis politiques xénophobes qui existent aux Etats-Unis et en Europe.

Le professeur Cheikh Anta Diop disait qu’il n’aimait pas employer la notion de race car l’humanité à une seule origine. Ceci doit nous permettre de nous rapprocher les uns des autres au lieu de nous éloigner et de nous haïr les uns les autres.

Il disait aussi que la nature au passage crée une espèce et puis ensuite cette espèce se différencie, évolue, s’éteint ou se développe se fragmente mais la nature ne revient pas en arrière pour créer 2 fois l’homme ou 3 fois l’homme. Elle crée une fois l’homme en passant et elle l’a fait en Afrique c’est tout .

Nous visons à ménager les esprits ;
de ceux qui pensent que nous ne nous relèverons pas ;
De l’assistance nous n’en demanderont jamais ;
Tout est déjà établi ;
Nous venons juste par la droiture, retrouver notre bien ;
Les heures seront des minutes quand nous compterons les secondes ;
L’éternité ne sera qu’une voie par laquelle ;[page]

nous susciterons l’attente du passé pris ;
Viendront s’associer à nous les tournis qui pèsent depuis le passage de l’étranger ;
Mais nous ferons face.

( Votre serviteur, oh ancêtres limuneux… )

– Bibliographie :

[1] Cheikh Anta Diop – L’importance de l’Egypte dans les civilisations Africaines.
[2] Issa laye tiaw – la civilisation seereer.
[3] Cheikh Anta Diop – Le combat politique de cheikh anta diop du BMS au RND.
[4] Genèse – chapitre 9 versets 20 à 27.
[5] l’évêque, Jean – cahiers de l’évangile n°38 suppl.n°40 suppl.n°46.

Pape Sarr