Parce qu’elle nous pose les questions existentielles les plus profondes, l’afrocentricité nous oblige à explorer l’ensemble du patrimoine scientifique, historique, culturel, philosophique et spirituel de nos ancêtres africains avec objectivité et sens critique. Son souhait est de collaborer à la création d’une nouvelle humanité panafricaine, débarrassée des affres de l’idéologie coloniale et prête à prendre véritablement sa place dans le monde, non pas en imitant les autres ( chrétiens ou musulmans ) mais plutôt en ravivant et en modernisant son patrimoine ancestral, dans l’intérêt de l’humanité.
I) – Le sens du » Notre père « .
L’aspect particulier des religions dites monothéistes, est la prière. C’est une activité par laquelle, l’homme croyant prend le temps de se recueillir pour s’adresser à Dieu. Cette prière du » Notre père » pour les uns ( chrétiens ) ou du » Fâtiha » pour les autres ( musulmans ), permet à l’homme d’exprimer son amour pour la divinité suprême.
Dans l’Evangile, cette prière revêt un ordre précis :
1. Louanges adressées à Dieu.
2. Reconnaissance de ses créations ( la terre, le ciel, l’humanité ).
3. Le don de la nourriture.
4. La soumission à sa volonté.
5. Le pardon des fautes commises.
D’où le texte :
‘ Notre père qui est aux cieux Que ton nom soit sanctifié ! Que ton règne vienne Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel Donne-nous notre pain de ce jour, Pardonne-nous nos péchés Comme nous pardonnons aussi… ‘
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II) – Quelques faits dévoilant l’existence très ancienne de la spiritualité africaine.
Cela peut surprendre et pourtant. Si l’on admet le fait que l’écriture Kamit ( égyptienne ) inventée vers 3 400 avant l’ère occidentale, ( fruit de la quête intellectuelle et spirituelle des Ethiopiens anciens ), avait pour véritable nom » Medw Neter » ( Medou Neter ), à savoir la » Parole de Dieu « , on comprend vite que ce besoin de recueillement et de prière fut l’un des points essentiels de la religion africaine de la période pharaonique.
Ainsi, tout comme les croyants parlant le latin ou l’arabe, la langue égyptienne ancienne était pour les Africains de l’antiquité, une langue divine. Cette croyance était si fortement encrée dans les consciences, que jamais on utilisait les caractères sacrés pour mentir, calomnier ou injurier autrui.
Il est donc totalement faux, de penser que l’Afrique n’a pas eu de religion monothéiste ou encore qu’elle n’a jamais rendu gloire à Dieu.
La thèse même de l’évangélisation des Africains à l’époque de la colonisation est une escroquerie historique de taille. Mais vis à vis de l’histoire de l’Afrique, l’occident n’est plus, depuis le colonialisme, à une escroquerie près. En fait depuis l’antiquité, les Grecs avaient déjà statué sur la question. Pour eux, les Ethiopiens furent les premiers croyants de l’histoire de l’humanité et on leur doit, bon nombre de concepts religieux. Et ils n’étaient pas les seuls. Au XIème siècle avant l’ère occidentale, le roi phénicien de la ville de Byblos, Tjekerbaal, avouait à l’égyptien Ounamon que :
» C’est d’Egypte qu’est sortie la sagesse ( divine ) pour atteindre les rives du pays où je vis « .
Enfin, Moïse n’était-il pas un prêtre africain du temple d’Héliopolis, rompu à la sagesse ( divine ) des Kamits ( véritable nom des Egyptiens anciens, à savoir les » Noirs » ) ? Est-il encore utile de rappeler que les Ethiopiens étaient de leur propre aveu, les ancêtres des Egyptiens.
III ) – Les racines Kamitiques du » Notre père » biblique.
Une stèle égyptienne datant de 1 400 avant l’ère occidentale, soit l’époque du pharaon nègre Aménophis III et exposée au musée de Lyon ( stèle 88 – 1176 ), dévoile, en l’analysant de près, l’essence même du
» Notre père » avec une très grande précision. Celle-ci, qui témoigne d’une tradition spirituelle africaine beaucoup plus ancienne, a été érigée plusieurs siècles avant Moïse, Mahomet, Jésus Christ, Abraham et même l’avènement de Yahvé.[page] Que dit-elle ?
» Adressons nos louanges à Osiris Le Dieu bien-aimé ! Comme il est agréable de t’adresser des louanges ! Tu es l’Unique, Tu es l’être qui a existé avant toute autre forme d’existence ; Qui a crée le ciel, Qui a crée la terre, Qui ne cesse de donner le rassasiement à tout un chacun, Car la terre vit de tout ce que tu as crée, Toi qui donne tout ce qui paraît sur la table… « .
A l’époque, Osiris, était considéré comme l’envoyé de Dieu sur terre ( Messie ) pour guider les hommes sur les voies de la sagesse divine. C’est donc lui qui fut le premier inspirateur du » Notre Père » qui rendait hommage à Dieu à travers lui.
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En effet, sur ce fragment de texte on retrouve le classement initial du » Notre père » :
1. Louanges adressées à Dieu.
2. Reconnaissance de ses créations ( la terre, le ciel, l’humanité ).
3. Le don de la nourriture.
4. La soumission à sa volonté…
Un autre texte sacré égyptien dit ceci ( Cf. Les textes des sarcophages, IV, 62 b-j ) :
‘ Je suis l’Eternel, Je suis le soleil qui sort du Noun… Le Noun, ( à savoir les eaux primordiales, contenant toutes les potentialités de l’univers ).
Ainsi, le nom même de » l’Eternel » apparaît pour la première fois en Afrique noire et est noté » noir sur blanc « , dans les textes des sarcophages.
IV) – Analyse brève des textes sacrés des Africains anciens.
Ainsi, l’examen des textes de nos ancêtres Kamits, révèle qu’ils avaient en horreur le désordre, les paroles inutiles, les excès et l’inertie. Il fallait constamment œuvrer pour rétablir Maat ( la vérité/justice ) à la place d’Isefet ( le mensonge/désordre/injustice ) et rétablir l’équilibre cosmique. L’homme n’est donc pas selon eux, une créature animale dont la vocation est d’utiliser sa puissance intellectuelle pour assouvir toutes ses pulsions matérielles ( accumulation de richesses matérielles, convoitise des biens d’autrui ).[page]
Au contraire, l’homme est une parcelle divine crée en tant qu’être » identique à Dieu » ( en ce sens qu’il revêt aussi ses potentialités ) et pas seulement » à l’image de Dieu » ( en ce sens qu’il lui
ressemble ).
L’homme divin a donc pour vocation, par l’usage de sa sagesse et de son cœur » ib » de contrôler ses pulsions matérielles pour concourir au maintient de Maat ( paix/vérité/justice/équité/équilibre ) !
Le mot » prophète » est de même d’essence pharaonique et l’une de ses appellations exactes était
» Kery Sesheta « , soit » Gardien des mystères divins « .
Ainsi, l’examen approfondi des textes sacrés de Kemet ( l’Egypte ancienne ) nous révèle tout naturellement les origines africaines de bon nombre de concepts religieux actuels empruntés par les religions actuelles dites monothéistes. De plus, dans le passé les historiens anciens avaient déjà largement reconnu ce fait historique.