L’analyse des plus anciens centres du Royaume de l’Égypte Antique ( Kémèt ) montre indiscutablement l’origine nègre de la Civilisation pharaonique… Contrairement aux thèses du début du XXe siècle qui voyaient venir de l’est les impulsions décisives à l’amorce du processus étatique, les moteurs de développement se trouvent bien au cœur de l’Afrique.
L’origine et le cœur des changements technologiques, sociaux, économiques et politiques de la Civilisation de l’Égypte Antique, se situent au sud de la Vallée du Nil. En effet, c’est en Haute-Égypte
( Sud ) que les conditions furent favorables pour l’émergence des premières élites.
L’irrigation de la cuvette pouvait être pratiquée avec peu de difficulté et la terre alluviale fertile produisait, plus qu’il était nécessaire, de la nourriture.
A de nombreux emplacements clés, les vallées sèches ont donné accès aux ressources minérales des déserts de l’ouest et de l’est, fournissant aux communautés les matières de prestige exigées par leurs chefs pour consommation ostentatoire.[page]
Le contrôle des routes commerciales, par voie de terre ou par fleuve, a donné un avantage supplémentaire à certains sites, en permettant aux élites locales de dominer l’échange économique sur une région plus large que leurs arrière-pays immédiats.
L’effet combiné de ces facteurs allait engendrer plusieurs Communautés Prédynastiques florissantes, gouvernées par des élites hautement civilisées qui afficheront plus tard les traits associés à la royauté.
En particulier, quatre sites paraissent avoir joué un rôle majeur dans la concentration du pouvoir politique et économique qui va caractériser la formation de l’État Égyptien ( Kémèt ).
Le site de Nagada a donné, dans son ensemble, son nom à la culture matérielle prédynastique de la Haute-Égypte ( Sud ), et aux divisions chronologiques que les archéologues modernes imposent sur le développement de cette culture.
Sur le bord ouest du Nil, en face de l’entrée du Wadi Hammamat ( une vallée sèche ) qui donne accès aux collines riches en minéraux ( voisines de la Mer Rouge ), une grande colonisation humaine s’est développée au début du Prédynastique, accompagnée de cimetières étendus sur le bord désertique[page]
( Protoroyaume de Haute-Égypte )
Puisque le nom pour Nagada dans les temps historiques était Nubèt ( Ville d’or ), il est possible que, très tôt, la prospérité du site a été fondée sur cette matière précieuse disponible dans de nombreux endroits ; aucun doute sur l’utilisation de l’or au Prédynastique. Il est certain qu’à la période préhistorique Nagada II, la classe dominante locale était devenue riche et des différences de plus en plus importantes s’étaient creusées avec la population générale. Cela est très visible dans le domaine mortuaire ; les enterrements de l’élite sont localisés dans un cimetière séparé ( bien que des enterrements moins riches y sont inclus ).[page]
Nous savons que le Cimetière Ta contenu plusieurs grandes tombes doublées de briques, meublées avec des fosses ( chambres ) de marchandises abondantes dont beaucoup d’objets et matières de prestige. A en juger de la dimension et de la splendeur de leurs enterrements, les souverains du Prédynastique de Nagada ont contrôlé un territoire immense et certainement un royaume. L’importance de Nagada et de la famille régnante, dans le processus de formation de l’État, est mise en valeur par la construction de deux tombes royales au sud de la Nécropole prédynastique au commencement même de la première Dynastie.
L’une d’entre elles a appartenu à la Reine Neith-hotep, probablement la femme de Narmer qui est un descendant direct des souverains « prédynastiques » de Nagada ( En réalité, Narmer n’est pas le premier souverain de Kémèt ). De plus, le Dieu local de Nagada, Seth, a été l’un des dieux associés à la royauté dans les premiers temps dynastiques. Il était une des deux divinités personnifiés dans la personne du Roi.
D’où un titre porté par des Reines de la Première Dynastie qui était « Celle qui voit Horus-et-Seth ». Pendant la seconde dynastie un pharaon ( Il s’agit de Peribsen ) alla jusqu’à abandonner son nom d’Horus pour un des noms de Seth ( Il est le seul pharaon à notre connaissance à l’avoir fait ).
En effet, Nagada a jouer un rôle important dans la consolidation politique de la Haute-Égypte qui a précédé l’Unification du pays entier.
Au Prédynastique, une grande colonisation humaine, d’importants cimetières et une concentration d’enterrements d’une élite dans un cimetière, sont aussi les caractéristiques d’un autre site situé en Haute-Égypte.
Il s’agit de Hierakonpolis ( Cité du Faucon ; aujourd’hui Kom el-Ahmar, ‘ Le mont rouge ’ ).
La région couverte, par la ville prédynastique, dépasse tout autre colonisation humaine contemporaine à Kémèt ; faisant de Hierakonpolis, le Centre dominant au quatrième millénaire avant J.-C. Comme Nagada, Hierakonpolis a bénéficié d’accès aux ressources minérales.
Les nombreux contacts avec la Basse-Nubie ont pu donner aux souverains de Hierakonpolis un certain contrôle, ou au moins un accès aux routes commerciales lucratives qui les reliaient à leurs « frères » situés plus au sud ; pendant qu’une extension générale de terre cultivable fournissait la base nécessaire pour une population croissante.
Dès le début de Nagada I, les membres de l’élite locale ont été enterrés dans un endroit isolé dehors dans le désert, appelé Localité 6. Leurs successeurs de la période de Nagada II ont choisi un cimetière plus proche de la culture, et c’est ici qu’une tombe peinte célèbre a été découverte.[page]
Pendant la dernière phase de la période Prédynastique, Nagada III, l’élite locale a déplacé le lieu d’enterrements en arrière de la Localité 6, en construisant des tombes massives en pierre taillé avec des lieux d’offrandes.
Les tombes ne sont pas le seul signe du rôle important joué par Hierakonpolis dans la période du Prédynastique tardif. Un grand centre de cérémonie a été trouvé. Il remonte au début de la période Nagada II et a été interprété comme un Temple. Il ressemble aux temples représentés sur des impressions de sceaux de la Première Dynastie.
A la fin de Nagada II, le centre principal d’activité religieuse locale a été délocalisé apparemment à la ville murée de Nekhen où un revêtement circulaire de pierre et une région avoisinante pavée représentent le plus ancien Temple sur un monticule de la Ville. C’est ici que des anciens Rois historiques de Kémèt ‘ Scorpion ’ et Narmer ) ont dédié des Palettes votives et des têtes de Massue en l’honneur du Dieu local, Horus de Nekhen.
Bien que Narmer descende probablement des souverains prédynastiques de This ( époque Thinite ), le Roi ‘ Scorpion ’ peut avoir été membre de la famille souveraine de Hierakonpolis. En commun avec Seth de Nagada, la proche identification de Horus de Nekhen avec la parenté divine, accentue le rôle important joué par Hierakonpolis et ses souverains dans le processus de formation de l’État et dans la formulation de l’Idéologie de la Royauté. Ce rôle a déjà été attesté dans le décor de la fameuse tombe peinte. ( Cependant, certains Égyptologue font de ‘ Scorpion ’ le père de Narmer )
Un des premiers exemples classiques d’iconographie de la parenté royale est un brûleur d’encens
( Encensoir ) d’un Cimetière royal de la période de Nagada III, trouvé à Qustul en Basse-Nubie
( Cimetière L de Qustul ).
Sur cet encensoir, de nombreux motifs sont représentés. On y voit :
– un souverain qui porte la Couronne Blanche ( Couronne de Haute-Égypte, c’est à dire du Sud ).
– Le Dieu Horus.
– Une construction en niche semblable aux premiers Serekhs.
( Encensoir de Qustul )[page]
Tout cela met en évidence les origines nubio-soudanaises du Royaume d’Égypte ( Kémèt ).
Le Cimetière L de Qustul fut étudié par B. Williams. Ce chercheur ne manqua pas de préciser que l’iconographie présente sur l’encensoir était incontestablement royale et il soulignait : « avant les premiers rois d’Égypte ». Bien-sûr, l’Idéologie négrophobe s’empressa de dire que la Tombe L 24 ( lieu de la découverte ) « n’a pas pu être correctement datée ».
Les enterrements de bétail du Cimetière royale de Qustul sont aussi attestés dans la Localité 6 à Hierakonpolis.
Il y a eu de toute évidence des échanges culturels considérables entre ces deux royaumes
« prédynastiques ».
La dimension et la richesse des tombes royales de Qustul, font vraisemblablement que leurs propriétaires étaient des Souverains puissants. Ils exerçaient leur pouvoir économique et politique sur presque toute ( sinon toute ) la Basse-Nubie ( entre la ‘première’ et la ‘ deuxième ’ Cataractes ).
La base de leur pouvoir économique et politique semblent avoir été le commerce avec leurs « frères » de Haute-Égypte et du Soudan, dans lequel les souverains de Qustul auraient agi comme intermédiaires. L’accès et le contrôle des routes commerciales étaient des facteurs clés dans le processus de formation de l’État.
La quatrième ancien Centre du Royaume de Kémèt est le site où cette institution est attestée iconographiquement en premier, Abydos. Le Cimetière U, le site d’enterrements de haut statut depuis Nagada I, a continué à être utilisé par les Souverains locaux et leurs associés pendant toute la période Prédynastique, bien que des tombes qui datent de Nagada II soient plutôt rares ; en suggérant que peut-être les tombes de haut statut soient localisées ailleurs pendant cette période.
Dans la dernière phase du Prédynastique, le Cimetière U a subi clairement une transformation sur une terre réservée pour l’enterrement des Souverains de la région Thinite.
Alors qu’à la période Nagada I, les enterrements de l’élite ont été entremêlés avec de simple carrière taillée dans le sable, les tombes de la période de Nagada III sont exclusivement de haut statut. Cette démarcation d’un cimetière séparé d’élite et placé parallèlement aux trois sites, vus plus haut, est une des indications clés de la consolidation politique et de l’émergence de la Royauté.
La démarcation à Abydos, datant de la période de Nagada III, démontre un lien entre la concentration du pouvoir politique et le commencement de l’urbanisme. Si des objets votifs de trois dépôts seront datés au Prédynastique tardif et aux premières périodes dynastiques, comme il paraît plausible, alors Abydos, comme Hierakonpolis, paraît avoir été le site d’un très ancien Temple ( Ce fait est confirmé par les plus anciens textes sacrés de Kémèt ; Textes des Pyramides, form. 532 et form. 610 ).[page]
( Cimetières d’Abydos )[page]
Cependant, contrairement à la situation de Nagada et de Hiérakonpolis, il n’y a aucune évidence à Abydos pour une colonisation humaine considérable au Prédynastique. La Capitale régionale et vraisemblablement la Résidence des Souverains enterrés à Abydos, était This ; un ancien site qui n’a pas été localisé mais qui probablement se trouve sous la ville moderne de Girga.
Comme à Nagada et à Hierakonpolis, nous attendrions aussi évidemment, une construction substantielle au Prédynastique tardif, à This. En l’absence d’une telle évidence ( Impossibilité actuelle de fouiller This ), il est impossible de comparer directement les trois sites de Haute-Égypte ; mais le dossier mortuaire semble monter la primauté du couple This / Abydos vers la fin même de la période Prédynastique.
Les Tombes de Nagada III du Cimetière U sont grandes, doublées d’une structure en briques ; plusieurs d’entre elles ont des chambres multiples. La sépulture la plus prodigieuse, la Tombe U-j, comprend huit chambres, certaines sont liées par de petites fentes qui probablement symbolisent des portes.
La Tombe peut représenter dans son ensemble le Palais royal en microcosme ; dans ce cas, ce serait l’exemple le plus ancien de symbolisme de Palais dans l’Architecture mortuaire aux premières dynasties.
L’apparition d’une « arène » pour le rituel royal, qui a modelé les cours et les bâtiments de la résidence royale, était un composant clé du complexe mortuaire dans les premières dynasties.
La Tombe U-j peut nous permettre de tracer l’historique de cet aspect de l’architecture mortuaire royale et l’Idéologie à la période de Nagada III, accentuant itérativement les origines prédynastiques de la Royauté à Kémèt.
( La Tombe U-j )[page]
( Pharaon Narmer )
Un des objets découverts dans la tombe U-j était un Sceptre « Héqa » en ivoire sous une forme de houlette de berger. Ceci est resté l’un des symboles royaux tout au long de l’Histoire de Kémèt., et sa présence parmi les marchandises importantes de la Tombe U-j, ne laisse aucun doute sur le statut royal de l’occupant.
Cette Tombe est de loin la plus grande en Égypte à son époque, et suggère la forte possibilité que son propriétaire a régné ou au moins avait un pouvoir sur beaucoup de gens, pour ne pas dire sur tous, dans la Vallée du Nil. L’ampleur de son influence est mise en valeur par les autres marchandises de grandes importances que la Tombe U-j a fourni.
Conclusion :
Ce que nous observons…
– Les plus anciens Centres du Royaume de Kémèt se situent au Sud ( Haute-Égypte ).
– Les plus anciennes élites de Kémèt émergent au Sud.
– Les plus anciens souverains de Kémèt sont originaires du Sud.
– Les coutumes qui vont marquer toute l’histoire de Kémèt prennent leurs racines au Sud.
– Les plus anciennes tombes et Nécropoles royales se situent au Sud.
– Les plus anciens dieux, protecteurs des pharaons d’Égypte, sont attestés en premier lieu dans des localités du Sud ( Nekhen, Nagada, etc… )[page]
Par voie de conséquence…
– tous ces faits atomisent les thèses qui voulaient faire croire que la Civilisation égyptienne aurait été le produit de Sémites ou d’indo-européens venus d’Asie ou d’ailleurs.
– tous ces faits sont en accord avec l’émergence des Homo Sapiens Sapiens en Afrique.
– tous ces faits sont en accord avec le fait que l’écriture égyptienne ( Médou Nétcher ) représente la faune et la flore africaine.
– tous ces faits sont en accord avec le fait que les Égyptiens anciens se soient perçu comme des Nègres ( Voir les autres articles du site )
– tous ces faits sont en accord avec le fait que les Éthiopiens anciens ( Soudanais ), les Grecs anciens, les Latins, les Hébreux et les Arabes de l’Antiquité percevaient les Égyptiens anciens comme des Nègres. ( Voir les autres articles du site )
La préséance du Sud sur le Nord est une donnée permanente en Égypte. Les Égyptiens anciens privilégiaient le Sud comme direction cardinale. Le Sud c’était le « To Neter » ( Ta Nétcher ), c’est à dire la Terre du Dieu.
Peut-on appeler une terre stérile et étrangère « Terre du Dieu » ? Cela ne va pas avec la psychologie d’un peuple normal !
Tous ces faits attestent les origines négro-africaines de la Civilisation pharaonique. En fait, rien d’étonnant pour un pays situé en Afrique !