Les traditions culturelles arabes découlent du nomadisme.
Ainsi dans l’antiquité, les sémites sillonnaient inlassablement les terres désertiques et arides de l’Arabie pré-islamique à la recherche d’un point d’eau ou d’un lieu propice à la chasse, nous dit l’historien Mas Udi. Comme le souligne le professeur Sawat Anis el Assiouty, l’esclavage était déjà en place dans cette Arabie préislamique où les captifs de guerre ont représenté les premiers esclaves. Puis vinrent les naissances d’enfants esclaves de mères esclaves. Les enfants suivaient alors leur mère dans sa captivité. A cela, il convient de rajouter la mise en servitude de débiteurs arabes insolvables.
Avec la mise en place des routes commerciales, les captifs étrangers vont progressivement faire leur apparition dans le monde sémitique. Les marchands d’esclaves apparaissent avec surtout un intérêt particulier pour les femmes étrangères à la peau claire qui sont vendus au prix fort aux riches propriétaires de harems. Abdullâh ibn Jud’ân, chef qurayshite fut par exemple l’un d’eux.
Les esclaves hommes sont eux utilisés pour les guerres ou les travaux agricoles. Par exemple, parmi les mercenaires de Quraysh on en recense un certain nombre. Le mode de vie nomade des sémites préislamiques était basé sur l’élevage de cheptels variés, des déplacements fréquents, des guerres ethniques et la convoitise des biens ou des terres d’autrui.
Cette particularité a renforcé le statut familial du père de famille qui agit en maître absolu et a affaiblit le statut des femmes qui doivent se soumettre aux décisions des hommes de la famille.
Durant le Moyen Age, à l’époque carolingienne, des chrétiens européens vont effectuer de multiples razzias auprès des peuples européens de langue slave installés dans la majeure partie de l’Europe centrale et orientale, sur le motif qu’ils sont des Païens.
Les rois saxons Henri l’Oiseleur et Otton Ier vont par exemple dès le Xème siècle participer activement à ces captures.
Les prisonniers Slaves vont alors alimenter massivement un commerce prolifique entre Venise et l’empire arabe au sud de la Méditerranéenne. Les commerçants chrétiens vénitiens vendaient massivement et sans état d’âmes, des esclaves Slaves ( donc blancs ) aux marchands arabes. Le » Quai des esclaves » à Venise, est d’ailleurs l’un des vestiges de cette période. C’est donc à ce moment que le mot latin » Slavus » désignant les Slaves, va être progressivement remplacé par le mot » Sclavus » d’où le mot » Esclave » pour désigner les Européens privés de liberté et considérés comme des » biens meubles » .[page]
Selon l’historien Jacques Heers, les Bulgares même n’échappaient pas non plus aux trafics d’esclaves occidentaux. L’arrivée de Mahomet ne va pas changer le point de vue des chefs Arabes sur l’esclave. Mieux, ils vont par la suite accommoder le texte avec leur vision du monde.
Marché de captifs vers 1271 » Si notre sainte Loi autorise l’esclavage, elle exige que les esclaves soient traités avec un soin paternel ; ceux qui agissent contrairement à la Loi seront condamnés par Dieu « . Cet extrait tiré d’une lettre rédigée le 28 novembre 1849 ( 21 muharrem 1266 ) par le grand vizir Mustafa Rechid Pacah et destinée normalement au gouverneur de Tripoli, confirme bien la présence des modalités esclavagistes consignées dans le Coran.
En fait, Mahomet a constaté l’existence de l’atrocité de l’esclavage dans sa société d’origine et son désir était probablement de le supprimer progressivement. Comme le souligne le professeur Ibrahima Baba Baké, le Coran rappelle qu’émanciper un esclave est pour le croyant, un des actes les plus louables au point d’effacer les péchés.
Pour la Shariya : » Le pire des hommes est celui qui vend les hommes » disait le prophète qui légua le poste de premier Muezzin à un noir libre nommé Bilal.
Cependant, le Coran reste un reflet fidèle, des traditions sémitiques esclavagiste de son époque. Il admet l’inégalité de fait entre maître et esclave ( Cf. XVI, 71 ) et donne des droits au maître sur son esclave ( Cf. XXX, 28 ).[page]
Dans plusieurs » hadith « , Mahomet rappelle l’obligation de traiter les esclaves en respectant leur dignité humaine et va même jusqu’à fustiger ceux qui se montrent cruels avec eux. L’esclave convertit devient certes sur le papier, un membre de la communauté religieuse comme dans les autres religions monothéistes mais reste dans les faits, à l’écart de la société et n’est pas considéré socialement. Il est privé de nombreux droits dans divers domaines ( politiques, fiscal, social… ).
Chose particulière, l’émancipation des esclaves peut être un excellent moyen d’expier ses péchés. Certains vont donc en abuser.
Un rapport de l’ambassadeur de France en Arabie Saoudite datant de 1955, nous apprend que des trafiquants d’esclaves de ce pays envoyaient encore des émissaires en Afrique noire qui se faisaient passer pour des missionnaires Arabes chargés par de riches musulmans désireux d’expier leurs péchés, d’offrir un voyage à la Mecque à des croyants africains peu fortunés. En fait de voyage à la Mecque, il s’agissait d’un traquenard. Une fois arrivé, les pèlerins africains étaient vite capturés et remis aux trafiquants d’esclaves.
Les conquêtes militaires arabes de grandes envergures ont commencé avec la mort du prophète.
Quelques années après la mort de Mahomet en 632, les Arabes conquièrent la Palestine en 634, la Syrie en 636 puis l’Egypte. Alexandrie dans le delta du Nil devient leur possession en 642 après 2 ans de résistance assidue. Conquérants alors de l’Egypte, ils décident d’attaquer la Nubie, le pays de l’or. Là, ils se retrouvent confrontés à une résistance imprévue de l’armée Nubienne. Ils vont donc ruser et dévoiler leur penchant pour les razzias et le trafic esclavagiste.
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Captif Nubien jouant d’un instrument Al Maqrizi ( 803-871 ), un traditionaliste arabe, nous a légué des informations importantes sur cette fameuse ruse qui prend la forme d’un traité nommé » Baqt « , passé avec le roi des Nubiens. C’est donc l’émir Abd Allah ben Sa’d qui se charge des négociations avec le roi nubien alors régnant sur un état chrétien indépendant.
Ci-joint un extrait :
– Article 1 :
Traité accordé par l’émir Abd Allah ben Sa’d, au roi de Nubie et à tous ses sujets auxquels tous les Nubiens (…) depuis les frontières de Alwa, sont tenus de se conformer.
– Article 2 :
Abd Allah ben Sa’d leur accorde un acte de garantie et une Armistice qui les rend alliés de tous les musulmans, tant de ceux du Sa’id que des autres contrées et des peuples tributaires. Oh ! Peuple de Nubie, vous serez en sûreté sous la protection de Dieu et de son envoyé Muhammad. Nous nous engageons à ne point vous attaquer, à ne susciter contre vous aucune guerre et à ne point faire de razzias dans votre pays, tant que vous serez fidèles à observer les conditions stipulées entre vous et nous et dont voici le détail. L’émir qui cherche manifestement à ramener la situation à son avantage, avoue par écrit que les siens effectuent déjà des razzias d’esclaves.
Le texte poursuit…
– Article 3 :
(…) Si des esclaves appartenant à des musulmans se réfugient auprès de vous, vous ne les retiendrez point, mais vous les ferez conduire en territoire musulman. Ici, les choses se précisent.
– Article 5 :
Vous livrerez chaque année 360 esclaves des deux sexes qui seront choisis parmi les meilleurs de votre pays et envoyés à l’Imam des musulmans. Tous seront exempts de défauts. On ne présentera ni vieillard décrépis, ni vieilles femmes, ni enfants au-dessous de l’âge de la puberté. Vous les remettrez au gouverneur d’Assouan. (…) Ecrit par Umar Ibn Sharahl, Ramadhan 31/642.[page]
Horreurs de la traite orientale La pratique consistant à réclamer par écrit des esclaves ne fut pas employée que pour les Nubiens. On sait par exemple que les chefs de la région orientale de l’Iran, en se rendant aux Arabes en 652, furent contraint d’accepter la livraison annuelle aux chefs arabes de plus d’un millier de jeunes filles, portant chacune une coupe d’or.
De même, les hommes appartenant aux tribus berbères d’Afrique du nord, se virent ordonner par Amr Ibn al-As la chose suivante :
» Vous vendrez vos femmes et vos enfants pour payer la capitation pour vous-mêmes «
( Cf. Baladhuri, Futuh ).
Dès lors, l’Afrique noire va en découdre avec les Chefs Arabes qui convoiteront les terres, la population africaine pour la mettre en captivité et l’or. Comme nous le redit l’historien Ibrahima Baba Kaké :
» L’Afrique noire, pour le Maghreb, était un Eldorado, le pays de l’or. C’est du moins ainsi que les premiers auteurs maghrébins ou arabes présentaient le Bilad-es-Sudan à leurs coreligionnaires du nord. Aussi très tôt les souverains maghrébins s’intéressaient-ils à la possession de cet or.
La diffusion de l’islam n’était qu’un prétexte, le but essentiel de l’expansion musulmane en Afrique était la recherche de l’or.
Voilà pourquoi les premiers ‘ missionnaires ‘ de l’islam qui se présentèrent aux portes du monde noir furent des missionnaires armés « .[page]
Les Arabes comptaient dans leurs rangs des bataillons armés ( ex. les Almoravides ) qui n’avaient que faire des discussions pacifiques. Une lettre adressée au sultan d’Egypte en 794 après l’hégire ( soit vers 1391-1392 ) par le roi africain de Bornou ( nord du Nigéria ), illustre pour nous ce rapport de force mis en place par les Arabes. En dépit du fait que son royaume s’était converti à l’islam et que lui-même avait carrément fait remonter, par une pirouette généalogique, la fondation de son royaume à un membre de la tribu de Quraych qui était celle de Mahomet, ses sujets avaient été quand même attaqués, capturés et emmenés de force en captivité.
Le roi de cette région du Nigéria demanda alors au sultan de faire en sorte que ses sujets, tous musulmans, soient libérés sur le champ et reconduits chez eux.
Ci-joint un extrait de ce courrier : » Les tributs arabes ont dévasté tout notre pays, tout le pays Bornou (…) Ils ont fait prisonniers des gens libres parmi les nôtres, ceux de notre souche parmi les musulmans (…) Ils ont pris nos gens comme une marchandise « .
( Cf. Al Qalqashandi, Subh al’A’sha, volume 8, le Caire )
Naturellement, le sultan ni contraint et forcé par une quelconque armée africaine, fit naturellement la sourde oreille. Le royaume de Songhaï fut détruit en 1593 par les Marocains. Une grande partie de l’intelligentsia noire siégeant à Gao, capitale de l’empire, fut déportée à Marrakech ou enterrée dans une fosse commune.
On vit donc germer dans l’empire musulman, des équivalents du » Code Noir » de Colbert, qui s’adressait à tous les types d’esclaves ( noirs, blancs, indiens, etc… ).
Les lettres de Bengahzi concernant le trafic d’esclaves rédigées en 1875 et les » Instructions concernant le trafic d’esclaves » sont des exemples parmi d’autres. La traite négrière arabe, il faut l’avouer, porta un sérieux préjudice au continent. On estime à 7 millions, le nombre de personnes victimes de ce trafic entre 650 et 1920.
Reste enfin à se demander comment peut-on avec un certain sérieux et un honnête respect pour Dieu, préparer la venue de son royaume, où la pratique de l’esclavage n’existe pas, à partir d’écrits soit-disant émanant de lui, qui défendent le système esclavagiste sur terre ?